13 mai 2014

Une Journée en enfer

En février dernier, encore (oui, il s'en est passé de jolies choses par chez nous) sortait le 4e album de Mondkopf, Hadès. Trois années se sont écoulées depuis le riche Rising Doom et il nous fallait au moins ça pour faire le tour du monstre. Et devinez quoi ? La créature a terriblement grandi, elle bout telle la lave en fusion. Chaudes impressions.

Le disque démarre très fort, avec "Hadès I" : du bruit, des larsens et des trompettes. Il n'est certainement pas question ici de danser, le ton est donné, ce disque sera placé sous le signe de l'expérimentation. Ce titre d'introduction est parfait puisqu'il captive tout de suite nos oreilles pour nous donner envie de nous plonger dans la suite. "Eternal Dust" et sa rythmique écrasante, jubilatoire, enfonce si besoin était le clou, on n'est pas là pour se déhancher. La lenteur du tempo et la multitude de couches de sons font plus penser à Sunn o))), au meilleur du Doom et du Drone qu'à la moiteur du dancefloor et ce n'est pas ici qu'on s'en plaindra.

Quand débute "Cause & Cure", on ne peut plus être autre-chose que conquis, asservis même tant la bête est en forme. Déluge rythmique, ce morceau est comme un énorme rubik's cube de lave en fusion qui vous tomberait sur la tête, comme ça sans prévenir. Et le pire c'est qu'on adore ça, viles créatures que nous sommes. Les nappes synthétiques de la fin du titre finissent de nous avaler pour nous convaincre. Encore ? "Immolate" reprend la même idée mais en allant plus loin, se développant en serpentant dans nos tympans. La rythmique est métallique voire Indus, à la première écoute on est simplement heureux d'entendre pareil morceau. Les suivantes le rendront chacune plus addictif, bienvenue en enfer, fais comme chez toi.

 "Here Come The Whispers" te laisse un peu respirer, sa longue introduction te faisant glisser toujours plus en profondeur, avant l'apparition de notes cristallines qui t'entourent d'un chaud manteau aussi confortable qu'inquiétant. Vient alors "Hadès II" et ses trompettes à te glacer sur place, entrecoupées de cassures Noise et de saturations malsaines. Le voyage continue avec "Absences", le titre le plus long de l'album et sans conteste le plus bruitiste et expé. Mondkopf réussit ici l'exploit de captiver simplement par la grâce des ambiances et la richesse sonore, continuant de distiller une narration par le seul son.

"The Stars Are Falling" déploie une rythmique martiale, lente et cathartique sur des couches de sons qui se font plus distordues à mesure que le morceau avance. Le diable commence à avancer doucement vers toi, est-ce lui qui te susurre à l'oreille sur le glacial "We Watched The End", longue plage tour à tour noire et lumineuse ? Ce morceau finit par des notes de piano sur des chœurs presque lyriques, avant l'apothéose d'"Hadès III" qui clôt l'album comme il avait commencé, dans la fureur des trompettes.

Le bon créatif que représente ce LP, le tour de force qu'il exécute en faisant le pari de l'extrême et du concept total, et l'immense richesse musicale qui le constitue en font une réussite complète. Si je notais la musique, comme d'autres notent les banques, je lui mettrais un bon 666/10. On en attendait pas moins de Mondkopf. La suite, vite !

"Je me crois en enfer, donc j'y suis." Rimbaud.

Brûle ou sois cannibale !