Tiens, qu'est-ce que c'est ici ? Ah oui, un blog, merde. Comme souvent, je devrais commencer par m'excuser pour ma trop longue absence en ces lieux étroits, mais non, on s'en tamponne, on passe directement à l'essentiel : Le Motocultor qui s'est tenu il y a une semaine non loin de Vannes (pas les blagues, la ville, quoi que vu certains groupes de la prog, on pourrait se demander, nous y reviendront.)
Jour 1 : "Ils sont très noirs les nuages là-bas, non ?"
Le festival s'ouvre, merveille des merveilles, par Mars Red Sky, qu'on ne se lasse pas de voir et de revoir, encore et encore, surtout qu'aujourd'hui, le groupe a quelques nouveautés dans son sac à potions, profitons-en ! Rien à redire, les bordelais transpirent toujours autant la classe et se planquent, chose de plus en plus rare, derrière leurs compos. Tout pour la musique, comme disait l'autre. Donc, non, on ne va pas voir un concert de Mars Red Sky pour le show, mais bien pour ce son si particulier qu'ils cultivent depuis maintenant douze ans, psychédélique et lourd, aussi gras qu'il est aérien. Une bonne ouverture de la boutique.
Je ne vous direz pas qu'Au-dessus était en-dessous de tout, mais bon, je m'y suis ennuyé comme jamais, c'était plat et long, mais alors long. Question de goût, certainement, mais tout de même.
Not Scientists, au contraire, était frais et rigolo, rien d'étonnant avec deux anciens Uncommonmenfrommars à bord. Un concert bien fun, mais qu'on aurait préféré voir ailleurs que sur la grande scène. Leur cocktail punk mélo/emo avait le bon goût de la fin du millénaire dernier, quand l'emo se réinventait pour la dernière fois et que The Get Up Kids en étaient les rois. Un chouette moment !
Juste après, la Supositor Stage (quel nom) accueille les rois du Trashcore épicé keupon : Iron Reagan. Un petit moment qu'ils n'étaient venu par chez nous, justifiant le monde plutôt conséquent devant la scène. L'autre raison étant que la musique des cinq foufous se révèlent bien mieux en live que sur disques, où elle souffre parfois d'un côté un poil linéaire. Ici, que nini, ça va vite, ça joue carré, c'est rigolo, les titres s'enchaînent à une vitesse folle, le chanteur s'amusant à tenir les comptes assez régulièrement. Pas le temps de s'ennuyer, quelques tubes, tel le très efficace "Fuck The Neighbours" et le groupe s'en va sans qu'on ait eu le temps de dire "ouf". Un des pics de coolitude du fest, assurément.
Plus tard, Ange s'installe gentiment sur la Massey Ferguscène (quel nom bis) et c'est parti pour un voyage assez loin des terres métalliques, vers un passé foisonnant où le groupe mené par Christian Décamps était très haut placé sur le trône du prog à la française. Le groupe n'ayant jamais arrêté de tourner et sortir des disques, nous découvrons beaucoup de choses que nous ne connaissions pas et le chanteur impressionne la foule par sa voix toujours magique et sa présence ultra charismatique. Quelques moments de grâce plus tard, on sort de sous la tante sonnés et émus. Un concert vraiment spécial, au milieu du bruit et (bientôt) de la boue ! Toutes les générations s'étaient données rendez-vous sous la tante, pour voir si la bête bouge encore, et la réponse est plus que oui. Rappelons qu'Ange a sorti son premier disque en 1972, il y a 47 ans !! Une vie de musique et un concert d'une générosité rare. J'ai versé ma petite larme (pas la dernière du weekend), c'est dire.
Puis, tout à coup, Magma. Je n'avais jamais eu la chance de les voir, alors que le groupe fait partie de ceux que j'écoute depuis que gamin j'ai mis le doigt dans l'engrenage de la grande machine de la musique qui fait du bruit. Imaginez donc mon émotion, de voir, pas très loin de moi, Christian Vander finir de s'installer. Et pensez au fait que l'an prochain, le groupe fêtera ses 50 ans. Sinon, que voulez-vous que je vous dise ? Le concert était parfait. Magma était révolutionnaire en 1970, il l'est toujours aujourd'hui, après 50 piges passées sur un trône que nul n'a jamais pu lui prendre. La raison ? Personne n'a jamais boxé dans sa catégorie. Magma est plus fou, plus unique, plus technique, plus musical, plus rythmique, plus dense, plus magique, plus tripant que tout ce qui a été produit en France en cinq décennies. Et ils ont ouvert la voie à tout le monde. Tout simplement. Et donner des concerts comme celui-ci, après tout ce temps, n'est rien d'autre que la preuve du génie, et d'un type particulier, celui qui ne se dément jamais. LE concert du festival.
Le dernier concert du vendredi sera pour nous NOFX. Un groupe que j'adore (si, si) et que j'ai toujours envie de revoir, encore et encore, bien qu'ils soient de plus en plus rares en France. Sauf que. Mais. Alors bon. Oui... Non ! Je savais que Fat Mike aimait faire le con, qu'en festival, le groupe s'amusait surtout à tout faire sauf de la musique, mais là... Non. Alors oui, dès qu'ils jouent, c'est toujours aussi bon, oui, le groupe est encore une machine à tube punk mélo. Oui, c'est rigolo les blagues et les cascades. Oui, mais non. L'équilibre habituel conneries/musique n'était pas de la partie, tout était brouillon, bordélique. Trop bordélique, sentant le foutage de gueule.
Jour 2 : Et de la boue, sortit un Golem.
Plutôt que de passer notre vie dans la boue, mes camarades de chantier et moi-même avons préféré dormir et profiter d'un peu de confort. C'est ainsi que nous ne sommes arrivés que vers 19H20 sur le site pour profiter, frais et dispo, d'un concert de Sólstafir plutôt pas mal du tout, plein de tubes et d'émotions, même s'il est flagrant que les morceaux les plus récents sont bien faibles comparés à l'époque bénie des trois précédents albums. L'absence du batteur originel se faisant cruellement sentir. Un bon concert tout de même.
Dopethrone est tout ce dont vous avez besoin si vous aimez le gras, le sale, le sludge. Par contre, si vous aimez avoir avec ça, un minimum de finesse, un soupçon de quelque chose qui fasse la différence, il faudra repasser. Beaucoup trop de sauce, beaucoup trop d'épices, la recette est extrême, mais, au milieu d'un champ de boue, elle passe assez agréablement.
On ne vous parlera pas ici de Trust, parce qu'on a eu d'autres choses à faire que d'aller les voir. Étonnant, tout de même, qu'un groupe comme celui-ci existe toujours, capitalisant éternellement sur les trois mêmes tubes, n'ayant rien produit de décent depuis des décennies.
Puis vint EyeHateGod et le Golem se mit à marcher. Le groupe de la Nouvelle-Orléans fait partie de ceux qui ont défini un genre, l'ont fait évoluer, perdurer et profitent de chaque concert pour remettre leur titre en jeu, tout déballer et exhiber fièrement leurs entrailles. Dans chaque genre, sous chaque étiquette qu'on utilise pour cataloguer la musique, se cache trois ou quatre groupes maximum qui sont au-delà de la comparaison. Il suffit de les voir sur scène, n'importe quand, cela se vérifie à chaque fois, pour se rendre compte qu'ils sont hors des modes, qu'ils portent une musique qui dépasse toutes les autres. Ils ne sont pas simplement talentueux, il s'exhale de leurs concerts quelque chose de plus, de différent, de magique et d'inquantifiable qui les rend uniques. EyeHateGod est clairement de ceux-là. Et ce concert nous l'a encore une fois rappelé. Un must de cool, de haine et de catharsis.
Jour 3 : Vieux trash über alles.
Après deux jours passés dans la boue, un peu de soleil se mit à faire sécher les cœurs et les esprits, le festival pouvait se terminer tranquillement avec, semble-t-il, beaucoup moins de monde (certains ont dû difficilement survivre au camping).
Je rêvais de voir Voivod depuis longtemps, depuis Jason Newsted (oui, j'ai grandi avec Metallica, c'est ainsi, on n'y peut rien), depuis que la passion de la SF m'a fait découvrir ce groupe par le biais de leurs pochettes d'albums absolument folles. Je n'ai pas été déçu, et cela m'a donné envie de me plonger plus avant dans leur discographie si originale. Voivod s'est inventé son propre genre, sa propre façon de faire, et le concert de ce dimanche après-midi nous a rappelé que l'humilité et la classe sont des critères grâce auxquels on reconnait les plus grands. Un des grands concert de cette édition.
Sacred Reich, cinq jours avant la sortie de son premier disque en vingt-trois ans, est venu nous rappeler pourquoi il était toujours debout après tout ce temps. Du trash efficace, brute, mélodique, et un sens du cool, des interventions entre les morceaux à l'opposée de ceux qui essaient de jouer les gros méchants. Un concert aussi joyeux que la musique était écrasante de rigueur. Des tubes, partout, et des nouvelles compos qui tiennent plus que la route. Une raison de plus de se jeter sur le nouveau bébé, Awakening, album d'un retour discographique qu'on n'osait plus espérer.
Napalm Death, oui, alors, bon, comme ça, après trois jours, de loin. Oui, oui, c'est toujours Napalm Death, ils ont tout inventé, ils ont tout traversé, tout essayé, ils sont toujours là. Barney tient toujours la boutique en donnant l'impression que sa vie en dépend. Il faut les avoir vu une fois dans sa vie ? Sûrement. C'est un classique, une référence, une borne. Mais, avec la fatigue, vue de loin, pas grand chose.
Cet article était garanti sans Gronibard et sans Henri Dès ajoutés.
Si toi aussi tu voudrais que l'été perdure inlassablement, sois cannibale !
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