Nous sommes en 1996, ta sœur est fan de Big'n, un groupe du fond de l'Illinois. Elle sort avec un gros barbu, il boit beaucoup mais il est gentil quand-même. Leur romance est belle comme une telecaster dont les cordes sont bouffées par la rouille, ensemble ils écoutent en boucle Discipline Through Sound.
Il gagne sa vie en vendant des T-shirts qu'il sérigraphie lui-même, elle bosse avec les enfants. Le Weekend, ils montent à la ville la plus proche pour voir jouer Jesus Lizard, Portobello Bones ou Ulan Bator dans des lieux autogérés. Ils n'ont pas forcément de grandes aspirations ou de magnifiques rêves utopiques qu'ils souhaiteraient voir se réaliser. La vie n'a pas besoin qu'on la rêve, elle est là, partout autour d'eux.
Fin du rêve. Nous sommes en 1996, ta sœur est fan de The Offspring. Son mec est un gros beauf avec les cheveux décolorés, ils mangent au mcdo chaque samedi soir puis regardent la télé. Ou peut-être est-ce la télé qui les regarde ? Quelle différence ? Ils n'ont pas d'autres rêves que de devenir différents de leurs parents, ils seront pires. Ils sont la première génération à avoir accès à tout, à pouvoir se réaliser comme jamais auparavant. Ils ne feront rien à part ce que fait tout le monde. Ils écouteront la même musique, verront les mêmes films, auront les mêmes idées sur les mêmes sujets.
C'est cela Big'n. Cela n'a pas de sens, n'est pas carré, ne tourne pas rond. Beaucoup pensent que c'est du bruit, c'est en fait un miroir qui, en transformant la réalité en musique, la rend excitante. Pas plus vivable mais tellement outrageante, violente et chaotique qu'elle est comme ces films où tout peut arriver car rien n'est vrai. Big'n est comme les autres : du chant, des guitares et une batterie mais passé cela, il ne ressemble qu'à lui-même. Il n'est pas là pour l'argent, il est là pour cogner dur.
Big'n s'écoute fort pour mieux pouvoir avaler les cerveaux des inconscients qui croisent son chemin. Il n'a rien à t'apprendre, il n'expose pas de moral à la fin de son histoire ou alors simplement t'inculque qu'il n'y en a jamais eu. Qu'il n'y en aura jamais. Il ose même reprendre ACDC, c'est dire.
"La réalité, qui est le plus puissant des hallucinogènes." Emile Ajar.
Reprends une dose, sois cannibale !
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