3 décembre 2012

"I have a dream..."

Je voulais depuis longtemps vous parler d'un groupe incroyable, de ceux qui ont marqué leur temps du sceau des grands. Ils étaient quatre gars des environ d'Angers, ils jouaient un rock nerveux et sans fioriture. Ils s’appelaient les Thugs. Come On people!

Ce post se concentrera sur le récent coffret CD/2 DVD sorti par les intrépides Crash disques. Alors qu'est-ce qui se passe là-dedans ? Pour le CD, un live enregistré lors de la tournée de reformation de 2008 ( à l'origine à la demande du label ricain Sub pop) à Bordeaux. Et les deux DVD sont bien remplis, puisque outre un live à Angers (forcément), on a le droit à plein de clips d'époque, des courts-métrages, un docu promo de l'enregistrement de Strike et un super documentaire qui retrace toute l'histoire du groupe, avec des interventions de ses membres et du patron de Sub pop.

L'histoire ? Le groupe, séparé à la fin des années 90 ne sait pas reformé par nostalgie ou par appât du gain. Ce qui transpire de ce live, de cette tournée de reformation et du documentaire c'est plutôt la grande générosité, l'humilité et l'intégrité des Thugs. Un groupe sans compromis, qui pendant près de vingt ans a trimbalé ses instruments à travers l'Europe, le japon et les États-Unis, sortant une dizaine de disques aujourd'hui références pour des tas de gens. Pourtant si vous demandez à votre grande sœur (ou pire à votre petit frère), il y a peu de chance qu'elle connaisse les Thugs. Car le groupe n'a jamais cherché à vendre pour vendre. Ils n'étaient là que pour la musique, le plaisir de la partager.

Leur héritage sur les scènes rock et punk de France est largement plus important que celui de Noir Désir ou Téléphone (Ah non ça c'est pas du rock, pardon...). Les Thugs n'avaient pas d'attitude de star, ils sont arrivés à une époque pendant laquelle le DO It Yourself n'était pas une posture mais une nécessité, la cartographie des salles de concert de l'époque en  France n'était rien à côté de celle d'aujourd'hui. Ils ont donc longtemps enchainés les concerts dans les squats et les locaux associatifs. Ils font partie de ces quelques passionnés qui ont fait naitre et nourri l’alternatif en France. Mais attention ne les confondez jamais avec la Mano Negra, les Garçons bouchers et autres Satellites. Tout ici est d'inspiration anglo-saxonne, on pense aux Buzzcocks, au Krautrock pour le côté hypnotisant et au pionniers de l'indie rock d'outre-atlantique, Husker du en tête.

Cette reformation apparait alors clairement comme quatre copains (dont trois frères) qui reviennent faire un petit coucou à ceux et celles qui les aimaient et à qui ils manquent. Il n'y a aucun autre enjeu ici que de prendre du plaisir, dès le début du deuxième morceau, le chanteur Éric Sourice lâche un "On est vraiment très très content de vous retrouver". Il n'y a aucune démagogie ici, jamais vétérans d'une scène n'ont été aussi modestes, jamais aucun groupe français n'aura marqué l'histoire du rock comme les Thugs, à la force du poigné, avec juste de la sueur et de la passion, loin des médias mangeurs de variété et de scoops éphémères mais là où la musique a vraiment sa place, dans les foules des concerts, sur le sillon d'un bout de plastique noir. Et ça ce n'est pas rien.

Pas loin de chez vous, il a toujours quelque-part un endroit nourri de sueur et de bruit, alors restez cannibales!

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