Il arrive parfois que l'actualité perde de son attrait et devienne une sorte de boulet qu'on se traîne, dont on s'aperçoit qu'il est finalement facile de se débarrasser. Il faut simplement pour cela tomber sur un vieux disque, un truc qui se suffit à lui-même. C'est un peu un truc de vieux con, surtout quand le disque en question est un album de Folk du milieu des années 80 (!). En 86, Billy Bragg sortait Talking With The Taxman About Poetry. Viens, tu vas adorer (mais si, mais si) !
Dès le début du disque, va falloir que tu t'habitues, c'est les années 80. Il faut faire un petit effort pour s'adapter au son de guitare, qui est très loin du folk à grand-père. Il y a beaucoup d'écho, on pourrait croire qu'on écoute un morceau caché sur un des derniers disques du Clash et ce n'est vraiment pas un compliment. Mais dès le premier morceau, "Greetings to the new brunette", on sait que quelque-chose d'incroyable va nous arriver. C'est une petite chanson d'amour toute bête, mais elle parle déjà de politique, parce que Billy Bragg c'est ça, une sorte de working-class hero qui, de sa voix abîmée d'irlandais, te raconte des histoires de jolies filles et de révolutions.
Si l'album sonne daté, au premier abord d'une façon plutôt négative, quand on entre dans le vif du sujet avec "Marriage" et surtout "Ideology", ce côté un peu kitsch de la production devient la clé d'un voyage et sert totalement la poétique du propos. Nous sommes ici très loin de chez nous, de la musique qu'on écoute ou réécoute en 2015, très loin de la mode d'un Folk si authentique à tout prix qu'il en devient caricatural. Ce côté loin de tout de Talking With The Taxman... en fait un disque passionnant, de ceux qu'on aime à écouter tout bas avant de dormir, parce qu'il possède ce côté autre qui caractérise les rêves.
Enfin, il y a ces chansons, modestes protest songs qui parlent d'unité, d'amour et de révolte, ces arrangements de cordes et ces mélodies qui caressent l'oreille pour ne plus jamais vouloir en sortir. "There is power in a union" donne envie de crier le poing levé, alors que "The passion" et son magnifique texte est de ces chansons qui vous collent à l'âme pour longtemps. La grande réussite du disque est aussi d'être passionnant de bouts en bouts, une chose souvent ardue pour un disque Folk, par la grâce de ces chansons, fortes, arrangées avec soin et toujours magnifiées par des textes intelligents.
Il n'est alors aucun besoin de faire la liste des grands titres qui jalonnent l'album, il suffit juste de parler de "Train train", le seul qui fatigue vite sans être véritablement mauvais. On est alors définitivement conquis par ce disque, qui nous fait chanter fort, la pinte à la main, nous fait réfléchir et nourris cette mélancolie propre aux vieilles protest songs. Un disque finalement totalement intemporel.
"And sometimes it takes
A grown man a long time to learn
Just what it would take
A child a night to learn" "The Passion"
A grown man a long time to learn
Just what it would take
A child a night to learn" "The Passion"
Parle poésie avec ton banquier et sois cannibale.
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