18 juillet 2018

La Chute de l'empire romain


Aujourd’hui, on cause classique et culte. Botch était pendant quelques années le présent et le futur du Hardcore dans ce qu’il a de plus moderne et inspiré par d’autres genres. Ils étaient de Tacoma et faisaient indiscutablement partie des fleurons du label Hydrahead. On y va ?

Les petits bouts d’chou (j’assume complètement) de Botch jouaient un Hardcore tendance mathématiques appliquées. Ils sonnaient malgré cela bien plus rock’n’roll que, par exemple, Dillinger Escape Plan, surtout en comparaison avec la fin de carrière de ces derniers. En deux albums, quatre splits (dont un avec les Suisses de Knut) et quelques EP, ils ont tranquillement additionné 5 et 7 pour donner vie à une musique chaotique, technique et toujours brûlante. Je me concentrerai ici sur le LP We Are The Romans, sorti en 1999, pic incontestable d’une discographie pourtant foisonnante. Neuf morceaux avec des titres énigmatiques et drôles forment le gros monstre qu'est We Are The Romans, un disque aussi parfait que son artwork est laid.

Quand débute "To Our Friends In The Great White North", on se souvient que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que, si le chaos qui nous entoure a un terrible avantage, c'est bien celui de pouvoir faire naître des albums comme celui-ci. Ça va vite, c'est un poil technique mais on s'en fout, ce qui compte c'est que nous sommes face à un titre passionnant de bout en bout. Il s'y passe beaucoup de choses et, à l'image de l'album entier, Botch nous balade d'un univers à l'autre. Le seul problème (il faut bien qu'il y en ait un), c'est cette production typée de l'époque, qui parfois date le disque dans une époque avec laquelle on peut avoir des soucis. Enfin, question de pinaille.

"Mondrian Was A Liar", quel titre ! Quel brutalité ! Une batterie qui nettoie partout, même dans les coins. "Transitions From Persona To Object" (toujours cet art du titre parfait), plus mathématique que l'Identité d'Euler avec son riff vrille et sa structure en aller-retour. "C. Thomas Howell As The "Soul Man" gagne tous les points, simplement par la grâce d'un passage tout con à la basse à mi-parcours. Et comme si ça ne vous suffisait pas, le morceau prend après une direction mélodique et d'une tenue de route parfaite. Quel talent, mes enfants !! On passe la moitié du temps réglementaire sans s'être rendu compte qu'on avait enfilé son maillot, c'est tout bêtement qu'on est content d'être là et de se faire balader sans savoir trop où.

"Saint Matthew Returns To The Womb" est aussi court qu'il est magique, sans doute le titre instantané de We Are The Romans, un tube. Et ce break de batterie vers une minute et trente secondes, il vaut mieux pour vous que je n'en dise rien, la bonne nouvelle étant que je n'ai plus mal au dos. "Frequency Ass Bandit" est sans doute un poil plus autoroutier, pas ma favorite. Même si à la fin, bon, quand même, oui... "I Wanna Be A Sex Symbol On My Own Terms" vous fera zouker toute une semaine, votre colonne vertébrale à la main tel un lasso, quel groove ! C'est déjà fini avec "Man The Ramparts", les jeux sont faits, la fin sera lente et douloureuse, tout bonnement pour vous montrer que Botch savait tout faire. Effet secondaire : vous habitiez au premier étage et vous voilà partageant un loft de cinq mètres sous plafond avec votre voisine du dessous. Après cela, Botch allait se révolutionner tout seul comme un grand sur le EP An Anthology Of Dead Ends, mais ça, c'est une autre histoire.

Ne parlez plus à votre ostéopathe, soyez Cannibales !

5 juillet 2018

Trois Huit

Boom ! Aujourd’hui, on parle du meilleur super-groupe de la planète. On parle de E, on parle de Negative Work. E, Thalia Zedek (Come, Live Skulls, etc), Gavin McCarthy (ex Karate) et Jason Sanford guitariste de Neptune. Je ne sais pas vous, mais moi, ça me fait rêver. Le premier Lp était déjà excellent, alors, quid, quid, oui quid de celui-ci ?

Le disque s’ouvre avec « Pennies », titre chanté par madame Zedek, mélodique, entêtant et complètement addictif. La guitare de Sanford tournoie, sirène hurlante. Je peux vous le dire tout de suite, ça sera comme ça jusqu’à la fin. « The Projectionist » garde le cap, se fait mathématique, avance avec aisance vers quelque chose de plus hypnotique. Thalia Zedek et Sanford s’y partagent le chant. Il est à noter que jamais E ne sonne comme la réunion de trois entités, Negative Work fait montre d’une réelle cohésion, on écoute ici la musique d’un véritable groupe. Un groupe où une alchimie est clairement présente.

« Poison Letter », je n’ai rien à en dire, il suffit de l’écouter. Ma petite préférée. Si cela ne vous fait aucun effet, je ne peux rien pour vous, peut-être n’aimez-vous tout simplement pas la musique, ce qui n’est pas si grave. Mais cette voix, encore et toujours, ces guitares qui savent aller et venir, feu et glace. Et ce jeu de batterie si particulier, tout en roulements. Enfin, je vous ai dit, je n’ai rien à en dire. « A house Inside » est chantée par Jason Sanford. Il nous susurre à l’oreille, puis sa voix s’emporte et rend ce morceau passionnant.

« Down she goes » arrive avec ses guitares entremêlées et sa rythmique lancinante. Un titre peut-être plus abrasif mais qui, avec le temps, se révèle et emporte tout. On est déjà à la moitié du disque, tout est parfaitement à sa place et un constat s’impose : Negative Work est plus varié, plus abouti que le premier disque de E. Je ne pourrais pas vous quitter sans vous parler de « One In Two », ses guitares mélancoliques qui se mélangent jusqu’à exploser quand la batterie arrive, ce martèlement. Et la voix de Thalia Zedek. Pourquoi ne saoule-t-on pas les masses avec cette voix ? Pourquoi n’est-elle pas partout ? « Hole In Nature » se fait velours (enfin, un peu râpeux tout de même), la voix de Sanford nous grise, encore un morceau parfait, encore un. « Hollow » vient conclure le disque comme il avait commencé, avec cet alliage précis (et précieux) de mélodies et de coups de boutoirs. Et ce refrain, mes petits, ce refrain. Voilà, la leçon est terminée. Negative Work est un grand, très grand disque.

Vous l’aurez compris, ce disque fait l’unanimité entre moi, moi-même et je, j’ai même quelques amis qui n’en reviennent pas, c’est vous dire. E est également une vraie expérience à vivre en concert, un truc sans fioritures aucune, mais qui vous traverse et vous avale. Une musique sincère et passionnée, passionnante.

On a chaud, on est bien, on est Cannibales !