15 mars 2017

Near Death Experience

Il était une fois un type que je pensais être un musicien parmi d'autres, pas forcément sans talent mais noyé dans la masse et puis un jour j'ai écouté sa musique (on est con des fois...). Ce type c'est Emil Amos et aujourd'hui je gratte sur Holy Sons, son bébé solo. 

Si vous avez déjà eu l'impression, en écoutant un disque seul le soir, que quelqu'un s'adressait à ce que vous avez de plus intime en vous, l'enveloppait de sons pour le protéger et le tenir bien au chaud, vous avez de la chance. Quand j'ai écouté un disque de Holy Sons pour la première fois, je me suis tout de suite senti non pas chez moi, mais en moi-même, jusqu'à parfois sentir cette musique, cette voix, atteindre des régions insoupçonnées de mon espace mental, allant chatouiller mes synapses et les réveiller en leur chuchotant des choses qui font du bien. Je n'arrête pas de le dire ici mais c'est un des miracles de la musique que cette capacité, sans cesse renouvelée, à nous émouvoir. Et l'oeuvre de Holy Sons est assez vaste et possède assez de recoins pour nous tenir par la main pendant de longs mois.

Jetez-vous sur I Want To Live A Peaceful Life, la porte d'entrée idéale vers ce folk un peu Lo-Fi (Emil Amos y joue la totalité des instruments), un peu psyché mais jamais trop. Il y déroule des mélodies qui font fondre notre environnement direct pour nous faire entrer dans une musique qui paraît toujours simple mais est touchée par une grâce venue de derrière les choses. C'est la grande qualité des compositions du sieur Amos, ce côté psychédélique un peu lointain, toujours au service d'une narration folk parfois très sombre mais toujours habitée. Ecoutez "Family Man", prenez le temps de vous y arrêter et vous verrez qu'on touche ici à un pouvoir rare, à une dimension spirituelle de la musique telle qu'on la trouve dans le meilleur du grand (du très grand) Neil Young. 

Il me faut aussi parler de Decline Of The West, le disque suivant, fait de morceaux sonnants peut-être un peu moins folk du fait d'une boite à rythmes omniprésente, mais certainement pas moins habités. Les mélodies de chant se font ici plus travaillées, l'orchestration plus pop et le disque dans son ensemble est plus varié. Avec ces deux disques, on possède déjà le Graal mais on ne doit pas pour autant se priver de Survivalist Tales, The Fact Facer ou du dernier né In The Garden. Ils ont tous quelques petites choses précieuses à offrir. Amen.

"Sur le plan spirituel, toute douleur est une chance; sur le plan spirituel seulement." Emil Michel Cioran

Y a-t-il autre chose à faire qu'être cannibale