Sed Non Satiata est
un des meilleurs représentants du Screamo à la française, actif
depuis 2005. Après une pause de trois ans jusqu'en 2011 et la sortie
d'un superbe EP éponyme, ils reviennent aujourd'hui avec un nouveau
LP enregistré dans le mythique studio Electrical Audio de Chicago.
Mappō en japonais
c'est la dernière des trois ères qui composent un cycle dans la
cosmologie du bouddhisme. Autant vous dire que ce n'est pas ça qui
m'a aidé à entrer dans le nouvel album des toulousains. Car oui,
j'ai véritablement eu du mal, depuis les premiers titres postés sur
leur Bandcamp jusqu'au moment où j'ai pu entendre le disque en
entier, je suis resté sur le bord du quai. Et c'était frustrant car
je pressentais que si j'arrivais à sauter dans un wagon, j'aurai
envie de me balader dans tout le train, de m'y perdre encore et
encore. Je ne sais pas ce qui me donnait cette certitude mais il
fallait que je m'acharne.
Alors je l'ai
bouffé cet album, par petits bouts et en entier, en travaillant ou
en lisant, dans le train ou mon salon, avec des amis et seul. Et
petit à petit, j'ai réussi à me sentir à l'aise.
« Extrospection »et
son riff de guitare, des fragments de textes qui me parlaient et même
si l'ensemble me semblait toujours opaque, à cause de ce chant que
je n'arrivais pas à m'approprier, une sensation faisait son chemin
en moi, lentement. Et après un grand nombre d'écoutes, tout à fini
par s'éclaircir.
Depuis je fais les
cent pas à l'intérieur de ce disque, je m'y perds encore souvent,
mais dans chacun de ses morceaux je sais retrouvé tout ce qui me
plaît chez Sed Non Satiata. Une capacité à créer des ambiances
qui collent si parfaitement à nos émotions et un sens de
l'architecture musicale proprement renversant. Il n'y a qu'à écouter
les huit minutes de « Soma » pour se rendre compte de
cela, alors pourquoi aie-je mis si longtemps avant de l'entendre ?
Certainement parce que le Screamo est musicalement tellement codifié
qu'il est rare d'entendre un groupe sachant sublimer ces codes pour
faire entendre sa singularité. Sed Non Satiata est clairement de
ceux-là et vient de nous offrir un disque dont on se souviendra
longtemps. Dans ce style musical où les surprises sont rares on
n'avait pas vu ça depuis Y de Daïtro et c'était il y a
quatre ans déjà.
« La
singularité est subversive. » Edmond Jabès.
Sois Cannibale !
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