23 juin 2014

Under My Skin

Je n'ai posté aucun article depuis le 13 mai mais j'ai, une fois n'est pas coutume (ahem), une très bonne excuse : c'est la date à laquelle est sorti le dernier LP des Swans, To Be Kind. Vous comprendrez alors aisément que j'avais autre-chose à faire, car les deux bonnes heures qui composent ce nouvel album sont riches, c'est peu de le dire, et demandent une attention particulière si l'on veut pouvoir les assimiler.

Il va falloir qu'on se fasse une bonne fois pour toute à l'idée que les nouvelles productions du groupe seront longues, très longues. À peine a-ton eu le temps de se noyer dans The Seer que la nouvelle fournée arrive : dix titres, d'une durée oscillant entre 5 et 34 (!) minutes pour le plus long. Certes, quelques-uns avaient depuis longtemps été joués sur scène, mais dans des versions différentes.

Une chose me saute aux oreilles dès les premières écoutes : on retrouve une partie de ce qu'étaient les Swans au début des 80's. Le décharnement rythmique rugueux sur "Screen Shot" et "A Little God In My Hands" et les structures Indus sur "She Loves Us" (quel putain de bon morceau !) rappellent Filth ou Cop. Mais la grande nouveauté ici c'est le groove, le feeling incroyable qui sous-tend les rythmiques et la guitare. Certains passages prenant presque des allures de Noise-Funk.

"Oxygen" est de loin le titre le plus accessible, une déclaration de guerre Noise/Post-Punk. C'est un régal d'entendre Michael Gira s'époumoner de la sorte sur album et c'est ce qui manquait grandement sur The Seer. Le break durant lequel ses cris sont calés sur la rythmique, syncopée pour notre grand plaisir, est une joie chaque fois renouvelé. Et ces cuivres sur les deux dernières minutes... Un des arguments de poids de ce nouveau disque.

Pour moi, le grand voyage de ce disque est sans conteste "Just A Little Boy", une ambiance minimaliste sombre et maitrisée qui captive grâce au timbre si particulier de Gira. Et ces guitares sales et tournoyantes qui répondent à ses cris possédés, ses appels de gourou à la limite de l'aliénation donnent une saveur particulière à ce morceau, sorte de Spoken Word/Blues cassé.

Il y a mille autres choses folles dont il faudrait prendre le temps de parler comme ces bruits stridents et tout simplement jouissifs qui viennent clôturer "A Little God In My Hands", les cordes fantomatiques qui habillent à merveille le texte désossé de "Some Things We Do" ou encore le fait que j'abime mes meubles à essayer de reproduire les parties de batterie de "She Loves Us". Tout cela mis bout à bout fait de To Be Kind la plus grande réussite des Swans depuis The Great Annihilator. Ce n'est pas rien.

«En me renversant, on n'a abattu (...) que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses» Toussaint L'Ouverture.

Va bronzer ou sois cannibale !