28 septembre 2012

The Faculty

C'est la rentrée et vous êtes sûr que la plupart de vos profs sont des extraterrestres assoiffés de sang. Ne vous inquiétez pas, il suffit d'avoir un bon accompagnement musicale pour vous donner du courage et réussir à les exterminer. Qu'est-ce que nous apporte la prof principale pour cette rentrée ?

Tout d'abord le nouveau Dinosaur jr, I bet on sky est une petite perle qu'on aime enfiler inlassablement autour de ses oreilles (?). Comme les deux précédents albums post-reformation, on a affaire ici à du grand Dino. C'est mélodique, la guitare de J est toujours aussi volubile même si il y a moins de solos qu'à l’accoutumé. Le plaisir est toujours là et il est plus immédiat que jamais!


Qu'est-ce qu'il y a d'autre au rayon nouveautés ? Ah, le nouveau Bob Mould, Silver age, coupé sur mesure, direct et frontal. Ça faisait longtemps, depuis Sugar en fait, que le monsieur n'avais pas été simplement à l'essentiel, c'est-à-dire des chansons power pop simples et efficaces. Il nous balance tout ça de façon décontracte et on en redemande!

La rentrée nous apporte aussi une nouvelle fournée de NOFX, Self-entitled,pas grand-chose à en dire, la bande de Fat Mike fait ce qu'elle a toujours fait et le fait bien. On aimerai peut-être qu'ils sortent un peu des clous de leur Hardcore mélo super routinier ou qu'ils nous pondent à nouveau des tubes comme "Linoleum" ou plus récemment "Seeing double at the triple rock".

Il y a d'autres choses que je n'ai pas encore pu écouter mais qui s'annoncent très prometteuses. Comme le dernier volet de la trilogie 777 de Blut Aus Nord, Cosmosophy, par exemple. Dernier chapitre d'une œuvre colossale entamée il y a un peu plus d'un an, Blut Aus nord continue de transcender le black metal pour en faire un monstre polycéphales des plus passionnants.

Soyez curieux!!!

26 septembre 2012

Un Roi sans divertissement

Cet article s'est un peu fait attendre mais j'ai, pour une fois, une excellente excuse. L'album dont je voulais parler est un de mes préférés, je l'écoute régulièrement depuis des années, c'est une référence absolue pour moi. Il s'agit de Pornography des Cure. Il sont peu nombreux les disques à pouvoir s'inviter aussi souvent sur ma platine, à revêtir tant de significations et à exercer un tel magnétisme sur leurs auditeurs. Car je ne suis pas le seul à porter aux nues ce LP. Loin de là.

Quand on connait les deux albums précédents, Seventeen seconds et Faith, il est étonnant d'observer l'énorme bon en avant accompli par le groupe. Tout est ici extrême, la noirceur des morceaux, le côté martial des rythmes de batteries, la complexité, le désespoir. Certains ont mis ça sur le dos de la drogue, il est vrai qu'à l'époque le groupe se défonçait comme jamais auparavant et s'il est vrai que la surconsommation de produits peut rendre profondément dépressif, ne faut-il pas l'être déjà pour se détruire comme le faisait Robert Smith et les siens en cette sombre année 1982 estampillée Tchatcher et guerre ? Suffit-il surtout d'être défoncé pour accoucher d'une musique si complète, si évocatrice ? Je ne pense pas.

D'après la légende, Smith dormait sous un bureau dans le studio d'enregistrement pendant toute la durée de la production de ce disque. L'immersion totale est déjà une meilleure explication. Rien n'est faux sur ce disque, ce n'est pas du rock dans le sens de divertissement. Rien n'est factice, chaque riff suinte la tristesse, le dégoût, mais les chansons sont belles. Elles portent un espoir lointain, il y a toujours une issue et Smith clame "I need a cure". Expiation, catharsis.

Ce disque n'est, malgré tout cela, pas difficile d'accès, dès la première écoute "Siamese twins" s'impose par sa rythmique mécanique, redondante et par sa mélodie cristalline. On peut aimer ce disque tout de suite après une simple écoute. Mais après, si l'on est sensible à cette musique, c'est un voyage au fond de nous-même chaque fois recommencé, chaque fois nouveau. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais, chaque fois que j'écoute l'album en entier, je le découvre, il me parle chaque fois avec une voix différente et ce que j'en retiens dépend de mon humeur, de mon état d'esprit. C'est un miroir qui montre à quel point beaucoup de choses n'ont pas de sens, sont cruelles, c'est aussi une fenêtre ouverte qui indique qu'il est toujours possible de sublimer le mal-être. D'en faire un des disques les plus importants de ces 30 dernières années, par exemple.

30 ans. Rien n'est daté dans cette musique, dans son message, son intemporalité et l'universalité de son inspiration la rendent immortelle. Je l'écoutais à 20 ans pour certaines raisons, aujourd'hui pour d'autres, j'ai des amis de 50 ans qui l'écoutent toujours avec la même curiosité qu'à sa sortie. Il n'est pas question de nostalgie ici, on ne cherche pas l'ado que l'on a été en posant le diamant sur le vinyle, c'est d'aujourd'hui qu'il s'agit. La musique agit encore, elle nous parlait avant, elle nous parle toujours et jamais The Cure n'aura réussi à renouveler l'exploit par la suite même si Disintegration est un grand disque. Robert Smith est ici un chaman, c'est à notre âme qu'il s'adresse, il dit le froid et la grisaille de la ville, il dit l'échec et la folie. Il dit l'ennui de ne pas pouvoir être autre et les mélodies de guitares si vivantes de "strange day" répondent à la répètitivité maladive de ses parties de batteries.

Dans Un Roi sans divertissement, le terrible livre de Jean Giono, on tue pour chasser l'ennui, pour ressentir enfin quelque chose. Ici, il suffit de monter le son, de s'immerger et les images défilent, chaque fois plus nombreuses et chaque fois plus riches. Et plus le temps passe, plus on aime ce disque comme une drogue dont les effets seraient chaque fois plus intenses.

Il ne faut pas écouter ce disque seulement par curiosité, il faut en avoir besoin. Et vous serez satisfaits. Restez cannibales.

11 septembre 2012

Funny Games

Quoi de mieux que ce film de Michael Haneke pour illustrer la violence de Naked City, dont la musique a d'ailleurs servi de toile de fond à plusieurs scènes ? Oui aujourd'hui on parle torture et rites sadomaso avec les maitres du Jazz extrême. Naked City est un groupe d'improvisation constitué de cinq membres (avec régulièrement un chanteur en plus) emmenés par le génialement dérangé John Zorn dont nous avons déjà parlé ici.

Je ne parlerai dans ce post que de la réédition du génial Torture Garden, qui à l'occasion de ses vingt bougies a été couplé avec le glauquissime Leng Tch'e. Le premier album est un enchainement de 42 morceaux courts, entre dix secondes et une minute. Des morceaux qui soignent les cervicales en vous enfonçant des bris de verres partout sur le corps. Car oui, Torture Garden est une thérapie, une sorte d'exutoire pour vomir les maux de notre monde et les mélanger dans un grand mixeur pour en faire de petits Haïkus sonores, malsains, drôles et fous. Le groupe superpose les genres : Surf, metal extrême, free jazz, mais ceci à l'intérieur de chaque morceau, à l'aide de cassures rythmiques et de changements de caps aléatoires et brutaux.

On revient difficilement indemne de l'écoute de ces morceaux, cela même lorsqu'on est habitué à écouter de la musique violente. Ici, Naked City vous plaque au sol pour vous chatouiller avec entrain; là, il vous attache pour vous vider des seaux de matières visqueuses et odorantes sur la tête. Mais tout ça se fait dans la bonne humeur, car Naked City c'est quand même un peu pour de rire les amis. Mais nous n'avons pas tous le même sens de l'humour, alors prenez garde car leurs limites ne sont pas forcément celles des autres.

 Leng Tch'e est composé d'un seul et même morceau affichant 31 minutes au compteur, pour un résultat diamétralement opposé. Le rythme se ralentit à l'extrême, l'ambiance devient malsaine et le bruit remplace les notes. On étouffe comme sur Torture Garden, mais cette fois ce ne sont plus des blasts qui nous collent aux murs, c'est une ambiance, ça se passe alors dans la tête.

Vous l'aurez compris, ici, on n'est pas là pour se faire peur dans des minis montagnes russes sonores en se jetant des cacahuètes et en poussant des cris de bêtes. Ce n'est plus pour s'amuser, c'est l'autre versant de la torture, la sale, celle qui fait vraiment mal, qui fait peur, qui glace le sang. Celle qui ne fait pas rire mais qui peut vouloir faire mourir. Mais le Leng Tch'e, cette méthode de torture traditionnelle chinoise, se distingue par le fait que, avant de le faire mourir, on donne de l'opium à la victime, d'où le sourire de l'homme sur la magnifique pochette de l'album. Selon les différentes interprétations que l'on trouve sur le Web, on parle d'une sorte d'extase qui serait atteinte par la victime au moment de mourir.

C'est bien cela que voulait atteindre Naked City, devenir, non seulement une B.O d'un film de torture sadomaso, mais être plus que ça, devenir le rite lui-même, que sa musique en soit l'outil. C'est réussi, si on considère que ces deux albums dérangent autant qu'ils fascinent, amusent et font peur.

La curiosité peut devenir un vilain défaut... Alors restez cannibales!

6 septembre 2012

La Dame de fer


Si nous parlions un peu de Punk-rock, des années Thatcher et de UK Subs, un des meilleurs groupes de l'époque? Je me demande ce que serait mon affection pour le Punk anglais si je n'avais pas découvert ce groupe, ses morceaux addictifs et crus. Écoutant une compile (blasphème!!) du groupe pendant que j'écris ce post, je ne peux m'empêcher de penser aux scènes d'émeutes du film avec Meryl Streep, leur côté cliché. La façon qu'a l'industrie du cinéma de faire de simples images d'une époque dure et stérile, marquée par la guerre et les conflits sociaux, essayant d'en faire quelque chose de glamour, d'hollywoodien. Mais, de la même façon que je pense à La Dame de fer en écoutant les UK Subs, quand je regarde le film je pense à leur musique et à celle d'autres groupes : G.B.H, The Exploited, Crass. Cela m'aide inconsciemment à savoir où se situe la réalité historique.

Mais parlons de musique. UK Subs est un groupe direct, tapageur dans le bon sens du terme, sa musique donne envie de tout casser mais les mélodies la traversant procurent l'envie de s'assoir en haut d'une colline pour mieux contempler l'émeute, en sachant bien que rien ne changera. Ils sont loin d'être le groupe le plus extrême de l'époque, ils passaient même à Top of the pops, mais ils sont typiques de l'ambivalence de ce temps où la musique punk et son message avaient le droit de citer à la télé anglaise. Pour le meilleur et pour le pire.

Je ne sais pas si il reste à Londres d'autre chose que des Hipsters en manque de révolte sucrée, je ne pense pas que la jeunesse anglaise garde le souvenir de la guerre des malouines ou qu'elle porte le poids des fermetures de mines. Il reste malgré tout ce témoignage à vif, cette musique porteuse du chant d'une jeunesse qui, si elle n'a pas changé le cour des choses, a au moins montré son désaccord de la plus belle des façons : en hurlant dans un micro entourée de quelques potes martyrisant des guitares. C'est déjà beaucoup.

Ecoutez les groupes de cette époque, quand le punk avait un sens et une justification, mais savoir si il les a perdu serait un autre débat. Soyez toujours curieux et le cannibalisme sauvera peut-être le monde. Ou pas.