15 septembre 2018

Motocultor 2018


Comment parler de trois jours dans la poussière et le bruit, la bière et les saucisses, le temps qui se distord et le ciel toujours bleu ? Comment dire la joie de l’enfant qui sommeille en moi et qui rêvait de voir certains groupes depuis l’adolescence ? Tentative incertaine pour un rapport forcément subjectif d’un festival de Metal.

Il y avait cette année pas vraiment de têtes d’affiche qui me parlaient. L’alternance des scènes a fait que la plupart du temps, nous ne passions par la Dave Mustage que par curiosité, pour dire « Tiens Cannibal Corpse » (fatiguant), « Tiens, Nasheville Pussy » (oui, oui, pourquoi pas), « allons jeter un œil à Ultra Vomit » (à la limite du gênant). Nous avions ensuite du temps pour boire un verre ou d’aller devant les autres scènes y attendre des choses plus consistantes.

Le vendredi, le soleil tape sur la Supositor’s, quand nous arrivons, c’est Nesseria qu’une petite foule attend. Le groupe ne m’a jamais véritablement parlé sur disque, mais là, c’est autre chose, son très bon (dans l’ensemble ce sera le cas tout le weekend), sourires constant, bonne humeur, violence. Ce qui n’est pour nous qu’une mise en jambe annonce du très bon. Ça y est, on y est. Le reste de la journée n’est qu’une promenade, faite de bières et de discussions sur le site du festival, vraiment chouette, petit, bien pensé. Quand le soir arrive, on se retrouve devant Myrkur, que j’étais très curieux de voir enfin sur scène, son dernier LP tournant chez moi régulièrement. La dame ne déçoit pas, impressionne plutôt par son chant d’une richesse folle, sachant monter très haut sous le chapiteau de la Massey Ferguscène. Un concert perturbé par de léger soucis techniques qui n’entament en rien le charme de ce Black Metal  pas tout à fait comme les autres. Encore un petit peu d’attente et nous sommes devant l’équipe technique des Young Gods. Un groupe assez rare depuis quelques temps, que j’adore et que je n’ai eu l’occasion de voir que deux fois auparavant. L’excitation est donc à son comble quand les trois suisses arrivent sur scène. Incroyable concert, comme toujours, les Young Gods dégageant une chaleur sur scène qui touche au sublime. Une setlist parfaite mais un concert qui me semble, forcément, trop court. Un des sommets du festival, assurément. La fatigue du voyage se fait sentir, direction dodo.

Le samedi a été pour moi le jour le plus intense, beaucoup de groupes que j’attendais, aucune déception, un temps idéal, pas trop chaud. Le pied. On arrive, malheureusement, à la fin de Hangman’s Chair, mais le peu que l’on en a vu a fini de nous convaincre de l’incroyable talent de ce groupe parisien aussi original que puissant. Un chanteur impressionnant, une rythmique d’éléphant sur le retour mais à qui on ne peut plus la faire à l’envers, une présence sur scène qui en impose de façon assez bluffante parce que semblant couler de source. Très frustré d’avoir raté le début mais, que voulez-vous, il faut bien dormir. Direction ensuite la Supositor’s, pour le groupe que j’attendais avec le plus d’envie : Blockheads. Pour moi, un des tout meilleurs groupes de Grindcore toutes époques confondues. Et dire qu’ils ne m’ont pas déçu serait une litote. Banane totale, chaleur, poussière, générosité de chaque instant, un esprit punk de vrais passionnés, un son parfait, et cette musique qui fait partie de celles qui constituent les bases de mes goûts musicaux. J’ai même eu la possibilité de faire un câlin au chanteur. Parfait. La surprise du jour, c’est Pelican, un groupe qui sur disque me laisse totalement froid et que j’ai trouvé ici des plus convaincants, malgré quelques soucis de sons (pas leur faute, peut-être). Tenir une scène de festival Metal avec un groupe totalement instrumental me semble être un exploit difficile à réaliser, le groupe le fait avec aisance. Simple et efficace. Puis, la joie de voir Nostromo sur scène, la satisfaction de les savoir revenus pour de bon. Cette brutalité absolument jouissive qui traverse toute l’enceinte entre les arbres de la Supositor’s, cette technicité bluffante, ce Grindcore pas tout à fait comme les autres, technique, chirurgicale. Un des pics de kiff du festival. Plus tard dans la journée, Celeste se fait désirer sur la Massey Ferguscène et a bien raison, le groupe ayant enfin par chez nous la reconnaissance qu’il mérite. Etant maintenant habitué à les voir jouer, la surprise est de taille : de petits changements de mise en scène bienvenus, un son meilleur que jamais et une façon de dérouler tout ça qui en impose comme jamais auparavant. Celeste est au maximum de ses capacités, tient son bidule comme jamais et nous assomme littéralement. Le concert du jour, c’est celui-ci. Et c’est maintenant certain, Infidèle(s) est le meilleur album d’un groupe en permanente progression. Merde, tant de bons groupes français !! Inutile après cela de parler du reste de la soirée, la messe est dite.

Le dimanche ne restera pas comme mon jour favori mais m’a réservé quelques bonnes surprises. J’attendais de voir Cult Of Occult pour me convaincre, leurs albums n’ayant jamais réussi à me faire plus que tendre l’oreille. Eh bien, leur concert était du même bois, violent, plombant, certes, mais linéaire, assez éloigné de ce qui dans le genre sait tout détruire. Tant pis. La surprise de taille du jour fut Stoned Jesus, un groupe qui lui aussi ne m’a jamais vraiment fait sauter au plafond sur disque. Et là, je ne sais pas, cette musique simple et directe, le kiff du stoner en trio, ces trois jeunes types qui tiennent la scène avec sourire et humour, tout était là. Le concert feel good du festival, mais pas non plus un renversement des planètes Stoner non plus, simplement un moment très cool. Ce qui est déjà beaucoup. En prime, un nouveau morceau joué pour la première fois, merci. Sur la même scène, Misery Index m’a étonné par son côté cool et tranquille, ambiance que je n’attendais pas d’un groupe de Death. Rien à en dire de plus, si ce n’est que je suis toujours content de voir un groupe de chez Relapse sur scène, puisque c’est tout simplement le meilleur label américain qui soit. D’ailleurs, Relapse, encore, la dernière claque du festival sera Dying Fœtus qui, là où Cannibal Corpse est chiant comme la lune, se révèle passionnant d’un bout à l’autre d’un set qui, bizarrement, avait lieu sur la Supositor’s. Etrange choix d’organisation, tant le groupe ricain a déplacé les foules. Un batteur totalement inhumain qui joue tout le temps plus vite que tout le monde et qui parfois se met à jouer plus vite que lui-même, un son clean comme un scalpel, une ambiance finalement fun (cet appel au don pour que le groupe puisse fumer sur la route), des musiques d’intro et de conclusion choisies avec soin (Ahahah). Que demander de plus ? Dying Fœtus a inventé le Deathcore (le vrai, celui qui fait se télescoper le Death le plus brutal et le Hardcore le plus violent, pas cette musique pour connards qui est le nouveau nom du Metalcore). Voilà, c’est fini, c’était cool.
Dédicace à Anatole, qui se reconnaitra et qui a été un compagnon parfait.



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