Nous sommes en 1979, les Talking Heads s’apprêtent à sortir, coup sur coup, leurs deux meilleurs albums : Fear of music et Remain in Light. Les hippies appartiennent maintenant à l'Histoire et le punk commence à sentir un peu le renfermé, alors pourquoi ne pas révolutionner tout ça, l'air de rien ?
Néons. Désormais, la musique des Talkings, aidés en cela par un certain Brian Eno, revêt des atours synthétiques. Les rythmiques sont répétitives, presque tribales, on vise la transe. Miracle de la modernité, synthétiques les drogues le sont aussi. L'atmosphère dansante qui règne sur ces disques, robotique comme du Krautrock décharné, cache en réalité des courants bien plus sombres et plus flippants.
Sirènes. En effet, c'est de paranoïa qu'est venu nous parler David Byrne, de la peur du monde, de la crainte de soi-même. Sur "Mind", il nous explique d'un air faussement détaché que rien ne pourra changer la donne, ni la religion ou l'argent, ni même la drogue. Aucune communication ne sera possible. Il ne reste plus alors qu'à danser, un sourire cynique figé sur des visages, comme des masques. Chaque chanson parle de ce manque, de cette absence, de ce qui disparait et de la crainte que cela soit définitif. Et Byrne nous raconte cela comme si rien, comme si cela faisait si longtemps qu'il avait déjà appris à s'en foutre.
Pilules. Fear of music se termine par une bien mauvaise descente : "Drugs". Tempo ralenti, vagues de synthés vaporeuses, tout ici crie et suinte l'angoisse. 5 minutes et 20 secondes de tension et d'horreur.. Plus dure est la chute.
"I don't know what they're talking about
The boys are worried, the girls are shocked
They pick the sound and let it drop
Nobody know what they're talking about"
Quand arrive Remain in light l'année suivante, plus rien à tenter, le mal est fait. Les années 80, dents longues sur sols brillants. La voix est plus fantomatique que jamais, la musique, glaciale et syncopée, sonne comme la bande son d'une sorte de rite païen qui verrait les anciens punks défiler dans les rues de New York. "Once In A Lifetime" Servira de hit parfait, une des premières chansons à parler de consumérisme de manière aussi sombre et frontale.
"You may ask yourself, how do I work this?
You may ask yourself, where is that large automobile?
You may tell yourself, this is not my beautiful house
You may tell yourself, this is not my beautiful wife"
Soigne ta parano en devenant cannibale.
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