1 février 2013

Minuit dans le jardin du bien et du mal

Oh comme la nostalgie peut parfois nous faire réparer quelques erreurs, commises par paraisse ou par ignorance. Quand en 1995, je ne vous dirai pas à quel âge par coquetterie, j'ai entendu "Black hole sun" pour la première fois, bercé par son refrain accrocheur et la belle gueule de Chris Cornell, je n'ai pas été emballé par l'album dont il est issu. J'ai donc fait passer Soundgarden à la trappe puisque c'est d'eux qu'il s'agit aujourd'hui.

Une erreur qui ne sera corrigée que douze ans plus tard, alors que le groupe se reforme, que leurs concerts sont des tueries et que leur nouveau LP King animal se laisse déguster comme un vin hors d'âge. Un vin n'ayant pas que des relents de nostalgie mais également simplement de bonne musique d'aujourd'hui. Chose rare. Mais le sujet de cet article n'est pas ce nouvel album mais tous les autres, la discographie complète du groupe jusqu'à sa chute peu après la sortie de Down on the upside.

De coups d'essais en coup de maitres, l’œuvre des américains est dense, riche en tubes, en morceaux tout juste magiques, grands. Une sorte de mélange parfait entre la grâce de Led Zeppelin, la lourdeur de Black Sabbath et l'héritage du hardcore des années 80, tout cela en plus fort et en plus mélodique. Il n'y a que peu de groupe capable de tenir celui qui l'écoute pendant plus d'une heure, les oreilles scotchées à ses enceintes, regrettant presque de ne pas croire en Dieu, de ne pas pouvoir l'en remercier. Soundgarden est indiscutablement de ceux là.

Pourquoi ? Comment ? Par quel miracle ? Point de miracle ici, mais l'unique synergie entre quatre types, un batteur précis, au jeu varié, au groove aérien, une basse qui grossit bien le tout et un guitariste au jeu versatile, riche d'influences. Et par dessus tout cela, une voix, ou plutôt les voix de Chris Cornell, toujours grandiose, mélodique et ample. Du calme à la tempête et de la croonerie presque guimauve à la violence la plus brute, l'homme sait tout faire.

Mais tout ne fût pas si simple. Quand j'ai ressorti le groupe du placard, que j'ai voulu me faire une idée, j'ai longtemps butté contre un mur. Le groupe sonnait trop mainstream pour moi, presque putassier. Puis, petit à petit, insidieusement, un refrain m'est entré dans le cerveau, puis un riff, un titre, puis tout un album. Je suis devenu accro, presque chaque jour il me faut ma dose. Je viens témoigner ici, fébrile, pour vous demander de l'aide. J'aimerai arrêter d'écouter Soundgarden mais je n'y arrive pas. Les crises de manque sont de plus en plus fréquentes et quand à l'effet du produit sur mon cerveau, j'avoue honteusement qu'il est chaque fois meilleur. Soundgarden est une drogue et j'aime cette drogue, je le confesse.

Alors bien sûr, les grincheux et jeunistes viendront encore se plaindre, "encore un groupe qui se reforme, ils bouffent l'actu musicale, pas de place pour la nouveauté", etc. La nouveauté a toujours sa place, il y a fort heureusement de très bons nouveaux groupes et, même moi, qui suis un vieux nostalgique totalement irrécupérable, un jour prochain j'arrêterai d'alimenter mon libellé "classique". Au moins pour un temps. C'est promis.

En attendant soyez sages et, plutôt que d'économiser pour votre copine pour la saint Valentin, Soyez cannibales.

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