20 novembre 2014

Attaquer le soleil

En 2013, sortait le troisième album de Sombres ForêtsLa Mort du soleil. Un disque qu'il faut écouter seul, dans le noir, quand il ne reste plus rien d'autre à faire que regarder le soleil mourir. Impressions.

Tout à coup, il fait si froid quand naissent les premiers sons, il n'y a plus rien autour, que cette musique. "Des Épaves" remplit tout l’air ambiant avec ses quelques notes de guitares posées sur des nappes vaporeuses, elles finiront par prendre vie pour venir vous assaillir. Puis c'est au tour de ces "étrangleurs de soleils" de venir semer la désolation. Une lenteur sépulcrale au son du tonnerre ouvre le morceau, cette fois, il n'y a pas de retour possible.

Est-il vraiment nécessaire de tenter de décrire cette suite de sept longs morceaux, qui nous prend de force pour nous raconter cette histoire puissante de soleils qui s'éteignent aussi fatalement qu'inexorablement ? Existe-t-il simplement des mots assez plein de sens pour dire la fin de tout et son inédite et incroyable beauté ? Car c'est cela que Sombres Forêts parvient à nous décrire. Ecoutez "Brumes" dans l'obscurité qui précède le sommeil et vous verrez naître des images. De celles qui vivent au fond de nous sans qu'on n'en sache l'origine, comme si l'histoire des forces qui nous entourent était inscrite dans notre inconscient. Ne demandant qu'à être réveillée.

C'est à cela que parvient La Mort du soleil, comme sur "Au Flambeau" où de simples notes de piano et une rythmique décharnée suffisent à faire naître une atmosphère désolée mais toujours passionnante. Et il y a cette voix, lointaine, comme noyée, qui nous guide dans ces dédales sans fin, dans ce voyage vers là où il ne subsiste plus aucune lumière. Le plus surprenant, c'est qu'il n'est jamais difficile de se laisser happer pour s'enfoncer toujours plus loin dans l’abîme.

Le black metal de Sombres Forêts est aussi mélodique qu'il est triste et sombre. Mais surtout, il s'en dégage à chaque instant une beauté noire, profonde. Tout ici est plein d'un magnétisme aussi intense que mystérieux et la catharsis que représente l'écoute de l'album dans son intégralité est finalement salvatrice, par les charmes noirs qu'elle finit par distiller dans notre esprit.


"J'ai tout donné au soleil, tout, sauf mon ombre." Apollinaire.

Contemple ce qu'il reste après la fin et sois cannibale.

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