Fin 2013, Celeste sort Animale(s), son 4e LP. Les lyonnais font alors les choses en grand avec un double album, long, éprouvant et presque sans respiration. Une catharsis totale. Glossaire :
Souffrance, nihilisme, ressentiment, colère, frustration, fatalité, peine, incompréhension, mal-être, bruit, ordure, vice, cynisme, fatalisme, mort, destruction, insulte. Autant de mots qui peuvent illustrer la musique de Celeste autant qu'ils ne sont que des sémantismes vides face au caractère abyssal de ce qu'ils sont sensés désigner et de ce que la musique et les textes du groupe essayent de rendre palpables, au fil d'une discographique aussi dense que monolithique.
La réussite de ce disque tient tout simplement en ce que Celeste parvient à obtenir d'un savant mélange fait de Black Metal, de Screamo et de toutes les musiques les plus extrêmes. Du maelstrom ainsi crée, et qui atteint sans doute pour la première fois sa forme idéale, le groupe réussit l'improbable tour de force de faire naître une sorte de grâce, comme une plénitude noire qui irradie dès les premières notes de "Laissé pour compte comme un bâtard", pour vous avaler au fil de ses 80 minutes dans son vortex sonore aussi virtuose qu'il est sombre et inquiétant.
Si la noirceur et la violence du disque peuvent, au premier abord, sembler repoussantes, elles deviennent vite attirantes, presque magnétiques et cela simplement parce que le propos de cette musique n'est jamais simulé et transpire l'urgence et la nécessité. La musique de Celeste n'est pas un divertissement ou une récréation, c'est un exutoire, assez jusqu’au-boutiste pour en devenir salvateur. Quand au détour d'une phrase musicale née la lumière, ce n'est que pour nous convaincre que tout cela n'est pas vain. Ou est-ce simplement un leurre, une preuve supplémentaire que le pire peut revêtir de la beauté ?
Soigne le mal par le mal et sois cannibale.