3 octobre 2016

Peur sur la ville

« Écrire moins pour lire plus » est ma nouvelle excuse pour peu publier. Il y a aussi des choses qui se passent, d’autres qui évoluent et le temps qui file toujours trop vite. Et puis, un livre donne envie de s’y remettre, d’en parler. Aujourd’hui, ils sont même deux. L’Alignement des équinoxes de Sébastien Raizer et Sauvagerie de Matthew Stokoe. Deux Série Noire, deux polars poisseux, un français, un américain mais deux conceptions bien différentes du roman noir.
L’Alignement des équinoxes est le premier tome d’une trilogie de Sébastien Raizer, l’homme qui se cache derrière les éditions Camions Blancs, excusez du peu. En apparence, l’équation est simple, des flics, un tueur en série aussi spécial que vraiment allumé et des illuminés, partout. En apparence seulement, car nous sommes ici bien loin du simple polar. L’intrigue se noue autour d’un binôme de flics, Wolf, montagne de muscles et passé de mercenaire, et Silver, asiatique toute en froideur. Ils se retrouvent avec le cadavre d’un type coupé en deux, le coupable est déjà connu, c’est une fille, elle est présente quand le corps est découvert, elle est étrangement calme. S’en suivent quelques 500 pages dans lesquelles Paris devient le terrain de jeu d’un tueur aussi fou que méticuleux, sur fond de philosophie samouraï, d’extrémisme en tous genres et de folie. On comprend vite qu’on est devant quelque chose d’hors normes, un polar bis, violent, ultra structuré et très cultivé. Vous en voulez plus ?
Sauvagerie est le troisième roman de Matthew Stokoe à paraître en Série Noire. Après l’exploration de perversions en tous genres dans La Belle Vie et le portrait d’une famille détruite par un drame dans Empty Mile, Matthew Stokoe continue de nous servir en pleine face la noirceur occidentale quotidienne et sale. Un scénariste raté ne se remet pas de la mort non élucidée de sa sœur avec qui il entretenait une relation incestueuse. Il trouve un scénario qui pourrait l’aider à comprendre ce qui lui est arrivée mais qui charrie également un tas de crasses toujours fumant. Avec d’autres désaxés, un toxico, une cinéaste tête brûlée et un journaliste alcoolique, il va menait l’enquête dans un Los Angeles où tout semble possible quand on a de l’argent et de quoi se planquer. Sauvagerie est court, se lit pied au plancher, halluciné devant tant d’horreur. Stokoe y réussit à nous faire aimer des personnages cassés, sans moral parce paumés, évoluant dans un environnement cradingue et déshumanisé. On s’attache à ces âmes errantes, abîmées par la vie et pour lesquelles on se prend très vite à espérer une rédemption. L’auteur prouve encore son talent pour donner à voir de vrais personnages, profonds et ambigus, au milieu d’un déchainement de violence qui ne sonne jamais gratuit car d’un réalise glaçant. Encore un Stokoe parfait, qui nous fait nous demander s’il ne serait pas le meilleur auteur américain de polars ?
Série Noire, nuit blanche, cannibalisme.

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