21 avril 2013

In the mood for love

Chi Cheng est mort. Je fais partie de cette génération bâtarde qui a grandi en écoutant Deftones sur des CD gravés de mauvaise qualité, qui a vu Le Pen au second tour et a fini par voter la fermeture de plein d'usines en croyant voter pour la gauche. C'est la fin d'une époque.

Pour ceux qui ne suivent pas, là-bas au fond, le bassiste ne jouait déjà plus dans le groupe depuis un terrible accident l'ayant plongé dans le coma. Deftones continuait déjà son bonhomme de chemin depuis deux albums, dont le dernier Koy No Yokan dont il sera question aujourd'hui. Sortez une copie double et décrivez moi en 750 mots ce que représente pour vous ce dernier album sorti fin 2012 !

J'ai entendu le son du groupe pour la première fois à douze ans, c'est un élément constitutif de mon environnement sensoriel, tellement ancré dans ma mémoire qu'il m'est difficile de me pencher sur ce nouvel album. Pourtant, je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler un fan de Deftones, c'est pour moi un très bon groupe, parmi les meilleurs, mais pas non plus un truc avec lequel je m'endors tous les soirs en pensant à mon premier amour.

Ce qui me surprend toujours quand j'écoute un nouveau disque du groupe pour la première fois, c'est que tout y est terriblement reconnaissable, différent du reste, unique. Et même si cela n'a pas toujours fonctionné par le passé, ici ils réussissent à pousser les cloisons de leur espace identitaire pour y inclure en douceur de nouveaux éléments, de nouvelles façons de faire, tout en restant Deftones et rien que Deftones. Je ne vous parle pas d'une évolution qu'on pourrait comparer avec celle opérée sur White Pony, où là c'était plutôt à coups de masse qu'ils rangeaient leur piaule; mais d'un truc subtil, le peu qu'il faut pour se dire qu'après toutes ces années, ils continuent de progresser et de parfaire leur discographie. Et ça, on ne voit pas ça chez tout le monde, soit les groupes finissent par s'enfoncer dans une formule, soit ils cherchent l'innovation et se plantent en beauté.

Vous l'aurez compris, ce nouveau cru est de la catégorie des bons, de ceux qui surprennent délicatement le palais tout en vous confortant sur le choix du vigneron. De là à se bourrer la gueule avec, il y a quand même un monde. Cela parce que Deftones est un groupe qui est constitutif du décors depuis longtemps, que l'adolescence est derrière nous et que depuis le temps, il n'y a plus le même enjeu à écouter un de leurs bébés. Alors bien sûr, il y a du tube par poignées sur cette galette, il ne faut pas être médisant, écouter "Rosemary"," Tempest" ou" Leathers" est un plaisir chaque fois renouvelé. Mais que voulez-vous, on n'a plus quinze ans, faut payer les factures, faire le ménage et Deftones n'a plus le même impact qu'à l'époque. Non pas qu'ils ne soient plus pertinents, mais comme nous ils vieillissent, simplement.

Fort heureusement, Deftones ont échappé au sort de tous les groupes de Neometal qui ont tous fini par faire de la merde, quand ils n'en faisaient pas déjà dès le début de leur carrière. Ce groupe a toujours eu un truc en plus, le petit rien qui fait toute la différence et les années passant, cela ne s'est que rarement démenti.

En Californie, les meilleurs Tacos sont cannibales.

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