3 octobre 2016

A Most Violent Year

Le troisième film de J-C Chandor sortait en France le dernier jour de 2014. Je n'avais pas vu Margin Call et All Is Lost au moment où je me suis rendu dans mon cinéma préféré pour voir A Most Violent Year. J'étais donc totalement vierge de l'oeuvre de Chandor. Impressions.
Abel Morales est un chef d'entreprise qui réussit. Il est jeune, il a une montre qui brille, une jolie femme (Jessica Chastain, chacun ses goûts) et dirige une société de transport de fioul. Depuis quelques temps et, dès le début du film, de plus en plus souvent, ses camions se font braquer, ses conducteurs tabasser. Abel est seul contre tous pour tenter de résoudre ce problème sans avoir à tomber dans l'illégalité. Malheureusement, son entourage, chef du personnel, associé et épouse, ne comprennent pas pourquoi cela est si compliqué pour lui de dépasser la limite (si ténue) entre honnêteté et banditisme.
L'idée de génie dans cette histoire en apparence banale c'est de donner à Abel Morales tous les oripeaux du héros de films de gangster. En plus de la montre qui brille. Il est un sud-américain qui parle avec les mains, qui discute le prix d'un terrain dans un endroit sombre, qui habite une maison que n'aurait pas déplu à Tony Montana et qui a la fâcheuse tendance à prendre tout le monde dans ses bras en leur tapant dans le dos. Mais Abel Morales est en réalité la droiture incarnée dans ce monde de pouvoir et d'argent et le film nous raconte qu'il est bien le seul.
Le grand talent de J-C Chandor est de réussir à nous embarquer dans cette histoire par la seule grâce d'une mise en scène touchant parfois à l'épure. Avec finalement peu de coups de feu, surtout en comparaison avec ce à quoi le cinéma récent nous a habitué, il instaure un climat prenant dans chaque scène avec trois fois rien. La scène de nuit où il renverse un chevreuil avec sa voiture en a fait sauter plus d'un sur son siège et depuis quand n'avions nous pas eu peur avec si peu ? La grande réussite du film est d'utiliser un certain classicisme dans la mise en scène et le récit, en les détournant pour en faire un moteur entièrement au service de la tension du spectateur.
A Most Violent Year est un film dans lequel on se plonge pour en ressortir essoufflé et bluffé. Une réussite virtuose qui transcende son scénario pour en faire une fresque grinçante.
Sois Cannibale !

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