22 octobre 2013

Ressources humaines

Pour la dernière rentrée scolaire, on a eu le droit à une bonne nouvelle. Oui, mais voilà, elle venait confirmer ce que l'on savait déjà : 12XU c'est fini ! On pouvait alors se consoler avec On largue les amarres. Une jolie épitaphe, un magnifique objet accompagné d'un livret rempli d'anecdotes et de photos.

Ce disque posthume reprend tous les titres présents sur tout ce que le groupe a sorti en dehors des Grandes Marées (quel putain d'album). Il y a donc ceux des splits avec Old Growth et Abject Object, ceux sortis sur des compils et l’intégralité de la single serie. Comme la générosité est ici de rigueur, vous aurez le droit en plus à deux inédits dont une reprise sympa de La Fraction. Ajoutez à cela que le disque est vendu par Stonehenge pour 8 petits euro.

L'intérêt de l'objet, hormis sa grande classe, est que la plupart de ces morceaux sont introuvables et constituent un témoignage de ce que fut 12XU : un groupe fun et humble, trois types qui se font plaisir. Chaque titre donne envie de chanter à gorge déployée leurs quelques lignes de paroles si particulières. La galette regorge de tubes : "Tigre de papier", "Salut les jeunes" ou l'excellente reprise du "Coming clean" de Green Day et sa teneur nostalgique la rendant encore meilleure que l'originale.

Ils sont rares les exemples de groupes Emo Punk sachant jouer du versant mélodique avec autant d'aisance, cela sans jamais tomber dans le mielleux ou la caricature. Tout ici respire la sincérité, chaque morceau fait mouche dès la première écoute tout en réalisant l'incroyable tour de force de ne jamais lasser, même après de nombreuses écoutes. Car une fois gouté à ces seize morceaux, vous ne pourrez plus les quitter pendant un bon bout de temps, tant leur apparente simplicité cache des trésors, ici une ligne de chant qui fait frissonner, là un gimmick de batterie addictif.

Heureusement on a de quoi se consoler de la perte de cet excellent groupe puisque les trois membres jouent dans d'autres formations. Gwen et Julien dans Bâton rouge (dont un deuxième LP est prévu pour l'an prochain), Hugues dans Veuve SS (leur EP viscères est une énorme tuerie) et Gwen encore dans Torino dont le premier EP vient tout juste de sortir chez Echo Canyon.


"Il y a toujours dans ma tête "do you have the time to listen to me whine"". "K7 abimées".

Rembobine et sois cannibale !

21 octobre 2013

French Connection

Au beau milieu des 90's, la France allait enfanter d'un truc merveilleux, sur tout le territoire un vent semait quelque-chose d'aussi imparable qu'agréablement nauséabond : Une scène Noise ! Une poignée de groupes indispensables allaient alors répandre la bonne parole au travers de quelques disques aussi géniaux qu'aujourd'hui, pour la plupart, introuvables. Be kind rewind !

Rien à foutre ici de l'objectivité et encore moins de l’exhaustivité, je ne parlerai ici que de ce qui me plait... Commençons donc par un groupe qui squatte toujours aussi souvent ma platine, Bästard. Ces cinq de Lyon avaient tout compris, tout digéré et il venaient convertir l'hexagone à la rugosité bienvenue de leur musique hors-normes. Un son abrasif, touffu, recouvert de samples glaciaux, des morceaux expérimentaux et fous mais, tour de force, jamais chiant et toujours efficaces.

Continuons avec Sloy, la réponse française parfaite à Jesus Lizard. En trois albums gorgés de tubes furieusement addictifs, les trois sudistes (exilés plus tard à Rennes) écrivent une des meilleures pages du rock indé de chez nous. Une pléthore de claques, beaucoup de fun et, si longtemps après, toujours cette envie de réécouter, encore et encore.

Dans le sud, on avait aussi Tantrum. Dans une veine plus Hardcore, des morceaux sinueux rappelant parfois le meilleur d'Unsane. Une discographie dense, une musique frontale qui ne prend pas une ride. Satisfait ?

Attention, mon préféré pour la fin : Portobello Bones. Ce groupe de Tours ayant splitté en 2002 nous laisse de quoi se gaver de son pour un moment, six albums et autant de EPs. Des paroles politisées et une musique frontale, là aussi influencée par le Hardcore, le tout loin des clichés. Une ribambelle de morceaux géniaux et une richesse musicale indéniable font de ce groupe une référence. Passionnant !

Ceci n'est bien sûr qu'un minuscule aperçu, jetez aussi une oreille à Condense, Heliogabale ou Ulan Bator. Vous aurez là une idée de la richesse incroyable de ces années qui nourrissent une scène indé française qui est aujourd'hui géniale et variée. Une scène également marquée par un esprit d'indépendance et une liberté de création sans compromis, d'autant plus remarquable dans un pays comme le notre qui n'est franchement pas la terre promise en matière de Rock.

"La musique c'est du bruit qui pense." Victor Hugo.

Creuse une citrouille et sois cannibale !

12 octobre 2013

Les Beaux gosses

    Il était une fois quatre garçons promis à un grand avenir, ils étaient beaux, ils étaient riches et... Non, je déconne. Aujourd'hui, nous parlerons des Descendents, le groupe sans qui tu n'aurais pas pu avoir l'air cool avec des lunettes rectangulaires et sans qui, également, le mot hardcore mélodique ne voudrait rien dire.

As-tu, petit nerd, déjà rêvé que les filles t'adoraient pour ton QI et non tes muscles ? Pour ta culture et non pour ta gueule ? As-tu déjà fantasmé, devant le miroir, être sur une scène pour parler de tes amours impossibles alors que derrière toi, trois mecs talentueux à mourir jouent une musique fun et puissante ? Sois rassuré, tes fantasmes sont réalisables, un mec les as tous déjà vécu. Il s'appelle Milo Aukerman.

Une guitare et deux ou trois accords, des mélodiques faciles à retenir mais faisant montre d'un talent de composition foufou, une section rythmique qui fait oublier le cliché qui dit que les punks ne savent pas jouer (Bill Stevenson, je t'aime). Et par dessus tout ça, la voix de Milo, le porte-parole de ceux qui se font péter la gueule à la récré, de ceux que les filles ne regardent pas, un mec simple qui écrit des textes universels et un peu idiots. Mais au-delà de ça, il y a quelques textes de chansons qui font parties du panthéon du punk ricain : "Hope", "I'm not a punk", "Statue of liberty", "Suburban home", "Marriage". Tous ceux-là sont sur le premier album, un disque en forme de tables de la lois, une des bibles du punk. Tout simplement.

En intégrant une dimension fun et sans prise de tête à l'univers du Hardcore, les Descendents ne savaient certainement pas qu'ils ouvraient une boite de pandore d'où aller sortir le meilleur comme le pire du punk des trois dernières décennies. Ils font parties des quelques noms, comme Black Flag, Minor Threat ou Bad Brains, qui ont marqué le genre en lui imposant une vision originale. Tout cela sans jamais se défaire d'une certaine éthique, d'une farouche indépendance et du côté frontal que cette musique devrait toujours avoir.

Je crois que chaque personne ayant écouté les Descendents au moins une fois dans sa vie s'en souvient. Elle se souvient d'avoir entendu une chose modestement magique, le son de quatre mecs sans style ou tatouage, réunis pour faire une musique honnête et fun, sans prétention mais toujours pertinente et forte. Ça fait trente ans que ça dure, sans jamais renier d'un iota une formule qui a depuis largement fait école. Les Descendents sont des précurseurs, des sortes de prophètes d'une certaine conception de ce qu'on pourrait appeler le "fun conscient". Non, j'déconne, c'est des losers.


"My day will come, I know someday I'll be the only one."

 Tu peux continuer d'être un loser, mais alors fait ça bien !