23 octobre 2012

Un prophète

Ne pas être dans les temps est une posture assez logique pour parler d'Helmet et de son Meantime (toujours une bonne excuse). Nous sommes en 1992, la scène rock américaine au sens large est en pleine ébullition, il y a des bons groupes à chaque coin de rue, Nirvana est un phénomène de société médiatique et lourd de sens. Au milieu de tout ça, quatre types de New-York sortent leur deuxième album après un Strap in on sorti sur le génial label Amphetamine Reptile. Ils s'appellent Helmet, ils sont beaux et ils sentent le metal noise et dissonant.

On a déjà parlé de lui ici mais c'est le Grand John Stanier qui est derrière la batterie et ça s'entend. Enfin surtout ça se ressent parce qu'il façonne la structure rythmique de chaque morceau avec son jeu incroyable, unique. Écoutez "Give it" pour vous en convaincre. De mesures bâtardes en contre-temps, de syncopes à l'appel en breaks dévastateurs, le batteur est une des clés du son Helmet. Il n'y a qu'à jeter une oreille aux trois albums post-reformation (Page Hamilton étant le seul membre d'origine) pour s'en rendre facilement compte.

Bien sûr il y a aussi ces riffs de guitares stridents et noise si typiques de Page Hamilton, on sent le réel bagage technique du monsieur. Et forcément cette voix, La voix du metal alternatif estampillé 90's, saturée et hargneuse à souhait mais épousant parfois de superbes lignes mélodiques comme sur "Unsung". Tout cela donne à cet LP un côté monolithique et dense qui en lassera certains, fatigués par les cassures rythmiques et le petit manque de respiration de l'ensemble. Mais c'est aussi ce qui donne son charme à Meantime et qui en fait un classique des New-yorkais.

Après cet opus, le groupe sortira encore deux albums avec ce line-up, Betty et Aftertaste, explorant une vaine plus variée et mélodique sans toutefois perdre de son énergie brute. Ces deux-là sont largement aussi bons voire, selon certains, bien meilleurs que Meantime et Strap It on. Puis en 2004, Page Hamilton remet le navire à flot avec...personne à bord. Le Helmet nouveau sort alors trois albums pas forcément mauvais mais très clairement insipides comparés aux quatre premiers. Il apparait alors clairement, mais était-ce nécessaire de le démontrer, qu'Helmet sans Stanier et Henry Bogdan n'est plus lui-même malgré ce qu'en pense son leader.

John Stanier continue tranquillement, et en toute discrétion,  à être un des batteurs les plus géniaux de la planète dans des groupes tous excellents comme Battles (aaah Battles) et Tomahawk (avec le fou-génial Mike Patton). Henry Bogdan joue quand à lui dans différents groupes de jazz.

Il est important de percevoir la place de choix qu'ont les premiers Helmet dans la musique des 90's, car sans Meantime et quelques autres, le bidule parfois bien pourri et quelques fois génial (c'est selon) qu'on appelait le neometal n'aurait pas était le même. Le groupe est, au moins tout autant que Faith no more mais certes avec un retentissement moindre, à la base d'un son qui est encore aujourd'hui bien présent dans l'actualité musicale riche en recyclages.

Écoutez bien tout ça, soyez curieux et cannibales

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