24 août 2019

Report Motocultor 2019

Tiens, qu'est-ce que c'est ici ? Ah oui, un blog, merde. Comme souvent, je devrais commencer par m'excuser pour ma trop longue absence en ces lieux étroits, mais non, on s'en tamponne, on passe directement à l'essentiel : Le Motocultor qui s'est tenu il y a une semaine non loin de Vannes (pas les blagues, la ville, quoi que vu certains groupes de la prog, on pourrait se demander, nous y reviendront.)

Jour 1 : "Ils sont très noirs les nuages là-bas, non ?"

Le festival s'ouvre, merveille des merveilles, par Mars Red Sky, qu'on ne se lasse pas de voir et de revoir, encore et encore, surtout qu'aujourd'hui, le groupe a quelques nouveautés dans son sac à potions, profitons-en ! Rien à redire, les bordelais transpirent toujours autant la classe et se planquent, chose de plus en plus rare, derrière leurs compos. Tout pour la musique, comme disait l'autre. Donc, non, on ne va pas voir un concert de Mars Red Sky pour le show, mais bien pour ce son si particulier qu'ils cultivent depuis maintenant douze ans, psychédélique et lourd, aussi gras qu'il est aérien. Une bonne ouverture de la boutique.

Je ne vous direz pas qu'Au-dessus était en-dessous de tout, mais bon, je m'y suis ennuyé comme jamais, c'était plat et long, mais alors long. Question de goût, certainement, mais tout de même.

Not Scientists, au contraire, était frais et rigolo, rien d'étonnant avec deux anciens Uncommonmenfrommars à bord. Un concert bien fun, mais qu'on aurait préféré voir ailleurs que sur la grande scène. Leur cocktail punk mélo/emo avait le bon goût de la fin du millénaire dernier, quand l'emo se réinventait pour la dernière fois et que The Get Up Kids en étaient les rois. Un chouette moment !

Juste après, la Supositor Stage (quel nom) accueille les rois du Trashcore épicé keupon : Iron Reagan. Un petit moment qu'ils n'étaient venu par chez nous, justifiant le monde plutôt conséquent devant la scène. L'autre raison étant que la musique des cinq foufous se révèlent bien mieux en live que sur disques, où elle souffre parfois d'un côté un poil linéaire. Ici, que nini, ça va vite, ça joue carré, c'est rigolo, les titres s'enchaînent à une vitesse folle, le chanteur s'amusant à tenir les comptes assez régulièrement. Pas le temps de s'ennuyer, quelques tubes, tel le très efficace "Fuck The Neighbours" et le groupe s'en va sans qu'on ait eu le temps de dire "ouf". Un des pics de coolitude du fest, assurément.

Plus tard, Ange s'installe gentiment sur la Massey Ferguscène (quel nom bis) et c'est parti pour un voyage assez loin des terres métalliques, vers un passé foisonnant où le groupe mené par Christian Décamps était très haut placé sur le trône du prog à la française. Le groupe n'ayant jamais arrêté de tourner et sortir des disques, nous découvrons beaucoup de choses que nous ne connaissions pas et le chanteur impressionne la foule par sa voix toujours magique et sa présence ultra charismatique. Quelques moments de grâce plus tard, on sort de sous la tante sonnés et émus. Un concert vraiment spécial, au milieu du bruit et (bientôt) de la boue ! Toutes les générations s'étaient données rendez-vous sous la tante, pour voir si la bête bouge encore, et la réponse est plus que oui. Rappelons qu'Ange a sorti son premier disque en 1972, il y a 47 ans !! Une vie de musique et un concert d'une générosité rare. J'ai versé ma petite larme (pas la dernière du weekend), c'est dire.

Puis, tout à coup, Magma. Je n'avais jamais eu la chance de les voir, alors que le groupe fait partie de ceux que j'écoute depuis que gamin j'ai mis le doigt dans l'engrenage de la grande machine de la musique qui fait du bruit. Imaginez donc mon émotion, de voir, pas très loin de moi, Christian Vander finir de s'installer. Et pensez au fait que l'an prochain, le groupe fêtera ses 50 ans. Sinon, que voulez-vous que je vous dise ? Le concert était parfait. Magma était révolutionnaire en 1970, il l'est toujours aujourd'hui, après 50 piges passées sur un trône que nul n'a jamais pu lui prendre. La raison ? Personne n'a jamais boxé dans sa catégorie. Magma est plus fou, plus unique, plus technique, plus musical, plus rythmique, plus dense, plus magique, plus tripant que tout ce qui a été produit en France en cinq décennies. Et ils ont ouvert la voie à tout le monde. Tout simplement. Et donner des concerts comme celui-ci, après tout ce temps, n'est rien d'autre que la preuve du génie, et d'un type particulier, celui qui ne se dément jamais. LE concert du festival.

Le dernier concert du vendredi sera pour nous NOFX. Un groupe que j'adore (si, si) et que j'ai toujours envie de revoir, encore et encore, bien qu'ils soient de plus en plus rares en France. Sauf que. Mais. Alors bon. Oui... Non ! Je savais que Fat Mike aimait faire le con, qu'en festival, le groupe s'amusait surtout à tout faire sauf de la musique, mais là... Non. Alors oui, dès qu'ils jouent, c'est toujours aussi bon, oui, le groupe est encore une machine à tube punk mélo. Oui, c'est rigolo les blagues et les cascades. Oui, mais non. L'équilibre habituel conneries/musique n'était pas de la partie, tout était brouillon, bordélique. Trop bordélique, sentant le foutage de gueule.

Jour 2 : Et de la boue, sortit un Golem.

Plutôt que de passer notre vie dans la boue, mes camarades de chantier et moi-même avons préféré dormir et profiter d'un peu de confort. C'est ainsi que nous ne sommes arrivés que vers 19H20 sur le site pour profiter, frais et dispo, d'un concert de Sólstafir plutôt pas mal du tout, plein de tubes et d'émotions, même s'il est flagrant que les morceaux les plus récents sont bien faibles comparés à l'époque bénie des trois précédents albums. L'absence du batteur originel se faisant cruellement sentir. Un bon concert tout de même.

Dopethrone est tout ce dont vous avez besoin si vous aimez le gras, le sale, le sludge. Par contre, si vous aimez avoir avec ça, un minimum de finesse, un soupçon de quelque chose qui fasse la différence, il faudra repasser. Beaucoup trop de sauce, beaucoup trop d'épices, la recette est extrême, mais, au milieu d'un champ de boue, elle passe assez agréablement. 

On ne vous parlera pas ici de Trust, parce qu'on a eu d'autres choses à faire que d'aller les voir. Étonnant, tout de même, qu'un groupe comme celui-ci existe toujours, capitalisant éternellement sur les trois mêmes tubes, n'ayant rien produit de décent depuis des décennies.

Puis vint EyeHateGod et le Golem se mit à marcher. Le groupe de la Nouvelle-Orléans fait partie de ceux qui ont défini un genre, l'ont fait évoluer, perdurer et profitent de chaque concert pour remettre leur titre en jeu, tout déballer et exhiber fièrement leurs entrailles. Dans chaque genre, sous chaque étiquette qu'on utilise pour cataloguer la musique, se cache trois ou quatre groupes maximum qui sont au-delà de la comparaison. Il suffit de les voir sur scène, n'importe quand, cela se vérifie à chaque fois, pour se rendre compte qu'ils sont hors des modes, qu'ils portent une musique qui dépasse toutes les autres. Ils ne sont pas simplement talentueux, il s'exhale de leurs concerts quelque chose de plus, de différent, de magique et d'inquantifiable qui les rend uniques. EyeHateGod est clairement de ceux-là. Et ce concert nous l'a encore une fois rappelé. Un must de cool, de haine et de catharsis.

Jour 3 : Vieux trash über alles.

Après deux jours passés dans la boue, un peu de soleil se mit à faire sécher les cœurs et les esprits, le festival pouvait se terminer tranquillement avec, semble-t-il, beaucoup moins de monde (certains ont dû difficilement survivre au camping).

Je rêvais de voir Voivod depuis longtemps, depuis Jason Newsted (oui, j'ai grandi avec Metallica, c'est ainsi, on n'y peut rien), depuis que la passion de la SF m'a fait découvrir ce groupe par le biais de leurs pochettes d'albums absolument folles. Je n'ai pas été déçu, et cela m'a donné envie de me plonger plus avant dans leur discographie si originale. Voivod s'est inventé son propre genre, sa propre façon de faire, et le concert de ce dimanche après-midi nous a rappelé que l'humilité et la classe sont des critères grâce auxquels on reconnait les plus grands. Un des grands concert de cette édition.

Sacred Reich, cinq jours avant la sortie de son premier disque en vingt-trois ans, est venu nous rappeler pourquoi il était toujours debout après tout ce temps. Du trash efficace, brute, mélodique, et un sens du cool, des interventions entre les morceaux à l'opposée de ceux qui essaient de jouer les gros méchants. Un concert aussi joyeux que la musique était écrasante de rigueur. Des tubes, partout, et des nouvelles compos qui tiennent plus que la route. Une raison de plus de se jeter sur le nouveau bébé, Awakening, album d'un retour discographique qu'on n'osait plus espérer.

Napalm Death, oui, alors, bon, comme ça, après trois jours, de loin. Oui, oui, c'est toujours Napalm Death, ils ont tout inventé, ils ont tout traversé, tout essayé, ils sont toujours là. Barney tient toujours la boutique en donnant l'impression que sa vie en dépend. Il faut les avoir vu une fois dans sa vie ? Sûrement. C'est un classique, une référence, une borne. Mais, avec la fatigue, vue de loin, pas grand chose.

Cet article était garanti sans Gronibard et sans Henri Dès ajoutés.

Si toi aussi tu voudrais que l'été perdure inlassablement, sois cannibale !

31 janvier 2019

Interview Endless Floods



Endless Floods sortira le 15 février,  Circle The Gold, son nouvel album. Petite discussion par mails.

Pour commencer, vous sortez bientôt votre troisième album, pouvez-vous m'en dire plus sur sa création, sa production, sa sortie ?

Circle The Gold a été composé sur environ 2 ans. Direct après II, on a posé les bases de Circle... L'idée, c'était de pousser les idées abordées dans II plus loin. A savoir, essayer de remettre au cœur d'un album "heavy" le sentiment de temps long, d'espace, de montées et descentes, mais à une échelle longue. Une première version de Circle... a été enregistré en mars 2017 mais on était moyennement satisfaits de l'équilibre de l'ensemble. Après quelques mois de pause on a repris le travail de zéro et en mars 2018 on a réenregistré l'ensemble de Circle… sous la forme qui sort là. Comme on envisage Endless Floods comme un groupe qui produit pour avancer, apprendre en plus d'exorciser des envies variées, on a décidé aussi de pousser la production plus loin sur Circle..., notamment le chant et les couches sonores additionnelles. Repartir de zéro nous a poussés à passer quelques caps importants, notamment le fait d’enregistrer quelque chose qui aille au-delà de ce que la formule "power trio" pouvait nous permettre de faire techniquement. On est très content d'avoir fait ça. Le chant aussi a été envisagé différemment, ça nous trottait dans la tête depuis quelques temps et on a initié le travail sur Circle

Tu parles de changements de productions sur le chant, peux-tu m'en dire plus ? J'aimais beaucoup le chant sur "II" qui me semblait très original dans le contexte de votre musique car il me rappelait certains groupes de screamo avec un chant très tourné vers l'émotion. Faut-il s'attendre à quelque chose de différent sur "Circle The Gold" ?

Disons que ça faisait 15 ans que je chantais (hurlais) de cette manière. Ça a des avantages, comme la spontanéité, le "à vif" mais ça a aussi ces défauts me concernant. Le principal étant que je me défonçais la voix en 10 minutes... J'ai aussi senti que j'allais être limité en termes de proposition. J'ai donc juste travaillé un peu de mon côté et intégré de nouvelles choses. Pour autant j'aurais tendance à dire que l'émotion reste là. Après c'est sûr que c'est moins "Screamo", mais perso je me suis jamais méga retrouvé dans cette comparaison. Je conçois que mon chant ait pu être associé à ça, mais ça n’était pas volontaire de mon côté. 

Est-ce que c'était une volonté dès le début de la composition de ce nouvel album de rester sur un format de disque assez court ?

Non, on a juste joué les morceaux dans les longueurs qui nous semblaient adéquates. Je vois que l'album fait un peu moins de 40 minutes, mais ce qui nous importait le plus c'était le ressenti du temps plus que la longueur formelle. Parfois, 10 minutes semblent très courtes et parfois elles sont ressenties comme une heure... On s'est juste soucié de trouver un équilibre général. L'idée c'est d'encourager à se laisser aller mais aussi d'entretenir l'attention par le détail et la dynamique, aussi subtile qu'ils puissent être. Aussi, en rapport avec ces "objectifs", on en revient souvent à élaguer pour se concentrer sur l'essentiel. C'est un apprentissage de tailler dans la matière mais ça oblige à pas se reposer sur "la longueur" et chercher l'essentiel et le ressenti plutôt. On aurait pu s'embarquer dans un troisième morceau pour l'album, mais on avait déjà balayé pas mal d'ambiances sur les 2 et on a préféré en rester là et creuser ce qu'on avait. En plus, comme on est assez productifs, ça nous permet d'avoir du nouveau matos à bosser pour de futures sorties tout le temps.

Ce travail sur la dynamique et le ressenti du temps me semble très abouti sur "Seeds". J'aime particulièrement ce morceau et sa dernière partie où ton chant est très mélodique. De quoi parle ce morceau ?

Merci ! "Seeds" parle justement de ce besoin de temps plus long en général. De recul et de distance par rapport à des événements ou des problèmes. Je ne généralise pas ça à tout, il faut garder de l'instinctif et du spontané mais savoir accepter que tout ne se règle pas du jour au lendemain permet, il me semble, de mieux gérer sa frustration par exemple. Ce qui est intéressant c'est que c'est à l'image du morceau. Après la première version on a dû accepter que quelque chose ne marchait pas. Ensuite, ça nous a pris du temps pour identifier les problèmes, les évaluer et envisager des solutions. Même là, il a fallu du temps pour comprendre et intégrer où on pouvait aller avec ce morceau. Du coup, les paroles résonnent entre autre avec la genèse du morceau et avec sa forme actuelle, tout en évolution. Se remettre en question, envisager le changement et accepter le temps long.

Je crois savoir que vous avez accueilli un nouveau guitariste pendant la création de Circle The Gold ? Est-ce que ça a eu une influence sur votre façon de composer et d'appréhender le groupe ?

Alors oui, on travaille à quatre en ce moment après l'intégration de Jérôme en deuxième guitare/machines. Cependant Jérôme est arrivé après le processus d'écriture de Circle... On a commencé à discuter de son intégration avec lui vers la fin de la production de l'album. À ce moment-là, on avait déjà poussé nos ambitions un peu plus loin, au-delà de ce que le format à trois nous permettait. On sentait que pour assumer pleinement ce cap, notamment en live, c'était important d'avoir quelqu'un avec nous en plus. Jérôme, c'est le méga boss quand il s'agit de production, d'habillages et de textures. C'est un pote depuis longtemps, on a déjà tourné ensemble (il joue dans Year of no Light avec qui Monarch a tourné plusieurs fois) et on avait envie de faire de la musique ensemble aussi. C'est tombé à point nommé pour la suite du groupe. 

Du coup, est-ce qu'en live, vous réarrangerez certains anciens morceaux pour deux guitares ?

Oui, on est en train de travailler tout ça en ce moment. 

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de monter Endless Floods ? 
Ce qui a lancé l'envie ce sont des références relativement classiques : Corrupted, Harvey Milk, Boris, Neurosis, Asunder, Earth, Melvins...

Merci à Stéphane Miollan pour ses réponses.

1 janvier 2019

Un top et tout va mieux


    Une année réduite à dix films, dix séries, quatre livres, huit concerts et vingt-cinq disques comme autant de balises de tout ce qui s’est passé entre, d’une vie qui va, toujours et malgré tout. Excellente année 2019 à toutes et tous les cannibales !

Disques :
-Hot Snakes : Jericho Sirens
-Superchunk : What A Time To Be Alive
-Messa : Feast For Water
-Youth Avoiders : Relentless
-Thalia Zedek Band : Fighting Season
-E : Negative Work
-Veuve SS : Traître à tout
-The Messthetics
-Bison : ST
-Setsuko : The Shackles Of Birth
-Grand Final : La Mort
-Mara Jade : Na Zlomeny srdce vedes
-Ken Mode : Loved
-Thou : Magus
-Bellini : Before The Day Has Gone
-Buñuel : The Easy Way Out
-Super Unison : Stella
-Birds In Row : We Already Lost The World
-David Byrne, American Utopia
-Harms Way : Posthuman
-Pig Destroyer : Headcage
-Portrayal Of Guilt : Let Pain Be Your Guide
-Autechre : NTS Sessions
-Akitsa : Credo
-Big’N : Knife of Sin

Mention Spéciale : David Byrne et son meilleur disque depuis très longtemps. Le retour de Hot Snakes avec un disque touchant de très près la perfection. Thalia Zedek et sa magie, deux fois dans le top disques, deux fois dans le top concerts. Encore !

Concerts :
-Blockheads, Motocultor, Saint Nolff
-The Young Gods, Motocultor, Saint Nolff
-Celeste, Motocultor, Saint Nolff
-E, Espace B, Paris
-Thalia Zedek, Olympic, Paris
-Iron Maiden, Bercy, Paris
-Coil Guns, Ken Mode et Birds In Row, Petit Bain, Paris
-Rance, Ulsect et Zhrine, Olympic, Paris

Mention spéciale : Des larmes devant les Young Gods au Motocultor, un concert magique, un voyage, une grande leçon. Le nouvel album sort en févier. Vite, vite, vite !!!

Livres :
-My Absolute Darling, Gabriel Tallent, Gallmeister.
-Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard, Minuit.
-Un feu dans la plaine, Thomas Sand, Les Arènes.
-L’espace du rêve, David Lynch, JC Lattès.

Mention spéciale : My Absolute Darling, un premier roman aussi brutal qu’émouvant.

Films :
-La Douleur
-Phantom Thread
-Katie Says Goodbye
-L’île aux chiens
-Plaire, aimer et courir vite
-Au Poste !
-BlacKKKlansman
-Les frères sisters
-Nos Batailles
-En liberté !

Un souvenir au fond d’une salle de cinéma (le spoil est un mythe) :
La scène finale de Katie Says Goodbye, tout est perdu pour l’héroïne, elle n’a plus rien, elle peut donc tout recommencer et tout redevient alors possible.

Séries :
-Bojack Horseman, saison 5
-Le bureau des légendes, saison 4
-Kidding, saison 1
-Forever, saison 1
-Coin-coin et les z’inhumains
-Sharp Objects, mini-série
-The Deuce, saison 2
-The Haunting of Hill House, saison 1
-Lodge 49, saison 1
-Killing Eve, saison 1

Mention spéciale : The Deuce, pour ses acteurs, sa narration et sa BO, quasiment un personnage à part entière de ce portrait du New York nocturne de la fin des 70’s.

Soigne ton foie et sois cannibale !!!

9 novembre 2018

Love and Mercy


  Quoi de mieux que l’arrivée de l’automne pour un nouveau disque du Thalia Zedek Band ? FightingSeason est sorti en plein milieu du mois de septembre et, autant le dire tout de suite, toutes nos attentes sont comblées par cette collection de chansons aussi lyriques que sensibles à leur époque.

Eve, le précèdent disque du groupe semblait avoir atteint une quasi perfection formelle, le nouveau reprend le même schéma mais en y ajoutant de la rage. Attention, Fighting Season n’est pas un disque engagé, fort heureusement d’ailleurs, mais plutôt de ceux qui font le constat de la nécessité de se tenir debout face au monde qui nous entoure. Il commence très haut dans les sphères mélodiques avec « Bend Again » et son solo signé J Mascis. Un titre qui nous rappelle simplement pourquoi nous aimons tant madame Zedek et nous replonge dans ces sons de guitares si particuliers, chargés d’une émotion jamais feinte. « What I Wanted » nous marque par son refrain tout en répétitions et cette guitare traînante, si facilement reconnaissable.

« Fighting Season » est un des titres phares du disque éponyme, tout y paraît simple, presque facile, avec ce texte réduit à l’essentiel, mais si fort. Et puis, la chanson s’emballe, un tourbillon de roulements de caisse claire et du violon nous transportent vers les sommets d’un disque déjà marquant au bout de trois morceaux.  « Of The Unknown » et « Ladder » creusent le même sillon : mélodies, chant sur le fil.

« War Not Won » est certainement l’autre sommet du disque. Rien d’autre que la voix de Thalia, une guitare, quelques notes de piano et de violon et la magie opère. Une très grande chanson d’où s’élève une lumière qu’on ne trouve nulle part ailleurs que dans les mots et la voix de Thalia Zedek. « The Lines » est plus tendue, rappelant presque E, l’autre formation actuelle de la chanteuse, tout aussi indispensable. Le disque s’achève par « Tower », qui, commençant par quelques notes de guitares accompagnant la voix, s’envole sur les refrains vers plus d’électricité.

Ce nouveau disque du Thalia Zedek Band n’est pas une confirmation mais simplement une nouvelle preuve car cela fait longtemps (et beaucoup de disques) que nous connaissons l’immense talent de la dame. Il suffit de la voir sur scène, comme plus tôt cette année lors d’une tournée européenne solo, pour être touché par la grâce d’un songwriting en communication directe avec les anges. Plutôt rare, non ?

Ramasse des châtaignes et sois cannibale !

15 septembre 2018

Motocultor 2018


Comment parler de trois jours dans la poussière et le bruit, la bière et les saucisses, le temps qui se distord et le ciel toujours bleu ? Comment dire la joie de l’enfant qui sommeille en moi et qui rêvait de voir certains groupes depuis l’adolescence ? Tentative incertaine pour un rapport forcément subjectif d’un festival de Metal.

Il y avait cette année pas vraiment de têtes d’affiche qui me parlaient. L’alternance des scènes a fait que la plupart du temps, nous ne passions par la Dave Mustage que par curiosité, pour dire « Tiens Cannibal Corpse » (fatiguant), « Tiens, Nasheville Pussy » (oui, oui, pourquoi pas), « allons jeter un œil à Ultra Vomit » (à la limite du gênant). Nous avions ensuite du temps pour boire un verre ou d’aller devant les autres scènes y attendre des choses plus consistantes.

Le vendredi, le soleil tape sur la Supositor’s, quand nous arrivons, c’est Nesseria qu’une petite foule attend. Le groupe ne m’a jamais véritablement parlé sur disque, mais là, c’est autre chose, son très bon (dans l’ensemble ce sera le cas tout le weekend), sourires constant, bonne humeur, violence. Ce qui n’est pour nous qu’une mise en jambe annonce du très bon. Ça y est, on y est. Le reste de la journée n’est qu’une promenade, faite de bières et de discussions sur le site du festival, vraiment chouette, petit, bien pensé. Quand le soir arrive, on se retrouve devant Myrkur, que j’étais très curieux de voir enfin sur scène, son dernier LP tournant chez moi régulièrement. La dame ne déçoit pas, impressionne plutôt par son chant d’une richesse folle, sachant monter très haut sous le chapiteau de la Massey Ferguscène. Un concert perturbé par de léger soucis techniques qui n’entament en rien le charme de ce Black Metal  pas tout à fait comme les autres. Encore un petit peu d’attente et nous sommes devant l’équipe technique des Young Gods. Un groupe assez rare depuis quelques temps, que j’adore et que je n’ai eu l’occasion de voir que deux fois auparavant. L’excitation est donc à son comble quand les trois suisses arrivent sur scène. Incroyable concert, comme toujours, les Young Gods dégageant une chaleur sur scène qui touche au sublime. Une setlist parfaite mais un concert qui me semble, forcément, trop court. Un des sommets du festival, assurément. La fatigue du voyage se fait sentir, direction dodo.

Le samedi a été pour moi le jour le plus intense, beaucoup de groupes que j’attendais, aucune déception, un temps idéal, pas trop chaud. Le pied. On arrive, malheureusement, à la fin de Hangman’s Chair, mais le peu que l’on en a vu a fini de nous convaincre de l’incroyable talent de ce groupe parisien aussi original que puissant. Un chanteur impressionnant, une rythmique d’éléphant sur le retour mais à qui on ne peut plus la faire à l’envers, une présence sur scène qui en impose de façon assez bluffante parce que semblant couler de source. Très frustré d’avoir raté le début mais, que voulez-vous, il faut bien dormir. Direction ensuite la Supositor’s, pour le groupe que j’attendais avec le plus d’envie : Blockheads. Pour moi, un des tout meilleurs groupes de Grindcore toutes époques confondues. Et dire qu’ils ne m’ont pas déçu serait une litote. Banane totale, chaleur, poussière, générosité de chaque instant, un esprit punk de vrais passionnés, un son parfait, et cette musique qui fait partie de celles qui constituent les bases de mes goûts musicaux. J’ai même eu la possibilité de faire un câlin au chanteur. Parfait. La surprise du jour, c’est Pelican, un groupe qui sur disque me laisse totalement froid et que j’ai trouvé ici des plus convaincants, malgré quelques soucis de sons (pas leur faute, peut-être). Tenir une scène de festival Metal avec un groupe totalement instrumental me semble être un exploit difficile à réaliser, le groupe le fait avec aisance. Simple et efficace. Puis, la joie de voir Nostromo sur scène, la satisfaction de les savoir revenus pour de bon. Cette brutalité absolument jouissive qui traverse toute l’enceinte entre les arbres de la Supositor’s, cette technicité bluffante, ce Grindcore pas tout à fait comme les autres, technique, chirurgicale. Un des pics de kiff du festival. Plus tard dans la journée, Celeste se fait désirer sur la Massey Ferguscène et a bien raison, le groupe ayant enfin par chez nous la reconnaissance qu’il mérite. Etant maintenant habitué à les voir jouer, la surprise est de taille : de petits changements de mise en scène bienvenus, un son meilleur que jamais et une façon de dérouler tout ça qui en impose comme jamais auparavant. Celeste est au maximum de ses capacités, tient son bidule comme jamais et nous assomme littéralement. Le concert du jour, c’est celui-ci. Et c’est maintenant certain, Infidèle(s) est le meilleur album d’un groupe en permanente progression. Merde, tant de bons groupes français !! Inutile après cela de parler du reste de la soirée, la messe est dite.

Le dimanche ne restera pas comme mon jour favori mais m’a réservé quelques bonnes surprises. J’attendais de voir Cult Of Occult pour me convaincre, leurs albums n’ayant jamais réussi à me faire plus que tendre l’oreille. Eh bien, leur concert était du même bois, violent, plombant, certes, mais linéaire, assez éloigné de ce qui dans le genre sait tout détruire. Tant pis. La surprise de taille du jour fut Stoned Jesus, un groupe qui lui aussi ne m’a jamais vraiment fait sauter au plafond sur disque. Et là, je ne sais pas, cette musique simple et directe, le kiff du stoner en trio, ces trois jeunes types qui tiennent la scène avec sourire et humour, tout était là. Le concert feel good du festival, mais pas non plus un renversement des planètes Stoner non plus, simplement un moment très cool. Ce qui est déjà beaucoup. En prime, un nouveau morceau joué pour la première fois, merci. Sur la même scène, Misery Index m’a étonné par son côté cool et tranquille, ambiance que je n’attendais pas d’un groupe de Death. Rien à en dire de plus, si ce n’est que je suis toujours content de voir un groupe de chez Relapse sur scène, puisque c’est tout simplement le meilleur label américain qui soit. D’ailleurs, Relapse, encore, la dernière claque du festival sera Dying Fœtus qui, là où Cannibal Corpse est chiant comme la lune, se révèle passionnant d’un bout à l’autre d’un set qui, bizarrement, avait lieu sur la Supositor’s. Etrange choix d’organisation, tant le groupe ricain a déplacé les foules. Un batteur totalement inhumain qui joue tout le temps plus vite que tout le monde et qui parfois se met à jouer plus vite que lui-même, un son clean comme un scalpel, une ambiance finalement fun (cet appel au don pour que le groupe puisse fumer sur la route), des musiques d’intro et de conclusion choisies avec soin (Ahahah). Que demander de plus ? Dying Fœtus a inventé le Deathcore (le vrai, celui qui fait se télescoper le Death le plus brutal et le Hardcore le plus violent, pas cette musique pour connards qui est le nouveau nom du Metalcore). Voilà, c’est fini, c’était cool.
Dédicace à Anatole, qui se reconnaitra et qui a été un compagnon parfait.



18 juillet 2018

La Chute de l'empire romain


Aujourd’hui, on cause classique et culte. Botch était pendant quelques années le présent et le futur du Hardcore dans ce qu’il a de plus moderne et inspiré par d’autres genres. Ils étaient de Tacoma et faisaient indiscutablement partie des fleurons du label Hydrahead. On y va ?

Les petits bouts d’chou (j’assume complètement) de Botch jouaient un Hardcore tendance mathématiques appliquées. Ils sonnaient malgré cela bien plus rock’n’roll que, par exemple, Dillinger Escape Plan, surtout en comparaison avec la fin de carrière de ces derniers. En deux albums, quatre splits (dont un avec les Suisses de Knut) et quelques EP, ils ont tranquillement additionné 5 et 7 pour donner vie à une musique chaotique, technique et toujours brûlante. Je me concentrerai ici sur le LP We Are The Romans, sorti en 1999, pic incontestable d’une discographie pourtant foisonnante. Neuf morceaux avec des titres énigmatiques et drôles forment le gros monstre qu'est We Are The Romans, un disque aussi parfait que son artwork est laid.

Quand débute "To Our Friends In The Great White North", on se souvient que la vie n'est pas un long fleuve tranquille et que, si le chaos qui nous entoure a un terrible avantage, c'est bien celui de pouvoir faire naître des albums comme celui-ci. Ça va vite, c'est un poil technique mais on s'en fout, ce qui compte c'est que nous sommes face à un titre passionnant de bout en bout. Il s'y passe beaucoup de choses et, à l'image de l'album entier, Botch nous balade d'un univers à l'autre. Le seul problème (il faut bien qu'il y en ait un), c'est cette production typée de l'époque, qui parfois date le disque dans une époque avec laquelle on peut avoir des soucis. Enfin, question de pinaille.

"Mondrian Was A Liar", quel titre ! Quel brutalité ! Une batterie qui nettoie partout, même dans les coins. "Transitions From Persona To Object" (toujours cet art du titre parfait), plus mathématique que l'Identité d'Euler avec son riff vrille et sa structure en aller-retour. "C. Thomas Howell As The "Soul Man" gagne tous les points, simplement par la grâce d'un passage tout con à la basse à mi-parcours. Et comme si ça ne vous suffisait pas, le morceau prend après une direction mélodique et d'une tenue de route parfaite. Quel talent, mes enfants !! On passe la moitié du temps réglementaire sans s'être rendu compte qu'on avait enfilé son maillot, c'est tout bêtement qu'on est content d'être là et de se faire balader sans savoir trop où.

"Saint Matthew Returns To The Womb" est aussi court qu'il est magique, sans doute le titre instantané de We Are The Romans, un tube. Et ce break de batterie vers une minute et trente secondes, il vaut mieux pour vous que je n'en dise rien, la bonne nouvelle étant que je n'ai plus mal au dos. "Frequency Ass Bandit" est sans doute un poil plus autoroutier, pas ma favorite. Même si à la fin, bon, quand même, oui... "I Wanna Be A Sex Symbol On My Own Terms" vous fera zouker toute une semaine, votre colonne vertébrale à la main tel un lasso, quel groove ! C'est déjà fini avec "Man The Ramparts", les jeux sont faits, la fin sera lente et douloureuse, tout bonnement pour vous montrer que Botch savait tout faire. Effet secondaire : vous habitiez au premier étage et vous voilà partageant un loft de cinq mètres sous plafond avec votre voisine du dessous. Après cela, Botch allait se révolutionner tout seul comme un grand sur le EP An Anthology Of Dead Ends, mais ça, c'est une autre histoire.

Ne parlez plus à votre ostéopathe, soyez Cannibales !

5 juillet 2018

Trois Huit

Boom ! Aujourd’hui, on parle du meilleur super-groupe de la planète. On parle de E, on parle de Negative Work. E, Thalia Zedek (Come, Live Skulls, etc), Gavin McCarthy (ex Karate) et Jason Sanford guitariste de Neptune. Je ne sais pas vous, mais moi, ça me fait rêver. Le premier Lp était déjà excellent, alors, quid, quid, oui quid de celui-ci ?

Le disque s’ouvre avec « Pennies », titre chanté par madame Zedek, mélodique, entêtant et complètement addictif. La guitare de Sanford tournoie, sirène hurlante. Je peux vous le dire tout de suite, ça sera comme ça jusqu’à la fin. « The Projectionist » garde le cap, se fait mathématique, avance avec aisance vers quelque chose de plus hypnotique. Thalia Zedek et Sanford s’y partagent le chant. Il est à noter que jamais E ne sonne comme la réunion de trois entités, Negative Work fait montre d’une réelle cohésion, on écoute ici la musique d’un véritable groupe. Un groupe où une alchimie est clairement présente.

« Poison Letter », je n’ai rien à en dire, il suffit de l’écouter. Ma petite préférée. Si cela ne vous fait aucun effet, je ne peux rien pour vous, peut-être n’aimez-vous tout simplement pas la musique, ce qui n’est pas si grave. Mais cette voix, encore et toujours, ces guitares qui savent aller et venir, feu et glace. Et ce jeu de batterie si particulier, tout en roulements. Enfin, je vous ai dit, je n’ai rien à en dire. « A house Inside » est chantée par Jason Sanford. Il nous susurre à l’oreille, puis sa voix s’emporte et rend ce morceau passionnant.

« Down she goes » arrive avec ses guitares entremêlées et sa rythmique lancinante. Un titre peut-être plus abrasif mais qui, avec le temps, se révèle et emporte tout. On est déjà à la moitié du disque, tout est parfaitement à sa place et un constat s’impose : Negative Work est plus varié, plus abouti que le premier disque de E. Je ne pourrais pas vous quitter sans vous parler de « One In Two », ses guitares mélancoliques qui se mélangent jusqu’à exploser quand la batterie arrive, ce martèlement. Et la voix de Thalia Zedek. Pourquoi ne saoule-t-on pas les masses avec cette voix ? Pourquoi n’est-elle pas partout ? « Hole In Nature » se fait velours (enfin, un peu râpeux tout de même), la voix de Sanford nous grise, encore un morceau parfait, encore un. « Hollow » vient conclure le disque comme il avait commencé, avec cet alliage précis (et précieux) de mélodies et de coups de boutoirs. Et ce refrain, mes petits, ce refrain. Voilà, la leçon est terminée. Negative Work est un grand, très grand disque.

Vous l’aurez compris, ce disque fait l’unanimité entre moi, moi-même et je, j’ai même quelques amis qui n’en reviennent pas, c’est vous dire. E est également une vraie expérience à vivre en concert, un truc sans fioritures aucune, mais qui vous traverse et vous avale. Une musique sincère et passionnée, passionnante.

On a chaud, on est bien, on est Cannibales !