13 novembre 2014

De Beaux lendemains

Salut vieille carne, ça fait longtemps, c’est vrai qu’on n’a plus le temps de prendre des nouvelles et qu’on est un peu happé par le vide qui nous entoure et finira certainement par nous dévorer. Charmant programme, n’est-il pas ? Il était donc grand temps de revenir papoter musique et récemment la bonne nouvelle, c’était le retour du chanteur d’AmandaWoodward avec un tout nouveau groupe basé en Espagne : RouilleOn tue ici est un bout de vinyle oxydé qui s’écoute très fort.

Un vieux chanteur bien de chez nous voyait la rouille « comme une déchirure, une blessure qui ne guérira pas » (tralala), ici la rouille c’est cette couche sale qui finit par s’agglomérer sur les armes qu’on a depuis trop longtemps déposées. Chez Rouille, il n’est jamais question d’un quelconque espoir ou d’une envie d’aller de l’avant, d’essayer d’y croire, mais plutôt de faire le froid constat qu’à force de tenter et de faire, il ne reste que de l’usure et du cynisme.

Les textes sont tous emplis d’une résignation glaciale qui dépeint ceux qui n’ont pas réussi à aller au bout de leur idéalisme. « On avait failli être bien, pas longtemps on en était pas loin. » Ainsi, tous les combats menés semblent lointains et le présent d’autant plus douloureux que le but a été parfois palpable : « voler, s’envoler mais jamais décoller ». Si aujourd’hui est bien sombre, le disque se termine par une évocation du futur encore plus noire : « on aura une autre gueule, on sera sales et seuls ».

La musique est ici l’illustration tangible de cette désillusion, Rouille pratique un screamo lent, comme dépossédé de tout entrain, les émotions dont le genre est le vecteur sont ici réduites à leur part la plus négative. Certains passages instrumentaux post-rock assurent le même résultat fait de lenteur et d’obscurité, apportant cette sensation que la musique de Rouille ne peut pas décoller ou aller vers la lumière. De tous ces éléments naissent l’impression que le tout est écrasé par un poids, comme la rouille qui recouvre la pièce qui illustre la magnifique pochette du LP.

On tue ici 
est un disque court, fruit d’une passion palpable pour la musique bien ouvragée. Comme si au moment où on avait perdu toute envie pour le reste, il restait ce besoin de faire cela de la plus belle façon qu’il soit, avec honnêteté et sans aucun autre but que de le faire. Un disque qu’on n’attendait pas et qui se révèle tout simplement nécessaire.


« Ivre de périr au feu, libre de mourir au fond, ivre de subir le jeu, libre de souffrir le peu, de ce qu’il nous reste au fond, bien pire que des enfants. » « Même au vent je mens », Rouille.



Laisse-toi lentement oxyder et sois 
cannibale !

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