24 juillet 2012

Le Cri

  Youpi me revoilou!!
Il n'y a pas si longtemps, je vous avais parlé de Daïtro, groupe emblématique du Screamo à la française. En me replongeant dans d'autres disques proches de ce style, je me suis dit que ça pourrait être bien de faire une sorte de panorama de cette scène, sans être exhaustif (par obligation) ou objectif (par mauvaise fois). Il y a donc des groupes emblématiques dont je ne parlerai pas et d'autres bien moins connus mais dont je vous dirai qu'ils ont sauvé le monde. Oui, oui, et je pèse mes mots.

Déjà, rassurez-vous je ne parle pas ici de musique à mèche pour ados attardés qui s'éclairent à la bougie mais bien d'une musique découlant du HardCore et véhiculant ses idéaux et ses valeurs. Lesquels sont bien éloignés de l'auto-apitoiement  pleurnichard et de la prostitution de masse auprès des grosses maisons de disques.

Commençons d'ailleurs par Orchid, ce groupe du Massachusetts sans concession n'a pas plus à voir des mécheux qu'avec Dick Rivers. Leur discours et leur musique sont un affront, un cri de résistance. Ils n'ont sorti que trois albums mais ils sont tous devenus des références, tous publiés par l'excellent Ebullition records. Leur guitariste a par la suite rejoint Ampere, groupe toujours en activité et dont la grosse discographie comporte, outre un seul LP, une quantité de splits avec la fine fleur mondiale de la scène Emo/Screamo (on y retrouve Daïtro). Cela va en énerver certains, mais ce sera tout pour les USA même si j'aimerai dire tout le bien que je pense de Jerome's Dream dont on n'entend jamais parlé et qui pourtant est une comète (1997-2001) dont le passage aura laissé beaucoup de traces. Il existe une disco complète sur deux CD vendue pour rien chez le très bon MusicFearSatan.

Partons maintenant pour l'Europe et plus précisément l'Italie pour parler du grand Raein. Il faut, quand on s'intéresse de près ou de loin à cette scène, écouter avec attention leur excellentissimo Il n'y a pas d'orchestre. Je le dis souvent dans ces pages mais il n'y a pas de mot pour décrire la large palette d'émotions abordées dans ce disque. Il est arrivé à surprendre en étant super bien construit et riche et, dans le même temps, il est empli d'une énergie juvénile simple et direct. Un classique! Un mot rapide sur La Quiete que j’apprécie un peu moins mais qui est un des principaux groupes italiens. On fini avec The Death of Anna Karina, dont la particularité est d'intégrer des sons de claviers et de synthés. Je vous recommande leur premier LP éponyme.

Transition toute trouvée vers la France et The Flying Worker puisqu'ils ont partagé un split 7'' avec The Death of Anna Karina. Le témoignage du groupe rennais est bref, 10 titres en tout, mais au combien intense. Je suis de parti pris mais il me semble bien que c'est un des groupes les plus originaux, avec un son bien à eux et beaucoup de travail sur les ambiances. On ne peut pas omettre de parler d'Amanda Woodward, avec là aussi une originalité dans les sons développés, emprunts de dub et de post-rock. Les textes du groupe de Caen sont aussi très très bien foutus, réfléchis et facilement reconnaissables. Un groupe pas super connu, qui n'a sorti qu'une démo et un 9'', Kiss the Bottle. Il est d'ailleurs, entre autre, constitué d'anciens Flying Worker et Amanda Woodward. C'est un de mes préférés avec des sons bruts de décoffrage et des plans super bien foutus à la batterie.

On part vers le Japon et là ceux qui connaissent au moins un groupe de Screamo connaissent forcément... Envy! Même si depuis quelques années leur son se diversifie vers quelque chose de beaucoup plus post-rock, le chant hurlé est toujours là et toujours aussi reconnaissable. Le groupe est réputé pour ses magnifiques ambiances, pour les cassures superbement amenées entre passages violents et accalmies et les passages de spoken word en japonais. Un groupe qu'il faut voir sur scène, tant ceci est une véritable expérience introspective, quelque chose qui transcende et ce malgré la barrière de la langue. Le groupe existe depuis vingt ans et a déjà sorti cinq LP et une dizaine d'EP et de split, dont un avec les franco-suisses d'Iscariote.

C'est fini pour aujourd'hui. N'hésitez pas à venir m'engueuler en commentaire si votre groupe fétiche manque à l'appel! Stay cannibal and positive...

10 juillet 2012

Les 120 journées de Sodom part 1

 Aujourd'hui, je m'attaque à un résumé, forcément incomplet, de la discographie de Mike Patton. "Mais pourquoi une référence à Sade?" me direz vous, et bien cela me semble assez expressif quand on parle de l'homme qui enfanta un nombre incalculable de groupes, de projets et de collaborations. En résumé, Mike Patton est un libertin artistique, un touche à tout. Il est partout, parfois là où on ne l'attend pas et souvent pour le meilleur. La liste des gens avec qui il a collaboré depuis 20 ou 30 ans donne le vertige, quelques noms : John Zorn, Merzbow, Dub Trio, Sepultura, The Melvins, Dan the automator, Amon Tobin, Norah Jones, Kid Koala, The Young gods, The X-Ecutioners, Trevor Dunn, Trey Spruance, Dave Lombardo, John Stanier, Dillinger Escape plan, Kaada, etc. N'en jetez plus!

Il fait ou a fait parti de : Mr. Bungle, Faith No More, Fantomas, Peeping Tom, Tomahawk. Il a participé à une vingtaine de disques avec John Zorn ( à différents niveaux, de la simple apparition vocale au réel projet de groupe). Il a également sorti trois albums solo et composé quatre B.O.F.

Dans cette première partie, je ne parlerai que de ses principaux groupes, en faisant l'impasse sur Tomahawk que je n'ai pas eu le temps d'assez écouter et sur Faith No More que je n'aime pas trop.
Nous commencerons donc par Mr. Bungle dont je ne possède que l’éponyme et California, mais je pressens que, dès que j'aurai mis la main sur Disco Volante, il faudra que je vous en parle. Entre le premier et California mon cœur balance, ces deux albums sont vraiment différents l'un de l'autre tant sur le plan des ambiances que du contenu musical. Qui est ? Un mélange détonnant de ska, de metal, de funk, de disco, de surf music et de Klezmer sur l'éponyme, mais tout ça un peu façon copier-coller. Sur California, le mélange est arrivé à maturation, tous ces genres sont noyés pour ne former qu'une musique, celle de Mr. Bungle. Cela peut être difficile de mettre des étiquettes, tant sur cet album la musique ne ressemble qu'à du Mr. Bungle. Et c'est jouissif ! Il se dégage de ce disque une ambiance de FreakShow mélancolique par un soir de pleine lune (si si). A écouter avec curiosité.

Et maintenant Fantomas!!!! Je ne possède que The Director's Cut et Suspended Animation mais j'ai jeté une oreille attentive aux deux autres albums que je n'apprécie pas plus que ça.
The Director's Cut est un ensemble de réinterprétations de B.O cultes (Le Parrain, Rosemary's Baby, etc) à la sauce Fantomas. C'est barré, complexe mais toujours très inspiré et bien foutu. Il y a quelques passages magnifiques comme sur le thème du Parrain et de Rosemary's baby. C'est l'album le plus accessible du groupe, tout simplement parce qu'on connait déjà la plupart des B.O qui servent de bases à la musique. Alors que sur les autres albums, on n'a aucun repère. Comme sur Suspended animation dont les titres sont vraiment très très complexes et touffus bien que ne dépassants que rarement les 1 minutes 30. Il faut apprécier les cassures rythmiques, les changements brusques d'ambiances et le côté bruitiste qui se dégage de la musique, mais pour ceux qui apprécient tout cela ce groupe est une véritable référence. Pour les autres, il y a le côté bourrin et métallique de la musique et, bien sûr et principalement, le fun et la drôlerie du côté cartoon de tout ça. A tout cela, il faut ajouter la performance vocale de Mike Patton. Je n'en ai pas parlé depuis le début de cet article mais c'est un chanteur hors pair, dans quelque registre où il décide de se lancer, comme ici où il utilise sa voix comme un instrument à part entière.

De l'organe du gominé Patton nous aurons grandement l'occasion de reparler dans le chapitre 2 de cet article consacré à ces différentes collaborations. D'ici là, devenez ou restez cannibales!