En 2011, Thursday sortait son dernier album, No Devolucion, c'était donc l'année du retour du jeudi (oui, oui j'assume). Plus rien ne serait pareil dans le monde des musiques émotives... L'année suivante, ils annonçaient se mettre en pause pour une durée indéterminée.
Il y a parfois des groupes dont parler de la musique avec des termes creux comme refrains, riffs, structures ou lignes de basses ne sert à rien. C'est déjà arrivé ici-même que j'emploie d'autres façons pour expliciter mon amour d'un groupe. Thursday est indéniablement de ceux-là. Ils le sont d'autant plus qu'ils jouent dans une cour (l'emo pour faire vite) dont le but est justement le ressenti, les sensations que la musique nous procure.
Vous êtes-vous déjà retrouvé dans un pays inconnu, un endroit que vous visitez pour la première fois, dont vous ne connaissez presque rien ? Vous est-il arrivé de ressentir cette impression de puissance envahissante, ce trop-plein qui vous écrase devant quelque-chose de nouveau, que vous ne comprenez pas, mais qui vous attire dès les premiers instants ? C'est exactement ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai écouté un morceau de Thursday. Une sensation pareil à celle que je ressens quand j'arrive dans une capital inconnue, que je perçois tout ce qu'il s'y passe, d'abord sans le comprendre, mais en aimant cela.
On avance alors ici dans notre écoute comme on se dirige à l'aveugle dans des ruelles que l'on arpente pour la première fois, chargé par l'excitation de ce qui est nouveau, de ce que l'on veut faire sien. On prend déjà du plaisir sans savoir d'où il vient. Les derniers disques de Thursday sont à l'image d'une grande ville aux infinis dédales, on sait que ce sera long pour en connaitre chaque rue, chaque immeuble, mais on a le temps de s'y perdre pour, plus tard et bien assez tôt, s'y reconnaitre.
Leurs disques, qui n'étaient au début qu'une chose plaisante, un dépaysement, deviennent alors une véritable partie de nous, dans chaque recoin on a laissé des souvenirs, des instants de notre passé. La première fois, la musique nous émeut pour elle-même, puis elle commence à se charger de tout ce qui a entouré son écoute répétée. On se sent alors aussi vivant que lorsque l'on revient sur certains lieux de notre passé, sauf qu'ici, en plus de cela, on continue à la charger de ce que nous sommes maintenant, au moment où l'on écoute.
Il ne reste alors qu'à se laisser happer, engloutir dans le flot de cette musique violente et belle mais jamais mielleuse. Ne plus penser ou essayer d'analyser chaque son ou chaque parole, simplement savoir qu'elle fait partie de nous tout comme nous sommes faits d'elle. Le miracle peut alors simplement se produire, celui d'une musique visant à être la bande-son parfaite de la vie, dans ce qu'elle a de plus beau et de plus brutal.
Rarement un groupe affilié emo n'aura accompli un tel tour de force, réussir à ne jamais sonner pompeux ou larmoyant et parvenir à sublimer des sensations tout en préservant leur intensité et leur immédiateté. Les groupes à savoir donner toutes ses lettres de noblesses à l'emo ne courent pas les rues, quand Thursday sait nous prendre par la main pour y marcher avec nous.
Chez le mange-disque cannibale, le jeudi c'est ravioli.
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