30 mai 2012

echoes from the sonic youth

Je n'avais pas spécialement prévu cela mais je tiens aujourd'hui à vous parler d'un groupe que j'apprécie particulièrement pour différentes raisons, parfois extra musicales : Daïtro. Le groupe se forme à Lyon autour de 1999 et se sépare en 2009, bien qu'il donne encore quelques concerts de façon ponctuelle comme cela est le cas cette année. Sur cette période de 10 ans, Daïtro sort deux 7'', un EP, quatre splits et deux albums, vous pouvez en trouver le détail sur Discogs.

Je vais me concentrer ici sur les deux LP, en commençant par Laissez vivre les squelettes. Cet album, sorti en 2005 est aujourd'hui un classique du screamo puisque c'est bien de ce style musical qu'il s'agit ici. Mais Daïtro sait y mettre ce qu'il faut de personnalité et d'émotion pour échapper aux clichés, nombreux, relatifs au genre. La musique et les thématiques du disque sont assez sombres, en témoigne le titre "Trois murs pour la salle de torture " qui est une mise en musique d'un poème d'un prisonnier palestinien. Mais malgré certains thèmes difficiles abordés de manière frontale, il se dégage de la musique du groupe une sorte d'espoir, comme la conscience d'une lumière au bout du tunnel. Le fait que chaque émotion soit retranscrite de manière extrême, à fleur de peau, fait ressortir de l'écoute de ce disque avec la sensation d'être vivant, d'avoir goûter à quelque-chose d'humainement puissant. Car ici la violence n'est jamais gratuite ou démonstrative mais bien au service de sensations, d'impressions et de messages même si ces derniers restent assez opaques. Un album au premier abord pas simple à apprécier mais qui, au fil des écoutes, se révèle riche en ambiances, en mélodies et déclencheur de réflexions sur des sujets susceptibles de tous nous toucher à divers degrés. 

Passons maintenant au dernier LP, Y. Ce disque a une place importante pour moi car c'est avec cet album que j'ai découvert Daïtro et que j'ai commencé à m'intéresser plus profondément à la scène screamo et emo-hardcore. Il est aussi intimement lié à une période importante de ma vie mais cela tout le monde s'en fout et heureusement (Le Mange-disque cannibale n'ayant pas vocation à être un blog narcissique pour raconter ma vie mais juste à parler de musique). Je pense que ceci est malgré tout important à dire car cet album a une dimension émotionnelle, autant dans les textes que dans la musique, qui frappe l'auditeur et le marque durablement. Les textes sont tout à la fois brutes et porteurs d'une sorte de poésie de l'instant, ils arrivent à être engagés tout en étant intimes et beaucoup plus lumineux que sur les précédentes productions du groupe. Musicalement, la richesse mélodique et rythmique au service des ambiances et du propos de l'album crée un ensemble de morceaux peu vu dans ce style musicale. D'ailleurs, peut-on encore ici parler de screamo ou d'emo sans être terriblement réducteur voire même passer à côté du contenu? Chaque titre développe tour à tour des ambiance math-rock (magnifique pont sur le 7e morceau), noise ou punk sans que cela n'entame la cohésion très forte de l'album. Les références, comme celle au groupe La Rumeur, qui surgissent tout au long des textes sont aussi au service d'un propos riche et construit dans lequel Daïtro nourrit son identité propre. Je pourrai parler des heures de chaque texte, de leur échos philosophiques et de la dimension contemplative de certaines mélodies mais je vous laisse les découvrir par vous-même. En espérant vous avoir donné l'envie de vous pencher sur ce groupe vraiment passionnant.

Le groupe étant splitté, ses membres sont actifs dans plusieurs formations cools comme Bâton Rouge, 12XU ou encore Ancre. jetez une oreille curieuse à tout cela et restez cannibales!


24 mai 2012

Progression du domaine de la lutte 1


Ah il est tiré par les cheveux ce titre, j'aime bien. Par contre j'aime moins l'auteur auquel il fait référence, enfin ceci est une autre histoire. Donc, comme vous l'avez, je l'espère, deviné cet article parle de prog, ce sous-genre du rock tant décrié, encensé, qui fait couler tant d'encre depuis maintenant une quarantaine d'année. Comme il y a beaucoup à dire, et même si cela ne sera pas un panorama exhaustif, cet article sera en deux voire même en trois parties. J'espère seulement que je ne vais pas être trop long à écrire la suite puisque toi lecteur avide tu trouve que franchement un dernier article qui date de fin mars c'est franchement du foutage de gueule et je ne peux que te donner raison, mais bon j'avais piscine, alors.

Rentrons dans le vif du sujet, je ne vous parlerai pas ici de Soft Machine pour la simple et bonne raison que je n'arrive pas encore à apprécier ce groupe, ça viendra peut-être je m'acharne, pour l'instant sans succès. J'ai du mal avec les groupes presque intégralement instrumentaux et aussi avec le côté très Jazz de ce groupe. Alors fan de l'école de Canterbury, reviens plus tard. Je vais pour commencer ce panorama vous parler des principaux groupes dont le pic de la carrière se situent dans les 70's.

Pour commencer, penchons nous sur le cas Yes. Oubliez tout de suite la très grande majorité de tout ce qu'ils ont sorti depuis 1978, le groupe perdant de l'intérêt à partir de l'album Tormato sorti cette année là. Pour moi la grande période commence avec Fragile en 72 et finit en 1977 avec Going for the one dont la pochette est soit dit en passant vraiment moche, surtout après celles réalisées par Roger Dean. Sur cette période de six ans, Yes sort cinq albums et un live qui tous marquent l'histoire du prog de façon profonde. Mais au milieu de toutes ces perles, il y en a deux qui brillent plus forts que les autres ((!) Oh oui, prends moi Marc Levy!) : Close to the edge et Tales from topographic oceans. Sur ces deux albums, et pour des résultats dans les deux cas différents, Yes fait tout mieux que tout le monde, ils sont plus techniques, leurs mélodies sont plus belles, les textes sont grandioses et les titres s'étendent en longueur. Sur Close to the edge, c'est encore raisonnable, l'album contient trois morceaux, un de 18 minutes et deux de 10 minutes mais sur Tales from... on dépassent toute idée de mesure, l'album ne contient que quatre titres, c'est un double et il dure la bagatelle de 80 minutes. Je me demande d'ailleurs, surtout en sachant qu'ils ont également sorti l'excellent Relayer la même année, comment ils faisaient pour être si productifs alors qu'à la même époque ils enchainent les tournées marathon. Ces deux albums représentent la quintessence de la musique de Yes, ils osent tout, expérimentent beaucoup, cela d'ailleurs a pour conséquence de beaucoup diviser les fans à l'époque de Tales from..., beaucoup trouvant que le groupe va trop loin. Il est certain qu'il est beaucoup plus aisé de se pencher sur un album comme Close to the edge, plus court mais pas moins intense et avec des idées dans tous les coins.

Ensuite, et là je vous parle certainement de mon groupe prog préféré, un petit détour vers King Crimson. Je vais faire exprès de ne pas évoquer le premier album In the court of the crimson king parce que je ne le connais pas bien et aussi parce qu'il est facile de trouver des milliers de chroniques fouillées de cet album sur la toile certainement plus abouties que ce que je pourrai vous en dire. Les trois chef-d’œuvres des 70's sont Larks' tongues in aspic, Starless and bible black et Red sortis respectivement en 1973 et 74 pour les deux derniers. Sur ces trois albums sont présents les titres parmi les plus emblématiques du roi : "Starless", "Fracture", "The great deceiver" et "Larks tongues in aspic". Ce qui frappe sur ces albums c'est d'abord l'extrême modernité des sons de guitares de Robert Fripp, je pense que jamais auparavant une guitare n'avais eu de sonorités si glaçantes tout en gardant un groove massif. Car chez King Crimson l'alliage batterie-guitare-basse forme, dans les passages les plus brutaux, un bloc compact, rythmique et à la force de frappe quasi tellurique. Important également, ce groupe est certainement le plus expérimental de tous ceux évoqués dans cette première partie d'article mais ceci jamais au détriment de la mélodie ou de l'accessibilité de la musique.

Pour finir, je souhaite évoquer Van Der Graaf Generator dont je ne connais pour l'instant qu'un seul album, Godbluff de 75 mais qui m'apparait déjà comme un des groupes les plus originaux de par la présence de cuivres et d'une énergie quasi punk. Les parties de claviers sont pleines de groove et portent la plupart des morceaux conjointement avec un chanteur pour le moins impressionnant de talent.

C'est fini pour aujourd'hui mais je vous promet sur ma collection de vinyles*que je vais revenir vite, en tous cas plus vite que d'habitude...

Sinon comme toujours restez cannibales!!!
*Moi à 60 ans...