4 octobre 2012

Sous le soleil de Satan

Aujourd'hui, je vais montrer mon objectivité et ma mesure à toute épreuve (!) en vous parlant de Mogwai, le groupe de postrock aux guitares telluriques et à la rythmique béton béton. Ne cherchez pas trop de références avec le contenu du film de Pialat, si ce n'est que Mogwai est né sous une bonne étoile noire, éclairant le ciel morne de leur Écosse natale. Je ne parlerai ici que des albums à propos desquels j'ai envie de dire quelque-chose, certains seront oubliés et d'autres auront une place de choix, là où habituellement on ne leur donne aucune chance.

Quand un beau jour de 1997 déboule le titre "Mogwai fear satan" sur l'album Young Team, un tel impact sismique en provenance du Royaume-Uni n'a pas été ressenti dans le monde du rock expérimental depuis My Bloody Valentine. Et il est d'une puissance et d'une précision sans commune mesure avec les pré-cités. Il est étonnant de savoir que, dès ce premier album, Mogwai est un groupe différent, qu'il se démarque des autres formations du genre de l'époque que sont Tortoise et Godspeed you black emperor. Son identité est forte, Mogwai a déjà un son qui lui est propre, Mogwai fait déjà la différence sur scène, c'est déjà un monstre (mais non pas un Gremlin, essayez de suivre un peu!). "Like Herod" et "R U still in 2 it" finissent de convaincre les plus septiques. Il est rare qu'une telle richesse musicale soit développée dès un premier LP.

On fait un grand saut dans le temps pour atterrir en 2006 qui voit la sortie de Mr Beast. Mogwai a grandi, sa musique s'est complexifiée, son champ d'action est de plus en plus varié. Il suffit d'écouter "Glasgow mega-snake" très fort pour comprendre ce que peut être Mogwai, jamais un titre de postrock aussi concis n'a été aussi puissant, aussi dense. La structure de ce morceau, son rendu sonore sont tout simplement incroyables. A partir de là, on peut tout rêver quand à l'avenir de Mogwai, plus rien ne semble impossible et beaucoup seront déçus par la suite.

A hawk is hawling et son aigle peint sur la pochette, cet album n'a pas réussi à contenter tout le monde, le côté electro déplait à certains, d'autres le trouvent trop minimaliste sur quelques morceaux. Mogwai apparait pourtant ici comme un groupe au sommet de son art, chaque titre ici possède une identité propre, on sent le travail énorme réalisé sur les arrangements et les ambiances. C'est sur les titres les plus posés que Mogwai se montre enfin d'une excellence digne de ses grands classiques. écoutez "The sun smells too loud" au casque, il en est l'exemple parfait, ils y réussissent enfin à être aussi évocateurs que sur leurs titres les plus chargés en guitares.

En 2010 sort Hardcore will never die but you will. Je trouve que rien que pour son titre à mourir de rire (surtout quand on sait comment le groupe l'a trouvé), ce disque mérite qu'on s'y attarde, qu'on prenne le temps. Cet album est assez déroutant au début quand on est habitué à trouver certaines choses chez Mogwai, on a même l'impression qu'il est un peu raté. Puis les mois passent et chaque fois qu'on le remet sur une platine, il se découvre petit à petit. Je ne saurai pas en dire beaucoup plus car j'ai (près de deux ans après ça sortie) encore du mal à comprendre ce disque. Il est malgré cela certain que ce LP possède un charme magnétique intense qui fait que l'on revient toujours vers lui, ne serait-ce que pour tenter de l'apprivoiser.

Selon les connaisseurs, il est important de pouvoir avoir la chance de voir Mogwai sur scène où il prend une dimension démultipliée. Vous savez ce qu'il vous reste à faire! Soyez curieux.

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