27 octobre 2012

La Fin de tous les chants

Menace Ruine, où la bande-originale de la fin de tout. Un sombre vrombissement en fond sonore, accompagné d'une rythmique martiale, voilà tout ce qui reste pour illustrer le chant possédé de Geneviève sur Alight in ashes. Jamais le groupe n'avait était aussi loin dans le minimalisme pour offrir au monde sa vision tourmentée.

Peut-on encore parler ici de Black-Metal quand la musique touche de si près à l'universalité ? Y a t-il des choses à dire pour analyser cette musique ? Peut-on simplement en parler sans risquer de salir sa beauté noire et violente ? Il n'y a, je pense, pas de mot pour décrire la force de ce que ce bout de vinyle renferme, il serait, en tous cas, vain de vouloir en parler comme on parle du premier disque venu. Il n'y a ici que peu de repères, qu'ils soient mélodiques ou rythmiques, la voix seule nous prend par la main pour ne plus nous lâcher pendant ces six morceaux.

Menace Ruine sait faire naître en nous des images, toujours fortes, parfois désagréables et crues, le plus souvent d'une beauté morbide. Il faut écouter ce disque très fort dans le noir ou mieux, fermer les yeux si on a la chance de les voir sur scène, pour sentir monter en soi l'évocation de choses si enfouies qu'on en ignorait jusqu'à l’existence. Elles viennent de temps lointains pour nous parler du monde et de nous-mêmes, elles ne sont que simples évocations, messages brouillés. Paysages désertiques ou champs de ruines, lueurs nocturnes, on ne sait pas qui nous parle ni comment. On ne le saura jamais.

Là est la force de Menace Ruine, s'immerger dans ce disque fait naître des questions, déjà tant sur la forme que le contenu, mais d'abord sur ce que nous ressentons, sur ce que cette musique nous raconte. Parle-t-elle de l'origine ou de la fin ? De l'espoir ou de la tristesse ? D'un éveil ou d'une chute ? En sommes-nous encore aux menaces ou déjà au temps des ruines ? Très vite, les réponses à toutes ces questions n'importent plus, on plonge dans une sorte d'abandon et il devient grisant de se laisser happer par ce déferlement d'images, de rythmes et de sons. Il ne reste alors qu'à lâcher prise sur tout et ne plus connaître rien d'autre que ce bourdonnement drone sur lequel la voix nous transporte. On ne sait jamais vers où, mais le voyage est chaque fois meilleur, comme une drogue dont chaque nouvelle prise est la première.

Soyez cannibales!

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