L'année passé, The Saddest Landscape a sorti deux EP, l'un est un split avec My Fictions et l'autre un 5 titres qui condense ce que le groupe sait faire de mieux : nous émouvoir et nous bluffer. L'hiver était gris mais si on les aime bien comme ça c'est parce que la musique du groupe sied merveilleusement à la nuit, à la pluie et au froid. Mais une éclaircie n'est jamais loin. Retour sur émotions.
Tout d'abord ce split. Je ne connaissais pas My Fictions et le court titre présenté ici ne m'a pas spécialement secoué les glandes lacrymales pour en faire des bâtons de pluies. Rien de très originale à l'horizon mais un screamo pêchu de bonne facture. Puis vient le gros morceau, "When You Are Close I'm Gone", collaboration de 13 minutes entre ceux-ci et The Saddest Landscape et alors là mes enfants tenez vous bien. Rarement un titre de screamo n'a su résumer en presque un quart d'heure un genre à lui tout seul, synthétisant tous les courants, toutes les émotions que ce style contient. Tour à tour violent, beau et sensible, ce morceau est une montagne russe émotionnel, un voyage cristallin riche de magie. La superbe progression qui s'installe tout au long de ces miraculeuses minutes permet au propos de réellement gagner en profondeur et en intensité. Magnifique exercice, leçon de style."Loss Will Find Us" est un tourbillon rythmique terriblement dense pour un titre typique de TSL, avec un peu surprenant mais magnifique passage parlé. Chez eux, ça marche à tous les coups les coups alors pourquoi se priver ?
Exit Wounded est le disque que je n'aurai jamais osé espérer de la part des américains. Jamais un de leurs disques ne m'a tenu captivé sur la longueur avec autant d'aisance. Chaque titres, chaque changements de structures rythmiques sont une totale réussite de composition, de capacité à émouvoir et d'aménagement de l'espace sonore. Pour ce dernier point, et à mon modeste point de vue, jamais le groupe n'avait réussi sur un disque entier à occuper l'espace sonore de façon aussi riche et complète. Chaque instrument est à sa place, aucun passage d'ennui ou de redite. Le choix du format du disque semble alors parfait car il forme un bloc idéal, l'excellence de chacun des morceaux créant une sorte de cohésion. Je m'étonne qu'on n'est pas plus entendu parler de ce disque qui, si il ne bouscule pas les cadres bien établis de sa musique, montre le groupe au meilleur de sa forme. Un classique quasi instantané fait d'une poignée de titres dont on n'arrive pas à se lasser. Vivement la suite !
"La musique est la langue des émotions." Kant
Écoute trop de musique et sois cannibale !
un blog pour partager ma passion pour les musiques actuelles. rock indé, punk, electro, metal, expérimental, hard-core, etc.
27 mars 2014
20 mars 2014
Un Jour sans fin
Cet article va tenter de donner un point de vue construit sur une question que je me pose de plus en plus souvent et qui alimente les quelques débats que j'arrive à avoir parfois avec des gens pour qui la musique compte encore. Est-ce que le terme Postrock a encore un sens ? En a-t-il jamais eu ? Difficile de résister à cette interrogation du genre, avec une pensée dédaigneuse pour les fachos de tous bords qui croient que la question est de savoir si on va finir tous à poil ou si nos chères petites têtes blondes se font endoctrinées par de vilains instits pervers. Le vrai truc c'est de savoir si il vaut la peine aujourd'hui d'écouter ou d'aller voir sur scène un groupe qui se revendique de cette appellation, ainsi que de savoir une chose importante : c'est quoi en fait le postrock ?
Tout au long des années 90, plusieurs groupes font parler d'eux, ils se nomment Slint, Tortoise, Rodan, Mogwai, Godspeed You Black Emperor et quelques autres et à un moment où à un autre on leur à tous poser sur la tête l'étiquette "postrock". Sachant que le seul véritable point commun à tous ces groupes, hormis leur qualité reconnue par tous, est de trainer cette étiquette lourde à porter, on peut s'interroger sur la pertinence de cette catégorisation. Surtout quand celle-ci fait surtout office de raccourci de rangement plutôt que d'une réelle affiliation à un courant. La meilleure illustration de cela étant que nombreux sont les groupes à ne s'être jamais reconnu dans le terme, dont la signification profonde n'existe sans doute pas.
On pourrait extrapoler facilement et se dire que si Mogwai, par exemple, avait fait à peu prés la même musique trente ans plus tôt on l'aurait qualifié de Rock Progressif. On associe souvent le postrock a de longs morceaux, parfois instrumentaux, avec une progression dans le déroulement musical ou du moins une opposition passages calmes/énervés ou silence/bruit. Toutes ces descriptions pouvant aller comme des gants à certains groupes progs des 70's. On associe également souvent aux deux genres une volonté d’expérimentation ou de refus du format couplet/refrain. Les deux termes ont aussi été à différentes époques des fourres-tout ou des raccourcis dans lesquels on pouvait mettre tout et son contraire.
Il est aussi intéressant de s'apercevoir que quand un groupe se réclame fièrement de cette étiquette, nous sommes presque assurés de nous retrouver avec une vague copie des groupes cités plus haut. En revanche, quand l'appellation a une origine journalistique, la musique ainsi décrite si elle possède quelques affiliations avec une certaine idée de ce qu'est le postrock, aussi minime soit elle, on découvre souvent des groupes simplement inclassables ou régulièrement géniaux. C'est le cas des français d'Oiseaux-tempête et dans une moindre mesure de Totorro.
Le seul avantage qu'il reste alors dans l'utilisation médiatique de cette classification est alors la surprise qui nous est souvent réservée quand on s'apprête à écouter pour la première fois un groupe estampillé postrock. Il pourra en effet facilement sembler familier aux amateurs de noiserock, de prog, d'electro ou de screamo ou sembler être un total OVNI. La seule pertinence qui reste alors est la notion d'originalité contenue dans le sens-même du préfixe post-, ce qui vient après et est donc nouveaux, qui du coup ne peut pas s'affilier à un courant. Au serpent alors de se mordre la queue.
"À force de chercher de bonnes raisons, on en trouve; on les dit; et après on y tient, non pas tant parce qu'elles sont bonnes que pour ne pas se démentir." Laclos.
Sois dans l'après, sois postcannibale !
Tout au long des années 90, plusieurs groupes font parler d'eux, ils se nomment Slint, Tortoise, Rodan, Mogwai, Godspeed You Black Emperor et quelques autres et à un moment où à un autre on leur à tous poser sur la tête l'étiquette "postrock". Sachant que le seul véritable point commun à tous ces groupes, hormis leur qualité reconnue par tous, est de trainer cette étiquette lourde à porter, on peut s'interroger sur la pertinence de cette catégorisation. Surtout quand celle-ci fait surtout office de raccourci de rangement plutôt que d'une réelle affiliation à un courant. La meilleure illustration de cela étant que nombreux sont les groupes à ne s'être jamais reconnu dans le terme, dont la signification profonde n'existe sans doute pas.
On pourrait extrapoler facilement et se dire que si Mogwai, par exemple, avait fait à peu prés la même musique trente ans plus tôt on l'aurait qualifié de Rock Progressif. On associe souvent le postrock a de longs morceaux, parfois instrumentaux, avec une progression dans le déroulement musical ou du moins une opposition passages calmes/énervés ou silence/bruit. Toutes ces descriptions pouvant aller comme des gants à certains groupes progs des 70's. On associe également souvent aux deux genres une volonté d’expérimentation ou de refus du format couplet/refrain. Les deux termes ont aussi été à différentes époques des fourres-tout ou des raccourcis dans lesquels on pouvait mettre tout et son contraire.
Il est aussi intéressant de s'apercevoir que quand un groupe se réclame fièrement de cette étiquette, nous sommes presque assurés de nous retrouver avec une vague copie des groupes cités plus haut. En revanche, quand l'appellation a une origine journalistique, la musique ainsi décrite si elle possède quelques affiliations avec une certaine idée de ce qu'est le postrock, aussi minime soit elle, on découvre souvent des groupes simplement inclassables ou régulièrement géniaux. C'est le cas des français d'Oiseaux-tempête et dans une moindre mesure de Totorro.
Le seul avantage qu'il reste alors dans l'utilisation médiatique de cette classification est alors la surprise qui nous est souvent réservée quand on s'apprête à écouter pour la première fois un groupe estampillé postrock. Il pourra en effet facilement sembler familier aux amateurs de noiserock, de prog, d'electro ou de screamo ou sembler être un total OVNI. La seule pertinence qui reste alors est la notion d'originalité contenue dans le sens-même du préfixe post-, ce qui vient après et est donc nouveaux, qui du coup ne peut pas s'affilier à un courant. Au serpent alors de se mordre la queue.
"À force de chercher de bonnes raisons, on en trouve; on les dit; et après on y tient, non pas tant parce qu'elles sont bonnes que pour ne pas se démentir." Laclos.
Sois dans l'après, sois postcannibale !
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