Salut
vieille carne, ça fait longtemps, c’est vrai qu’on n’a plus le
temps de prendre des nouvelles et qu’on est un peu happé par le
vide qui nous entoure et finira certainement par nous dévorer.
Charmant programme, n’est-il pas ? Il était donc grand temps de
revenir papoter musique et récemment la bonne nouvelle, c’était
le retour du chanteur d’AmandaWoodward avec un tout
nouveau groupe basé en Espagne : Rouille. On
tue ici est
un bout de vinyle oxydé qui s’écoute très fort.
Un
vieux chanteur bien de chez nous voyait la rouille « comme une
déchirure, une blessure qui ne guérira pas » (tralala), ici
la rouille c’est cette couche sale qui finit par s’agglomérer
sur les armes qu’on a depuis trop longtemps déposées. Chez
Rouille, il n’est jamais question d’un quelconque espoir ou d’une
envie d’aller de l’avant, d’essayer d’y croire, mais plutôt
de faire le froid constat qu’à force de tenter et de faire, il ne
reste que de l’usure et du cynisme.
Les
textes sont tous emplis d’une résignation glaciale qui dépeint
ceux qui n’ont pas réussi à aller au bout de leur idéalisme.
« On avait failli être bien, pas longtemps on en était pas
loin. » Ainsi, tous les combats menés semblent lointains et le
présent d’autant plus douloureux que le but a été parfois
palpable : « voler, s’envoler mais jamais décoller ».
Si aujourd’hui est bien sombre, le disque se termine par une
évocation du futur encore plus noire : « on aura une autre
gueule, on sera sales et seuls ».
La
musique est ici l’illustration tangible de cette désillusion,
Rouille pratique un screamo lent, comme dépossédé de tout entrain,
les émotions dont le genre est le vecteur sont ici réduites à leur
part la plus négative. Certains passages instrumentaux post-rock
assurent le même résultat fait de lenteur et d’obscurité,
apportant cette sensation que la musique de Rouille ne peut pas
décoller ou aller vers la lumière. De tous ces éléments naissent
l’impression que le tout est écrasé par un poids, comme la
rouille qui recouvre la pièce qui illustre la magnifique pochette du
LP.
On tue ici est un disque court, fruit d’une passion palpable pour la musique bien ouvragée. Comme si au moment où on avait perdu toute envie pour le reste, il restait ce besoin de faire cela de la plus belle façon qu’il soit, avec honnêteté et sans aucun autre but que de le faire. Un disque qu’on n’attendait pas et qui se révèle tout simplement nécessaire.
« Ivre de périr au feu, libre de mourir au fond, ivre de subir le jeu, libre de souffrir le peu, de ce qu’il nous reste au fond, bien pire que des enfants. » « Même au vent je mens », Rouille.
Laisse-toi lentement oxyder et sois cannibale !
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