26 juillet 2013

Les égarés

Parlons aujourd'hui d'un groupe unique par bien des aspects : Codeine. Dans la première moitié des années 90 et en deux LP, ce groupe transforme la planète rock indé sans que la masse ne s'en émeuve outre mesure. Vous comprendrez aisément que le quidam avait d'autres chats à fouetter, Nirvana en tête.

Jamais auparavant le Rock n'avait été si lent, si triste et si beau. L'épure ici est totale et cette musique est pourtant d'une richesse et d'une profondeur émotionnelle peu commune. Ceux qui perdent leur temps, et aussi le notre, à poser des étiquettes sur le son ont appelé ça du SlowCore. Ben voyons. Le souci avec les étiquettes, c'est que sous la même appellation on trouvait aussi Low, groupe génial également mais n'ayant pas grand-chose à voir avec Codeine.

Car Codeine ne ressemble qu'à lui-même et possède l'art de mettre la détresse affective et la tristesse en sons et en ambiances, cela parfois avec une violence contenue mais que l'on sent prête à tout dévaster. Ce que sa musique n'exprime qu'en filigranes nous apparait alors comme plus vrai, comme si c'était la pudeur qui retenait tout cela. Comme lorsqu'on n'ose dire le mal-être qu'à demi-mots. Là réside toute la force du groupe, dans son honnêteté jamais démonstrative mais simplement nécessaire. On sent qu'il n'y a rien d'autre à faire que de la musique pour pouvoir évacuer ce dont nous parle le groupe.

Il ne nous reste alors qu'à nous laisser porter par cette lenteur tour à tour rassurante ou pesante, qu'à nous plonger dans ces ambiances si sombres et qui nous attirent pourtant par leur beauté presque lumineuse. Car cette musique nous parle à tous, en exprimant des sentiments et des sensations violentes, elle finit par gagner un côté universel. Il ne faut surtout pas avoir peur de ce qu'elle peut nous faire, on en sortira de toute façon grandi, avec la sensation de mieux nous connaitre nous-même. Et quand la musique sait faire cela, on se souvient de pourquoi on en écoute.

"Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse." Françoise Sagan

Sois triste ou sois cannibale

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire