19 octobre 2016

Octupus Has no friends

Relapse semble à nouveau dans une période faste puisque les sorties de qualité se bousculent chez le label de Philadelphie. Pour preuve, le premier album de Brain Tentacles dont le nom est tellement classe que le disque s'appelle comme le groupe (ou bien est-ce l'inverse ? Mystère). Formé par David Witte le batteur (entre autres) de Municipal Waste, Bruce Lamont (le saxophoniste de tous vos groupes préférés) et Aaron Dallison de Keelhaul (et de plein d'autres trucs que je ne connais pas), Brain Tentacles creuse un tunnel sombre et obscur entre King Crimson et Zeus, en n'oubliant pas de faire un détour vers le jazz le plus free, le rock le plus noise avec, dans l'autoradio de la pelleteuse, le Zappa le plus écoutable et des musiques du monde. Ça fait beaucoup et pourtant.

Brain Tentacles c'est un peu comme si Zeus avait soigné son épilepsie en écoutant du jazz New Orleans ou, plus simplement, comme si par enchantement, Zu devenait d'un coup bien plus accessible. Car si on ne peut pas encore parler ici de musique formatée, Brain Tentacles ne demande pas trop de se creuser la cervelle pour rentrer dans son univers, le disque, plutôt court, ne demande pas un effort surhumain pour apprécier ces folles complaintes en forme de montagnes russes. Pourtant, cette musique est cinglée, c'est un fait. Mais ce qui semble ici prévaloir c'est le fun, le plaisir de faire du bruit et il est étonnamment communicatif, surtout pour un disque de ce genre.

De "Kingda Ka" et "Fruitcake" qui sonnent comme une rencontre d'une nuit entre du noise rock et le Klezmer vu par John Zorn à des choses plus posées comme "Fata Morgana" (pensez Bloodiest, toujours Bruce Lamont), la galette se permet de se balader sur un spectre bien plus large qu'on ne s'y attend au premier abord et tape souvent juste. "Cosmic Warriors Girth Curse" est un des sommets de l'album, tour à tour lourd et planant, comme un voyage spatial mais en rouleau compresseur. Une fois le disque passé, on n'aura finalement vécu autant de choses que chez Zeus et Zu mais en ayant tout de même moins la sensation d'avoir été ballotté n'importe comment de façon gratuite. Pour terminer, quelques mots sur la pochette, franchement classe, qui a la présence d'esprit de réunir tout ce que j'aime voir sur un disque, des navires, des monstres marins et des cerveaux. Pourquoi se compliquer la vie.

"Et sous la peur, la superstition, obsédante et troublante, étendait ses tentacules." Enrique Serpa, Contrebande.

Malaxe tes méninges et sois cannibales.


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