3 octobre 2016

Les Années

En ce mois d’avril mouvementé, Michel Cloup Duo sort son troisième LP, Ici et Là-bas. Je me précipite pour en dire du bien, tant je suis surpris par le bond effectué depuis Minuit dans tes bras.
J’aimerais, pour une fois, ne pas parler de chaque morceau individuellement et laisser la joie de leur découverte intacte, car chacun d’eux la mérite amplement.
Il faudrait dire d’abord que ce disque est plus long, plus varié, synthétisant les deux premiers tout en ouvrant une fenêtre gigantesque sur des choses nouvelles. Michel Cloup détruit ici les murs de son propre terrain de jeu pour nous le présenter à nouveau, plus vaste mais jamais dénaturé. Au-delà de cette réussite, il y a le plaisir simple et chaque fois renouvelé de découvrir un album qui s’adresse directement à ce qu’il y a de plus intime en nous-même.
nous parle de notre époque, de ces désillusions, allant de l’intime à l’universel, illustrant de manière magistrale qu’il n’y a jamais d’individu sans collectif. Ici, on pense beaucoup à ce qu’il y avait de meilleur dans Expérience, cette conscience humaine forte, osons même le dire, politique, ne tombant jamais dans le moralisme et le slogan vide. La politique est ici entendue comme le simple fait de se connaître comme membre d’un tout, d’une famille, d’une ville, d’un pays – mais, encore une fois, en allant plus loin, en gardant ce que la musique de ces deux disques déjà sortis sous son propre nom possède de douceur, de souffle intérieur. Il y a chez Michel Cloup une grâce dans l’écriture, si forte qu’il réussit à tout nous dire en restant pudique.
Comme pour les albums précédents, on plonge dans ce disque comme dans un cocon où l’on aime à se réfugier. La grande nouveauté est qu’il est tourné vers l’extérieur, les autres et notre conscience collective. Comme chez Annie Ernaux, plus que jamais on se retrouve dans une histoire qui n’est qu’à lui et qui nous appartient aussi à tous, parlant du « je » pour le « nous ». Jamais un disque de Michel Cloup n’avait réussi cela de manière si définitive.
On aura attendu longtemps ceux qui allaient taper fort dans la fourmilière du rock en français et, avec ce troisième album du Michel Cloup Duo, on se demande comment la majorité peut être si sourde. On a tant parlé de Diabologum, sûrement à raison, mais vingt ans plus tard, Michel Cloup sort toujours des disques, et quels disques !

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