22 décembre 2012

Apocalypse now

Réjouissez-vous mes frères car l'apocalypse est pour hier. Il n'y a pas eu de cris pour déchirer cette nuit d'attente des fêtes de noël, il n'y a pas eu de meurtre ou de sauvagerie. Du moins, pas plus que d'habitude. Pour fêter (déplorer ?) la préservation de notre planète si belle et si futile, quoi de mieux que de parler de R.E.M ?

Avant de remplir les stades des contrées civilisées et d'être des stars vivants loin du monde et de ses préoccupations; R.E.M était simplement un très bon groupe de rock américain. Un des meilleurs de la première moitié des années 80. Michael Stipe avait encore des cheveux, leurs textes étaient aussi cryptiques qu'engagés. Derrière, en toile de fond, il y avait Reagan, le capitalisme, l'individualisme finalement gagnant de la guerre des idéologies.

En cinq ans et autant d'albums sortis loin des majors (de 1983 à 1987), pas sur un petit label kurde non plus, R.E.M a discrètement mais sûrement fait son trou pour devenir, de disque en disque, de plus en plus gros. Jusqu'à après leur arrivée sur Warner où ils finirent par devenir énormes, puis boursouflés. On ne compte plus les tubes sur ces cinq premiers LP. Les plus connus : "Radio free Europe", "Superman", "So central rain" et "It's the end of the world as we know it (And I feel fine)" (Ah l'apocalypse...). Plus quelques pépites qui diffèrent selon les goûts ou les époques.

Il est parfois difficile d'arriver à faire abstraction de la suite lorsque l'on écoute ces disques, mais si l'on y arrive on est transporté bien loin du rock formaté des années 2000. Dans cet ailleurs où l'androgynie n'était pas encore une pose marketing, où un groupe venant d'un bled relativement paumé des États-Unis pouvait devenir le centre de l'intention. Une époque où c'était grâce à la radio que tout cela se produisait, internet n'étant utilisé que pour faire la guerre (une grande époque, je vous le dis). Et à ce moment-là, R.E.M ne ressemblait qu'à lui même, la magie des arpèges de la guitare de Peter Buck, la nonchalance de Stipe allait dessiner un genre nouveau : Le college rock (ouh le vilain nom).

R.E.M avait alors tout du groupe idéal, ils avaient encore un côté frontal qu'on pourrait presque croire hérité du Hardcore, la production était minimaliste, les titres rentraient dans la tête comme par magie. Par la suite, il leur fallu les artifices d'arrangements pompeux, d'orchestrations complexes pour essayer d'atteindre la grâce de ces 56 morceaux gravés durant cet age d'or. Certains sont persuadés qu'ils y sont souvent arrivés, d'autres aimeraient le croire à l'écoute d'Automatic for the people. Mais jamais ils n'ont pu retrouver l'impact mélodique ou la perfection de Murmur, Reckoning, Fables of the reconstruction (le plus faible), Life's rich Pageant et Document. Cinq Noms d'opus qui sonnent encore aujourd'hui comme un sésame à l'oreille des amateurs de rock indé. Quand "rock indé" voulait encore dire quelque chose et n'était pas un fourre-tout dans lequel se côtoie le pire et le pas bon.

Il s'en passait des choses dans les années 80, ma bonne dame.

Restez cannibales, et consolez-vous : une prochaine fin du monde sera bientôt annoncée.

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