C'est difficile de reprendre après la sorte de gueule de bois que procure le fait de passer à côté d'une fin du monde. On s'y remet, en continuant dans le genre "disque parfait d'un groupe génial qui a fini par devenir vraiment ridicule" avec Mellon Collie and the infinite sadness, le chef-d’œuvre des Smashing Pumpkins.
Nous sommes en 1995, le monde du rock grand public essaye de se remettre de la mort d'un blondinet, vous savez bien, celui qui faisait mouiller les filles et se déchirer les jeans des ados rebelles. Et un matin, BAM! Dans les bacs des disquaires, on trouvait un joli CD à la pochette merveilleuse, c'était un double, il était rempli raz la gueule de titres tous plus bons les uns que les autres. Et en plus Billy Corgan, le chanteur mégalo, s'était rasé le crâne. C'est dire si il y croyait à fond...
Et aujourd'hui, tout continue de lui donner raison puisque l'album s'est vendu à plus de dix millions d'exemplaires rien qu'au États-Unis. Mais surtout, presque dix-huit ans plus tard, écouter ce disque en entier donne toujours autant de frissons. Du mélancolique "Tonight, tonight" et ses jolies envolées de cordes au parfait "Zero", il y avait tout ce qui fait un grand classique. Le genre de disque un peu prétentieux, riche jusqu'à l'extrême mais tellement inspiré, typique de ce qui se faisait dans les 70's.
Sur les vingt-huit morceaux que compte l'album, il n'y a aucun déchet, tout est bon. Un miracle. Des mélodies parfaites dans tous les coins, des rythmiques à dégouter bon nombre des batteurs de la planète (Jimmy Chamberlin!!!!), une variété de chants incroyable. Je vous le dis, un miracle. Dix-sept ans que j'écoute "Bullet with butterfly wings" en m'imaginant à la batterie, sans jamais me lasser.
Difficile alors de comprendre comment le groupe a pu se déliter comme il l'a fait par la suite. Le batteur passant la moitié de sa vie en désintox, les chevilles de Corgan qui grossissent jusqu'à éclater, alors que lui se rêve avec une auréole sur la tête. Ah le succès. Arrivés à leur niveau, certains se tirent une balle (oui, encore lui), ou se persuadent tout seuls qu'ils sont les sauveurs du rock, de l'humanité ou de l'univers (dans le désordre). Corgan est de cette catégorie, à tel point qu'il finira par faire peur à ses collègues et se retrouvera seul à l'orée des années 2000.
Cette année est sorti un nouvel album, Oceania. Il ne reste aujourd'hui plus rien de la grâce et de la grandeur des citrouilles d’antan. Le disque est symptomatique de la vacuité que peut atteindre un génie qui est lui-même convaincu d'en être un. On s'en remettra, on en a vu d'autres dans la jeune vie des musiques qui font du bruit. Et il nous reste Mellon Collie et ses deux grands frères, dont je vous parlerai l'année prochaine, si vous êtes sages.
Aujourd'hui est un bon jour pour aimer les cannibales!
un blog pour partager ma passion pour les musiques actuelles. rock indé, punk, electro, metal, expérimental, hard-core, etc.
30 décembre 2012
22 décembre 2012
Apocalypse now
Réjouissez-vous mes frères car l'apocalypse est pour hier. Il n'y a pas eu de cris pour déchirer cette nuit d'attente des fêtes de noël, il n'y a pas eu de meurtre ou de sauvagerie. Du moins, pas plus que d'habitude. Pour fêter (déplorer ?) la préservation de notre planète si belle et si futile, quoi de mieux que de parler de R.E.M ?
Avant de remplir les stades des contrées civilisées et d'être des stars vivants loin du monde et de ses préoccupations; R.E.M était simplement un très bon groupe de rock américain. Un des meilleurs de la première moitié des années 80. Michael Stipe avait encore des cheveux, leurs textes étaient aussi cryptiques qu'engagés. Derrière, en toile de fond, il y avait Reagan, le capitalisme, l'individualisme finalement gagnant de la guerre des idéologies.
En cinq ans et autant d'albums sortis loin des majors (de 1983 à 1987), pas sur un petit label kurde non plus, R.E.M a discrètement mais sûrement fait son trou pour devenir, de disque en disque, de plus en plus gros. Jusqu'à après leur arrivée sur Warner où ils finirent par devenir énormes, puis boursouflés. On ne compte plus les tubes sur ces cinq premiers LP. Les plus connus : "Radio free Europe", "Superman", "So central rain" et "It's the end of the world as we know it (And I feel fine)" (Ah l'apocalypse...). Plus quelques pépites qui diffèrent selon les goûts ou les époques.
Il est parfois difficile d'arriver à faire abstraction de la suite lorsque l'on écoute ces disques, mais si l'on y arrive on est transporté bien loin du rock formaté des années 2000. Dans cet ailleurs où l'androgynie n'était pas encore une pose marketing, où un groupe venant d'un bled relativement paumé des États-Unis pouvait devenir le centre de l'intention. Une époque où c'était grâce à la radio que tout cela se produisait, internet n'étant utilisé que pour faire la guerre (une grande époque, je vous le dis). Et à ce moment-là, R.E.M ne ressemblait qu'à lui même, la magie des arpèges de la guitare de Peter Buck, la nonchalance de Stipe allait dessiner un genre nouveau : Le college rock (ouh le vilain nom).
R.E.M avait alors tout du groupe idéal, ils avaient encore un côté frontal qu'on pourrait presque croire hérité du Hardcore, la production était minimaliste, les titres rentraient dans la tête comme par magie. Par la suite, il leur fallu les artifices d'arrangements pompeux, d'orchestrations complexes pour essayer d'atteindre la grâce de ces 56 morceaux gravés durant cet age d'or. Certains sont persuadés qu'ils y sont souvent arrivés, d'autres aimeraient le croire à l'écoute d'Automatic for the people. Mais jamais ils n'ont pu retrouver l'impact mélodique ou la perfection de Murmur, Reckoning, Fables of the reconstruction (le plus faible), Life's rich Pageant et Document. Cinq Noms d'opus qui sonnent encore aujourd'hui comme un sésame à l'oreille des amateurs de rock indé. Quand "rock indé" voulait encore dire quelque chose et n'était pas un fourre-tout dans lequel se côtoie le pire et le pas bon.
Il s'en passait des choses dans les années 80, ma bonne dame.
Restez cannibales, et consolez-vous : une prochaine fin du monde sera bientôt annoncée.
Avant de remplir les stades des contrées civilisées et d'être des stars vivants loin du monde et de ses préoccupations; R.E.M était simplement un très bon groupe de rock américain. Un des meilleurs de la première moitié des années 80. Michael Stipe avait encore des cheveux, leurs textes étaient aussi cryptiques qu'engagés. Derrière, en toile de fond, il y avait Reagan, le capitalisme, l'individualisme finalement gagnant de la guerre des idéologies.
En cinq ans et autant d'albums sortis loin des majors (de 1983 à 1987), pas sur un petit label kurde non plus, R.E.M a discrètement mais sûrement fait son trou pour devenir, de disque en disque, de plus en plus gros. Jusqu'à après leur arrivée sur Warner où ils finirent par devenir énormes, puis boursouflés. On ne compte plus les tubes sur ces cinq premiers LP. Les plus connus : "Radio free Europe", "Superman", "So central rain" et "It's the end of the world as we know it (And I feel fine)" (Ah l'apocalypse...). Plus quelques pépites qui diffèrent selon les goûts ou les époques.
Il est parfois difficile d'arriver à faire abstraction de la suite lorsque l'on écoute ces disques, mais si l'on y arrive on est transporté bien loin du rock formaté des années 2000. Dans cet ailleurs où l'androgynie n'était pas encore une pose marketing, où un groupe venant d'un bled relativement paumé des États-Unis pouvait devenir le centre de l'intention. Une époque où c'était grâce à la radio que tout cela se produisait, internet n'étant utilisé que pour faire la guerre (une grande époque, je vous le dis). Et à ce moment-là, R.E.M ne ressemblait qu'à lui même, la magie des arpèges de la guitare de Peter Buck, la nonchalance de Stipe allait dessiner un genre nouveau : Le college rock (ouh le vilain nom).
R.E.M avait alors tout du groupe idéal, ils avaient encore un côté frontal qu'on pourrait presque croire hérité du Hardcore, la production était minimaliste, les titres rentraient dans la tête comme par magie. Par la suite, il leur fallu les artifices d'arrangements pompeux, d'orchestrations complexes pour essayer d'atteindre la grâce de ces 56 morceaux gravés durant cet age d'or. Certains sont persuadés qu'ils y sont souvent arrivés, d'autres aimeraient le croire à l'écoute d'Automatic for the people. Mais jamais ils n'ont pu retrouver l'impact mélodique ou la perfection de Murmur, Reckoning, Fables of the reconstruction (le plus faible), Life's rich Pageant et Document. Cinq Noms d'opus qui sonnent encore aujourd'hui comme un sésame à l'oreille des amateurs de rock indé. Quand "rock indé" voulait encore dire quelque chose et n'était pas un fourre-tout dans lequel se côtoie le pire et le pas bon.
Il s'en passait des choses dans les années 80, ma bonne dame.
Restez cannibales, et consolez-vous : une prochaine fin du monde sera bientôt annoncée.
10 décembre 2012
Dernier top avant la fin du monde
Profitez de vos derniers instants sur terre en écoutant de la bonne musique et soyez des cannibales damnés pour l'éternité, pour un disque, pour un concert ou une jolie pochette :
C'était bien la fin du monde!
1-Papier Tigre : Récréation.
2-Dinosaur Jr : I bet on sky.
3-A Place to bury strangers : Worship.
4-Menace Ruine : Alight in ashes.
5-Electric Electric : Discipline.
6-Unsane : Wreck.
7-Fordamage : Volta desviada.
8-Mars Volta : Tourniquet.
9-Disappears : Pre language.
10-Melvins: Freak puke.
Ça aurait pu être pire ?
-Pinback : Information retrieved.
-Alt-J : An Awesome wave.
-Bat for lashes : The Haunted man.
-Animal Collective : Centipede Hz.
-The XX : Coexist.
-Muse : The 2nd law. (Ce n'est pas très gentil quand vient la fin du monde de tirer sur les ambulances.)
C'était beau la fin du monde!
-Deftones : Koi no yokan.
-Unsane : Wreck.
-Papier Tigre : Récréation.
-Clytem Scanning : Mirada fuerte.
-Vélooo : Même pas mal.
En vrai, c'était bien aussi!
-Michel Cloup, Papier Tigre et Electric Electric à la Clé.
-Papier Tigre et Electric Electric au Nouveau Casino.
-Mamiffer, Menace Ruine à l'Espace B.
-Dillinger Escape Plan au Trabendo.
-Mastodon, Red Fang au Bataclan.
-Melvins, Psychic Paramount, Sleep au festival Villette sonique.
C'était bien la fin du monde!
1-Papier Tigre : Récréation.
2-Dinosaur Jr : I bet on sky.
3-A Place to bury strangers : Worship.
4-Menace Ruine : Alight in ashes.
5-Electric Electric : Discipline.
6-Unsane : Wreck.
7-Fordamage : Volta desviada.
8-Mars Volta : Tourniquet.
9-Disappears : Pre language.
10-Melvins: Freak puke.
Ça aurait pu être pire ?
-Pinback : Information retrieved.
-Alt-J : An Awesome wave.
-Bat for lashes : The Haunted man.
-Animal Collective : Centipede Hz.
-The XX : Coexist.
-Muse : The 2nd law. (Ce n'est pas très gentil quand vient la fin du monde de tirer sur les ambulances.)
C'était beau la fin du monde!
-Deftones : Koi no yokan.
-Unsane : Wreck.
-Papier Tigre : Récréation.
-Clytem Scanning : Mirada fuerte.
-Vélooo : Même pas mal.
En vrai, c'était bien aussi!
-Michel Cloup, Papier Tigre et Electric Electric à la Clé.
-Papier Tigre et Electric Electric au Nouveau Casino.
-Mamiffer, Menace Ruine à l'Espace B.
-Dillinger Escape Plan au Trabendo.
-Mastodon, Red Fang au Bataclan.
-Melvins, Psychic Paramount, Sleep au festival Villette sonique.
8 décembre 2012
La Peste
On continue ce qui est en train de devenir une série sur les "classiques" français. Nous sommes en 1998, l'humeur est sombre, Chirac est un président qui ne fait même plus rire, le racisme est aussi banal que "le bruit et l'odeur", bientôt le pen sera au second tour des élections nationales. Un peu de patience. C'est une époque où l'on croit que ça aura du mal à devenir pire, et pourtant... On tombe alors encore sur de la bonne musique à la télé, l'émission Nulle-part ailleurs invite Les Thugs, Lofofora et Diabologum sur scène. Elle a surtout invité notre héros du jour, le bien nommé Oneyed Jack (Twin peaks rules) à jouer à l'époque de cynique (1995). Album sur lequel on trouvait "Le pouvoir", leur titre le plus connu pour cause de procès sur une simple phrase. "Bleu, blanc, rouge : trois couleurs pour la vision de cauchemar".
Ambiance. Cet article parlera du deuxième LP, Arise, mon préféré dans une discographie sans faille. Dès l'ouverture "Real", le ton est donné : sombre, aride et frontal. Les textes sont fleuves, la section rythmique est marteau-pilon. Le bassiste est toujours aussi impressionnant de groove et de technique. Chaque instrument est à sa place, les samples et les scratchs sont bien mieux amenés que sur le premier disque. Il n'y aura de concession d'aucune sorte. Fabien rappe comme jamais, son flow est fluide comme une giclée à haute-pression, les textes parlent du mal être ambiant, d'aliénation, de dépression.
La lumière est parfois là, caché derrière une phrase sous la forme d'un espoir, d'une chose à atteindre mais la chape de plomb que représente le monde extérieur est si lourde que le but semble bien souvent inaccessible. "Le choléra" et son clip cathartique lâche la bride à une forme de haine libératrice, "Will I arise ?"conclut le disque sur une note plus apaisé même si, ici comme ailleurs, la vision plus positive des choses ne s'exprime qu'à l'interrogatif.
Musicalement, le chemin parcourut depuis Cynique impose le respect, Oneyed Jack n'a jamais sonné aussi construit, réfléchi et les ambiances sonores développées par les machines sont d'une richesse rarement atteinte dans le genre. Le groupe n'en perd pas pour autant son côté frontal et massif grâce à des riffs de guitares bien lourds et à sa section rythmique si versatile. Une question vient alors à moi : comment se fait-il que le groupe, ayant été le meilleur représentant de la fusion à la française, qualitativement bien au dessus de la mêlée, est certainement celui qu'on a le plus vite oublié et celui qui a vendu le moins de disque.
Jack le borgne est donc resté dans l'ombre d'un No one is innocent ou d'un Silmarils (Les boys-band c'est de la musique ?), non pas à cause d'une qualité musicale moindre (à côté de Silmarils il faudrait vraiment être mauvais) mais bel et bien parce qu'il est toujours resté sans compromis. Les textes sont toujours sombres et souvent glauques, l'aspect festif beaucoup moins présent que chez les voisins et la musique bien plus complexe et certainement moins centrée sur la mélodie. Ici il n'y a pas de confort d'écoute pour petit rebelle en baggy (on est dans les 90's), Oneyed jack ne vend pas du rêve ou de la révolte en tube. Il crie son message, son constat, sans aucun souci des modes. Il est l'enfant borgne de la réalité et du quotidien, ou plutôt son bâtard. Et c'est pour cela qu'on l'aime.
Ce groupe mérite vraiment qu'on se penche sur son cas et cela même si parfois la production semble dater. La richesse musicale, l’intransigeance du message, l'alchimie parfaite entre metal, rap, trip-hop, funk et une pincée de reggae font de ce groupe unique une pépite dans les archives du rock de France. Il n'y a pas besoin d'avoir grandi dans les 90's ou de céder à une nostalgie maladive pour se prendre dans la gueule quelques scratchs et des samples de Rage against the machine. Il n'y a pas d'époque idéale pour être en colère, se sentir concerné, ressentir du dégoût face à l'état du monde. Depuis 1998, il se dégrade encore et encore, en moins de temps qu'il n'en faut pour passer du baggy au slim, il avait déjà connu de nouvelles guerres, de nouveaux tyrans. La musique, elle, n'en est que meilleure mais cela est une autre histoire.
"Hier encore je n'étais rien, aujourd'hui je représente le choléra".
Ne passez pas à côté de ces groupes français aussi méconnus qu'ils sont géniaux et soyez cannibales.
Ambiance. Cet article parlera du deuxième LP, Arise, mon préféré dans une discographie sans faille. Dès l'ouverture "Real", le ton est donné : sombre, aride et frontal. Les textes sont fleuves, la section rythmique est marteau-pilon. Le bassiste est toujours aussi impressionnant de groove et de technique. Chaque instrument est à sa place, les samples et les scratchs sont bien mieux amenés que sur le premier disque. Il n'y aura de concession d'aucune sorte. Fabien rappe comme jamais, son flow est fluide comme une giclée à haute-pression, les textes parlent du mal être ambiant, d'aliénation, de dépression.
La lumière est parfois là, caché derrière une phrase sous la forme d'un espoir, d'une chose à atteindre mais la chape de plomb que représente le monde extérieur est si lourde que le but semble bien souvent inaccessible. "Le choléra" et son clip cathartique lâche la bride à une forme de haine libératrice, "Will I arise ?"conclut le disque sur une note plus apaisé même si, ici comme ailleurs, la vision plus positive des choses ne s'exprime qu'à l'interrogatif.
Musicalement, le chemin parcourut depuis Cynique impose le respect, Oneyed Jack n'a jamais sonné aussi construit, réfléchi et les ambiances sonores développées par les machines sont d'une richesse rarement atteinte dans le genre. Le groupe n'en perd pas pour autant son côté frontal et massif grâce à des riffs de guitares bien lourds et à sa section rythmique si versatile. Une question vient alors à moi : comment se fait-il que le groupe, ayant été le meilleur représentant de la fusion à la française, qualitativement bien au dessus de la mêlée, est certainement celui qu'on a le plus vite oublié et celui qui a vendu le moins de disque.
Jack le borgne est donc resté dans l'ombre d'un No one is innocent ou d'un Silmarils (Les boys-band c'est de la musique ?), non pas à cause d'une qualité musicale moindre (à côté de Silmarils il faudrait vraiment être mauvais) mais bel et bien parce qu'il est toujours resté sans compromis. Les textes sont toujours sombres et souvent glauques, l'aspect festif beaucoup moins présent que chez les voisins et la musique bien plus complexe et certainement moins centrée sur la mélodie. Ici il n'y a pas de confort d'écoute pour petit rebelle en baggy (on est dans les 90's), Oneyed jack ne vend pas du rêve ou de la révolte en tube. Il crie son message, son constat, sans aucun souci des modes. Il est l'enfant borgne de la réalité et du quotidien, ou plutôt son bâtard. Et c'est pour cela qu'on l'aime.
Ce groupe mérite vraiment qu'on se penche sur son cas et cela même si parfois la production semble dater. La richesse musicale, l’intransigeance du message, l'alchimie parfaite entre metal, rap, trip-hop, funk et une pincée de reggae font de ce groupe unique une pépite dans les archives du rock de France. Il n'y a pas besoin d'avoir grandi dans les 90's ou de céder à une nostalgie maladive pour se prendre dans la gueule quelques scratchs et des samples de Rage against the machine. Il n'y a pas d'époque idéale pour être en colère, se sentir concerné, ressentir du dégoût face à l'état du monde. Depuis 1998, il se dégrade encore et encore, en moins de temps qu'il n'en faut pour passer du baggy au slim, il avait déjà connu de nouvelles guerres, de nouveaux tyrans. La musique, elle, n'en est que meilleure mais cela est une autre histoire.
"Hier encore je n'étais rien, aujourd'hui je représente le choléra".
Ne passez pas à côté de ces groupes français aussi méconnus qu'ils sont géniaux et soyez cannibales.
3 décembre 2012
"I have a dream..."
Je voulais depuis longtemps vous parler d'un groupe incroyable, de ceux qui ont marqué leur temps du sceau des grands. Ils étaient quatre gars des environ d'Angers, ils jouaient un rock nerveux et sans fioriture. Ils s’appelaient les Thugs. Come On people!
Ce post se concentrera sur le récent coffret CD/2 DVD sorti par les intrépides Crash disques. Alors qu'est-ce qui se passe là-dedans ? Pour le CD, un live enregistré lors de la tournée de reformation de 2008 ( à l'origine à la demande du label ricain Sub pop) à Bordeaux. Et les deux DVD sont bien remplis, puisque outre un live à Angers (forcément), on a le droit à plein de clips d'époque, des courts-métrages, un docu promo de l'enregistrement de Strike et un super documentaire qui retrace toute l'histoire du groupe, avec des interventions de ses membres et du patron de Sub pop.
L'histoire ? Le groupe, séparé à la fin des années 90 ne sait pas reformé par nostalgie ou par appât du gain. Ce qui transpire de ce live, de cette tournée de reformation et du documentaire c'est plutôt la grande générosité, l'humilité et l'intégrité des Thugs. Un groupe sans compromis, qui pendant près de vingt ans a trimbalé ses instruments à travers l'Europe, le japon et les États-Unis, sortant une dizaine de disques aujourd'hui références pour des tas de gens. Pourtant si vous demandez à votre grande sœur (ou pire à votre petit frère), il y a peu de chance qu'elle connaisse les Thugs. Car le groupe n'a jamais cherché à vendre pour vendre. Ils n'étaient là que pour la musique, le plaisir de la partager.
Leur héritage sur les scènes rock et punk de France est largement plus important que celui de Noir Désir ou Téléphone (Ah non ça c'est pas du rock, pardon...). Les Thugs n'avaient pas d'attitude de star, ils sont arrivés à une époque pendant laquelle le DO It Yourself n'était pas une posture mais une nécessité, la cartographie des salles de concert de l'époque en France n'était rien à côté de celle d'aujourd'hui. Ils ont donc longtemps enchainés les concerts dans les squats et les locaux associatifs. Ils font partie de ces quelques passionnés qui ont fait naitre et nourri l’alternatif en France. Mais attention ne les confondez jamais avec la Mano Negra, les Garçons bouchers et autres Satellites. Tout ici est d'inspiration anglo-saxonne, on pense aux Buzzcocks, au Krautrock pour le côté hypnotisant et au pionniers de l'indie rock d'outre-atlantique, Husker du en tête.
Cette reformation apparait alors clairement comme quatre copains (dont trois frères) qui reviennent faire un petit coucou à ceux et celles qui les aimaient et à qui ils manquent. Il n'y a aucun autre enjeu ici que de prendre du plaisir, dès le début du deuxième morceau, le chanteur Éric Sourice lâche un "On est vraiment très très content de vous retrouver". Il n'y a aucune démagogie ici, jamais vétérans d'une scène n'ont été aussi modestes, jamais aucun groupe français n'aura marqué l'histoire du rock comme les Thugs, à la force du poigné, avec juste de la sueur et de la passion, loin des médias mangeurs de variété et de scoops éphémères mais là où la musique a vraiment sa place, dans les foules des concerts, sur le sillon d'un bout de plastique noir. Et ça ce n'est pas rien.
Pas loin de chez vous, il a toujours quelque-part un endroit nourri de sueur et de bruit, alors restez cannibales!
Ce post se concentrera sur le récent coffret CD/2 DVD sorti par les intrépides Crash disques. Alors qu'est-ce qui se passe là-dedans ? Pour le CD, un live enregistré lors de la tournée de reformation de 2008 ( à l'origine à la demande du label ricain Sub pop) à Bordeaux. Et les deux DVD sont bien remplis, puisque outre un live à Angers (forcément), on a le droit à plein de clips d'époque, des courts-métrages, un docu promo de l'enregistrement de Strike et un super documentaire qui retrace toute l'histoire du groupe, avec des interventions de ses membres et du patron de Sub pop.
L'histoire ? Le groupe, séparé à la fin des années 90 ne sait pas reformé par nostalgie ou par appât du gain. Ce qui transpire de ce live, de cette tournée de reformation et du documentaire c'est plutôt la grande générosité, l'humilité et l'intégrité des Thugs. Un groupe sans compromis, qui pendant près de vingt ans a trimbalé ses instruments à travers l'Europe, le japon et les États-Unis, sortant une dizaine de disques aujourd'hui références pour des tas de gens. Pourtant si vous demandez à votre grande sœur (ou pire à votre petit frère), il y a peu de chance qu'elle connaisse les Thugs. Car le groupe n'a jamais cherché à vendre pour vendre. Ils n'étaient là que pour la musique, le plaisir de la partager.
Leur héritage sur les scènes rock et punk de France est largement plus important que celui de Noir Désir ou Téléphone (Ah non ça c'est pas du rock, pardon...). Les Thugs n'avaient pas d'attitude de star, ils sont arrivés à une époque pendant laquelle le DO It Yourself n'était pas une posture mais une nécessité, la cartographie des salles de concert de l'époque en France n'était rien à côté de celle d'aujourd'hui. Ils ont donc longtemps enchainés les concerts dans les squats et les locaux associatifs. Ils font partie de ces quelques passionnés qui ont fait naitre et nourri l’alternatif en France. Mais attention ne les confondez jamais avec la Mano Negra, les Garçons bouchers et autres Satellites. Tout ici est d'inspiration anglo-saxonne, on pense aux Buzzcocks, au Krautrock pour le côté hypnotisant et au pionniers de l'indie rock d'outre-atlantique, Husker du en tête.
Cette reformation apparait alors clairement comme quatre copains (dont trois frères) qui reviennent faire un petit coucou à ceux et celles qui les aimaient et à qui ils manquent. Il n'y a aucun autre enjeu ici que de prendre du plaisir, dès le début du deuxième morceau, le chanteur Éric Sourice lâche un "On est vraiment très très content de vous retrouver". Il n'y a aucune démagogie ici, jamais vétérans d'une scène n'ont été aussi modestes, jamais aucun groupe français n'aura marqué l'histoire du rock comme les Thugs, à la force du poigné, avec juste de la sueur et de la passion, loin des médias mangeurs de variété et de scoops éphémères mais là où la musique a vraiment sa place, dans les foules des concerts, sur le sillon d'un bout de plastique noir. Et ça ce n'est pas rien.
Pas loin de chez vous, il a toujours quelque-part un endroit nourri de sueur et de bruit, alors restez cannibales!
23 novembre 2012
Un Homme en colère
En 2011, Michel Cloup, acteur majeur de la scène rock de France dans les années 90 au sein de Diabologum, sortait un LP solo. Pas tout à fait solo puisque le disque sort sous le nom Michel Cloup Duo.
Notre silence est un album difficile à classer, hors normes et loin des modes, expérimental dans sa démarche (duo batterie-guitares/chant) mais terriblement accrocheur grâce à des textes magnifiques, simples et profonds. L'ensemble est porté par le charisme du bonhomme, ses mots forts, sa diction habitée sans jamais être théâtrale ou sonner fausse. Car ce disque respire la sincérité, l'immédiateté d'un message, on sent que son auteur avait besoin de dire tout cela. Le chant est souvent à la limite du parlé, mais n'allez pas penser ici au slam. Si deux titres courts sont de petits textes que Michel Cloup nous souffle au creux de l'oreille, le reste de l'opus ne peut pas être réduit aux textes car ils sont toujours à égalité avec la musique. Et quelle musique!
Tantôt résolument rock et versatile, tantôt plus ambiante, la guitare joue ici un rôle majeur, elle raconte presque autant de choses que le chant, elle l'illustre, appuyant la narration de chaque titre. Le comparse de Michel Cloup à la batterie est Patrice Cartier, déjà complice au sein d'Expérience, dont le jeu est assez minimaliste mais toujours technique et réfléchi. La batterie tenant, au même titre que la guitare, une place de choix dans les arrangements de chacun des morceaux. On sent que chaque coup de cymbale, chaque roulement sont pesés pour servir le propos, pour raconter une histoire.
Les textes sont denses, deux morceaux dépassent la barre des dix minutes, plusieurs, comme "Le Cercle parfait" et "Plusieurs fois cet après-midi" sont de véritables histoires, avec un début, une fin et comme une sorte de but, de morale. Chaque fois, le chanteur arrive à nous captiver, nous tenir aux aguets, pour nous conter ses petites histoires de blessures, de deuil et de colères. La rigueur de son écriture fait naître en nous des images, en faisant appel à notre imaginaire émotionnel commun. Le disque se termine par "un film américain" où la thématique cinématographique est enrichie par ses images racontées par le chanteur pour un titre résolument rock, sûrement le plus immédiat du disque.
Écouter cet album court est une sorte d’expérience de catharsis dans laquelle on plonge facilement, les morceaux étant bien assez riches pour exciter l'oreille du début à la fin. On finit son écoute comme on referme un bon roman, en se posant des questions, en sentant que quelque-chose de nouveau est entré en nous.
"Mon histoire, notre histoire. Dans le creux de ton oreille, ce n'est pas rien."
Le duo est à voir absolument sur scène! Jetez une oreille curieuse sur les autres groupes du monsieur : Diabologum, Expérience, Binary Audio Misfits... Et comme toujours, soyez cannibales.
Notre silence est un album difficile à classer, hors normes et loin des modes, expérimental dans sa démarche (duo batterie-guitares/chant) mais terriblement accrocheur grâce à des textes magnifiques, simples et profonds. L'ensemble est porté par le charisme du bonhomme, ses mots forts, sa diction habitée sans jamais être théâtrale ou sonner fausse. Car ce disque respire la sincérité, l'immédiateté d'un message, on sent que son auteur avait besoin de dire tout cela. Le chant est souvent à la limite du parlé, mais n'allez pas penser ici au slam. Si deux titres courts sont de petits textes que Michel Cloup nous souffle au creux de l'oreille, le reste de l'opus ne peut pas être réduit aux textes car ils sont toujours à égalité avec la musique. Et quelle musique!
Tantôt résolument rock et versatile, tantôt plus ambiante, la guitare joue ici un rôle majeur, elle raconte presque autant de choses que le chant, elle l'illustre, appuyant la narration de chaque titre. Le comparse de Michel Cloup à la batterie est Patrice Cartier, déjà complice au sein d'Expérience, dont le jeu est assez minimaliste mais toujours technique et réfléchi. La batterie tenant, au même titre que la guitare, une place de choix dans les arrangements de chacun des morceaux. On sent que chaque coup de cymbale, chaque roulement sont pesés pour servir le propos, pour raconter une histoire.
Les textes sont denses, deux morceaux dépassent la barre des dix minutes, plusieurs, comme "Le Cercle parfait" et "Plusieurs fois cet après-midi" sont de véritables histoires, avec un début, une fin et comme une sorte de but, de morale. Chaque fois, le chanteur arrive à nous captiver, nous tenir aux aguets, pour nous conter ses petites histoires de blessures, de deuil et de colères. La rigueur de son écriture fait naître en nous des images, en faisant appel à notre imaginaire émotionnel commun. Le disque se termine par "un film américain" où la thématique cinématographique est enrichie par ses images racontées par le chanteur pour un titre résolument rock, sûrement le plus immédiat du disque.
Écouter cet album court est une sorte d’expérience de catharsis dans laquelle on plonge facilement, les morceaux étant bien assez riches pour exciter l'oreille du début à la fin. On finit son écoute comme on referme un bon roman, en se posant des questions, en sentant que quelque-chose de nouveau est entré en nous.
"Mon histoire, notre histoire. Dans le creux de ton oreille, ce n'est pas rien."
Le duo est à voir absolument sur scène! Jetez une oreille curieuse sur les autres groupes du monsieur : Diabologum, Expérience, Binary Audio Misfits... Et comme toujours, soyez cannibales.
15 novembre 2012
Ghosts of Mars
Lors de mon tout premier voyage sur Mars, j'ai eu la chance de rencontrer des gens vraiment formidables, uniques et originaux et pas toujours sains, mais formidables ça oui on peut le dire. J'y ai surtout découvert un groupe génial, hors normes : Fuck Buttons.
Souvenir : "Ah je suis bien là, au chaud allongé sur un transat avec vous Krunger. Votre planète est vraiment un lieu très dépaysant. Et cette lumière rouge que vous avez ici, c'est magnifique. J'y pense, je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité, mais je me ferai bien faire une gâterie par une de vos amazones de 8 mètres de haut. Elles ont l'air vraiment charmantes... Et votre ami, j'ai oublié son nom, il m'a expliqué qu'elles faisaient des choses, enfin vous voyez ce que je veux dire.
C'est quand même accueillant chez vous! Bon on dira ce qu'on voudra, c'est vrai que les types bizarres là-bas derrière la colline, ils sont un peu bizarres. Cette manie de tuer les gens, de les décapiter et de planter leurs têtes sur des pics... Enfin! Qui suis-je pour juger les autochtones, hein ? Et puis, ces cocktails que vous me servez, je ne préfère pas savoir ce qu'il y a dedans, mais ils sont tellement rafraîchissants! Par cette chaleur, c'est pas du luxe!
Et la musique là c'est quoi ? Fuck Buttons ? Ah, je reconnais bien là la verve littéraire martienne, votre langue si évocatrice! D'ailleurs les amazones ? Oui, oui on verra plus tard. Oui, cette musique, une sorte de mélange savant entre les percus tribales de l'album roots de Sepultura et des instrumentaux d'Amon Tobin mais le tout joué au ralenti et à l'envers. Ça on peut dire que vous avez de l'imagination à revendre ici. En même temps vous devez pas mal vous emmerdez parfois, au milieu de toute cette terre ocre. Comment ? Ah oui avec toutes les drogues que vous prenez, vous ne voyez pas le temps passer. J'imagine bien oui...
Et alors ce groupe, ils viennent d'ici ? C'est un groupe local d'accord ? Ah J'imagine que leurs concerts au fond du cratère doivent être époustouflants, je vous crois sur parole. Des sacrifices ? Oh la la, non ça ce n'est pas trop mon truc mon petit Krunger... Mais par contre les amazones... Enfin votre femme m'a raconté que le dernier terrien qui est passé par chez vous est mort étouffé dans son lit, une amazone à côté de lui. Oui je comprends que ça vous perturbe, que ça entache votre réputation d'hôte exemplaire. Je me mets à votre place. Mais du coup non, ça ne m'inquiète pas plus que ça, je crois même que ça a un côté assez excitant. Pardon ? Je suis en train de devenir un vrai martien ? Je prends ça pour un compliment, merci.
Alors vous dites qu'ici, vous écoutez ce genre de musique pour calmer vos insomnie ? Avec les drogues que vous prenez, les insomnies ça ne m'étonne qu'à moitié. Surtout avec cette substance étrange que vous mâchez à longueur de journée et qui vous fait briller dans le noir, forcément. Mais les espèces de cris de fantômes qu'on entend dans cette musique, ça ne vous dérange pas ? Ah ça vous apaise ? Oui chacun son truc. C'est vrai qu'au début c'est étrange, presque terrifiant, et puis ça devient relaxant, on s'enfonce dans son transat comme dans du coton en écoutant cela. Ça et vos cocktails, c'est le paradis.
Mais comment s'appelle ce morceau ? Oui le premier du disque ? "Sweet love for planet earth" ? Ah ça me fait penser que demain je retourne chez moi, la terre me manque. Ah vous et vos semblables vont terriblement me manquer mon petit Krunger... Je partirai fâché si vous ne me présentez pas cette amazone là-bas, la grande brune avec la corne qui lui sort de la joue... Vraiment fâché!"
Le lendemain matin, avant de me laisser partir, mes hôtes m'offrir Street Horrrsing, le premier LP de Fuck Buttons. Je n'ai jamais trouvé le deuxième, vous savez ce que c'est les imports de Mars. Chaque fois que je l'écoute pour m'endormir, des souvenirs vaporeux m'envahissent. Alors je rêve à cette planète rouge où certaines femmes font plus de quatre fois ma taille. Et ça en vaut la peine, croyez moi.
Soyez cannibales!
Souvenir : "Ah je suis bien là, au chaud allongé sur un transat avec vous Krunger. Votre planète est vraiment un lieu très dépaysant. Et cette lumière rouge que vous avez ici, c'est magnifique. J'y pense, je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité, mais je me ferai bien faire une gâterie par une de vos amazones de 8 mètres de haut. Elles ont l'air vraiment charmantes... Et votre ami, j'ai oublié son nom, il m'a expliqué qu'elles faisaient des choses, enfin vous voyez ce que je veux dire.
C'est quand même accueillant chez vous! Bon on dira ce qu'on voudra, c'est vrai que les types bizarres là-bas derrière la colline, ils sont un peu bizarres. Cette manie de tuer les gens, de les décapiter et de planter leurs têtes sur des pics... Enfin! Qui suis-je pour juger les autochtones, hein ? Et puis, ces cocktails que vous me servez, je ne préfère pas savoir ce qu'il y a dedans, mais ils sont tellement rafraîchissants! Par cette chaleur, c'est pas du luxe!
Et la musique là c'est quoi ? Fuck Buttons ? Ah, je reconnais bien là la verve littéraire martienne, votre langue si évocatrice! D'ailleurs les amazones ? Oui, oui on verra plus tard. Oui, cette musique, une sorte de mélange savant entre les percus tribales de l'album roots de Sepultura et des instrumentaux d'Amon Tobin mais le tout joué au ralenti et à l'envers. Ça on peut dire que vous avez de l'imagination à revendre ici. En même temps vous devez pas mal vous emmerdez parfois, au milieu de toute cette terre ocre. Comment ? Ah oui avec toutes les drogues que vous prenez, vous ne voyez pas le temps passer. J'imagine bien oui...
Et alors ce groupe, ils viennent d'ici ? C'est un groupe local d'accord ? Ah J'imagine que leurs concerts au fond du cratère doivent être époustouflants, je vous crois sur parole. Des sacrifices ? Oh la la, non ça ce n'est pas trop mon truc mon petit Krunger... Mais par contre les amazones... Enfin votre femme m'a raconté que le dernier terrien qui est passé par chez vous est mort étouffé dans son lit, une amazone à côté de lui. Oui je comprends que ça vous perturbe, que ça entache votre réputation d'hôte exemplaire. Je me mets à votre place. Mais du coup non, ça ne m'inquiète pas plus que ça, je crois même que ça a un côté assez excitant. Pardon ? Je suis en train de devenir un vrai martien ? Je prends ça pour un compliment, merci.
Alors vous dites qu'ici, vous écoutez ce genre de musique pour calmer vos insomnie ? Avec les drogues que vous prenez, les insomnies ça ne m'étonne qu'à moitié. Surtout avec cette substance étrange que vous mâchez à longueur de journée et qui vous fait briller dans le noir, forcément. Mais les espèces de cris de fantômes qu'on entend dans cette musique, ça ne vous dérange pas ? Ah ça vous apaise ? Oui chacun son truc. C'est vrai qu'au début c'est étrange, presque terrifiant, et puis ça devient relaxant, on s'enfonce dans son transat comme dans du coton en écoutant cela. Ça et vos cocktails, c'est le paradis.
Mais comment s'appelle ce morceau ? Oui le premier du disque ? "Sweet love for planet earth" ? Ah ça me fait penser que demain je retourne chez moi, la terre me manque. Ah vous et vos semblables vont terriblement me manquer mon petit Krunger... Je partirai fâché si vous ne me présentez pas cette amazone là-bas, la grande brune avec la corne qui lui sort de la joue... Vraiment fâché!"
Le lendemain matin, avant de me laisser partir, mes hôtes m'offrir Street Horrrsing, le premier LP de Fuck Buttons. Je n'ai jamais trouvé le deuxième, vous savez ce que c'est les imports de Mars. Chaque fois que je l'écoute pour m'endormir, des souvenirs vaporeux m'envahissent. Alors je rêve à cette planète rouge où certaines femmes font plus de quatre fois ma taille. Et ça en vaut la peine, croyez moi.
Soyez cannibales!
6 novembre 2012
Last Days
Le 5 avril 1994, un type se tire une balle. Le souci c'est que c'est Kurt Cobain, catapulté malgré lui porte-parole d'une génération, la génération X, comme les journalistes aimaient à l'appeler. Mais je ne vais pas ici vous parler de Nirvana, de leur impact sur la musique des vingt dernières années, cela a peut-être déjà été fait trop de fois. Essayez simplement d'écouter In Utero ou Nevermind sans penser à tous cela, à la dimension sismique du groupe, à sa popularité et à sa fin. Dans sa lettre d'adieu, le blondinet cite "hey hey my my" de Neil Young, lequel est au moment des faits en train d'enregistrer un nouvel opus. Il s'appellera Sleeps with angels, en hommage au disparu. Il sera l'un sinon LE disque le plus sombre du loner.
J'avais neuf ans, la première fois que j'ai entendu un morceau de Neil Young, c'était précisément sur cet album. "My Heart" résonne dans mon quotidien depuis dix-huit ans, comme une bande-original de mes passions musicales. La musique n'était pas encore dématérialisée et l'on portait les jeans troués et les chemises à carreaux, nous étions grunge, c'était la mode. Neil Young, lui, allait sur ses 50 ans, c'était le patron, revenu de tout, des excès, de la mort de plusieurs de ses amis, de la maladie de ses enfants, respecté par des générations de musiciens, Pearl Jam, Nirvana bien sûr et Sonic Youth, qui avait fait sa première partie sur une longue tournée mondiale.
Au delà de cet hommage sombre, Sleeps with angels apparaissait déjà comme le meilleur album du canadien depuis la fin des années 70. Pour ma part, et ayant par la suite tenté en vain de digérer sa discographie plus que colossale, c'est son opus que je trouve le plus complet, le plus inspiré. Tout ici est comme touché par la grâce, l'album fourmille d'arrangements discrets mais au combien magnifiques. Les paroles sont, comme toujours, profondes et belles mais cette fois beaucoup plus porteuses de sens. Le loner n'est pas là pour nous chanter des petites chansons d'amours tristes, nous parler des grands espaces américains. Il évoque la mort, l'échec et la perte, quand tout ce en quoi l'on croit disparait.
"Sleeps with angels" et son riff de guitare fangeux est le constat qui s'impose après la mort de Cobain : "Too soon, he's always on someone's mind, too late". Comme toutes les icônes, le leader de Nirvana représentait l'espoir, symbole lourd de sens quand on connait son parcours. Et cet espoir a disparu avec lui, pour un temps au moins. Une fois cela posé, l'album peut se dérouler plus conventionnellement, sans trop de violence et de noirceur. Mais il est trop tard, le début a été si pesant, est descendu si loin dans l'ombre que même lorsque les paroles seront plus positives, cela sonnera faux, cynique."Change your mind".
C'est une des forces de ce disque, chaque morceau ne trouve son contenu et son réel message que dans l'ensemble de la tracklist. Car dès le début les dés sont pipés, on sait de quoi nous parle le chanteur, on sait ce qui dirige le Crazy Horse, l'ambiance est déjà sombre avant que la musique et les mots ne résonnent. Il faut écouter ce disque en entier, passer par toutes ses phases, entendre chaque solo de guitares et alors on ne peut que l'aimer. Car ce qui reste, bien plus que l'hommage, la noirceur, c'est un des plus magnifiques disques de rock de l'histoire. Une chose simplement belle même si crue, un ensemble de chansons qui résistent au temps. Et après dix-huit ans, peu de choses ont ce pouvoir.
Psychedelic Pill vient de se pointer dans les bacs, neufs ans qu'on n'avait pas entendu de morceaux originaux du Crazy Horse. Jetez une oreille curieuse dessus. Et restez cannibales.
J'avais neuf ans, la première fois que j'ai entendu un morceau de Neil Young, c'était précisément sur cet album. "My Heart" résonne dans mon quotidien depuis dix-huit ans, comme une bande-original de mes passions musicales. La musique n'était pas encore dématérialisée et l'on portait les jeans troués et les chemises à carreaux, nous étions grunge, c'était la mode. Neil Young, lui, allait sur ses 50 ans, c'était le patron, revenu de tout, des excès, de la mort de plusieurs de ses amis, de la maladie de ses enfants, respecté par des générations de musiciens, Pearl Jam, Nirvana bien sûr et Sonic Youth, qui avait fait sa première partie sur une longue tournée mondiale.
Au delà de cet hommage sombre, Sleeps with angels apparaissait déjà comme le meilleur album du canadien depuis la fin des années 70. Pour ma part, et ayant par la suite tenté en vain de digérer sa discographie plus que colossale, c'est son opus que je trouve le plus complet, le plus inspiré. Tout ici est comme touché par la grâce, l'album fourmille d'arrangements discrets mais au combien magnifiques. Les paroles sont, comme toujours, profondes et belles mais cette fois beaucoup plus porteuses de sens. Le loner n'est pas là pour nous chanter des petites chansons d'amours tristes, nous parler des grands espaces américains. Il évoque la mort, l'échec et la perte, quand tout ce en quoi l'on croit disparait.
"Sleeps with angels" et son riff de guitare fangeux est le constat qui s'impose après la mort de Cobain : "Too soon, he's always on someone's mind, too late". Comme toutes les icônes, le leader de Nirvana représentait l'espoir, symbole lourd de sens quand on connait son parcours. Et cet espoir a disparu avec lui, pour un temps au moins. Une fois cela posé, l'album peut se dérouler plus conventionnellement, sans trop de violence et de noirceur. Mais il est trop tard, le début a été si pesant, est descendu si loin dans l'ombre que même lorsque les paroles seront plus positives, cela sonnera faux, cynique."Change your mind".
C'est une des forces de ce disque, chaque morceau ne trouve son contenu et son réel message que dans l'ensemble de la tracklist. Car dès le début les dés sont pipés, on sait de quoi nous parle le chanteur, on sait ce qui dirige le Crazy Horse, l'ambiance est déjà sombre avant que la musique et les mots ne résonnent. Il faut écouter ce disque en entier, passer par toutes ses phases, entendre chaque solo de guitares et alors on ne peut que l'aimer. Car ce qui reste, bien plus que l'hommage, la noirceur, c'est un des plus magnifiques disques de rock de l'histoire. Une chose simplement belle même si crue, un ensemble de chansons qui résistent au temps. Et après dix-huit ans, peu de choses ont ce pouvoir.
Psychedelic Pill vient de se pointer dans les bacs, neufs ans qu'on n'avait pas entendu de morceaux originaux du Crazy Horse. Jetez une oreille curieuse dessus. Et restez cannibales.
27 octobre 2012
La Fin de tous les chants
Menace Ruine, où la bande-originale de la fin de tout. Un sombre vrombissement en fond sonore, accompagné d'une rythmique martiale, voilà tout ce qui reste pour illustrer le chant possédé de Geneviève sur Alight in ashes. Jamais le groupe n'avait était aussi loin dans le minimalisme pour offrir au monde sa vision tourmentée.
Peut-on encore parler ici de Black-Metal quand la musique touche de si près à l'universalité ? Y a t-il des choses à dire pour analyser cette musique ? Peut-on simplement en parler sans risquer de salir sa beauté noire et violente ? Il n'y a, je pense, pas de mot pour décrire la force de ce que ce bout de vinyle renferme, il serait, en tous cas, vain de vouloir en parler comme on parle du premier disque venu. Il n'y a ici que peu de repères, qu'ils soient mélodiques ou rythmiques, la voix seule nous prend par la main pour ne plus nous lâcher pendant ces six morceaux.
Menace Ruine sait faire naître en nous des images, toujours fortes, parfois désagréables et crues, le plus souvent d'une beauté morbide. Il faut écouter ce disque très fort dans le noir ou mieux, fermer les yeux si on a la chance de les voir sur scène, pour sentir monter en soi l'évocation de choses si enfouies qu'on en ignorait jusqu'à l’existence. Elles viennent de temps lointains pour nous parler du monde et de nous-mêmes, elles ne sont que simples évocations, messages brouillés. Paysages désertiques ou champs de ruines, lueurs nocturnes, on ne sait pas qui nous parle ni comment. On ne le saura jamais.
Là est la force de Menace Ruine, s'immerger dans ce disque fait naître des questions, déjà tant sur la forme que le contenu, mais d'abord sur ce que nous ressentons, sur ce que cette musique nous raconte. Parle-t-elle de l'origine ou de la fin ? De l'espoir ou de la tristesse ? D'un éveil ou d'une chute ? En sommes-nous encore aux menaces ou déjà au temps des ruines ? Très vite, les réponses à toutes ces questions n'importent plus, on plonge dans une sorte d'abandon et il devient grisant de se laisser happer par ce déferlement d'images, de rythmes et de sons. Il ne reste alors qu'à lâcher prise sur tout et ne plus connaître rien d'autre que ce bourdonnement drone sur lequel la voix nous transporte. On ne sait jamais vers où, mais le voyage est chaque fois meilleur, comme une drogue dont chaque nouvelle prise est la première.
Soyez cannibales!
Peut-on encore parler ici de Black-Metal quand la musique touche de si près à l'universalité ? Y a t-il des choses à dire pour analyser cette musique ? Peut-on simplement en parler sans risquer de salir sa beauté noire et violente ? Il n'y a, je pense, pas de mot pour décrire la force de ce que ce bout de vinyle renferme, il serait, en tous cas, vain de vouloir en parler comme on parle du premier disque venu. Il n'y a ici que peu de repères, qu'ils soient mélodiques ou rythmiques, la voix seule nous prend par la main pour ne plus nous lâcher pendant ces six morceaux.
Menace Ruine sait faire naître en nous des images, toujours fortes, parfois désagréables et crues, le plus souvent d'une beauté morbide. Il faut écouter ce disque très fort dans le noir ou mieux, fermer les yeux si on a la chance de les voir sur scène, pour sentir monter en soi l'évocation de choses si enfouies qu'on en ignorait jusqu'à l’existence. Elles viennent de temps lointains pour nous parler du monde et de nous-mêmes, elles ne sont que simples évocations, messages brouillés. Paysages désertiques ou champs de ruines, lueurs nocturnes, on ne sait pas qui nous parle ni comment. On ne le saura jamais.
Là est la force de Menace Ruine, s'immerger dans ce disque fait naître des questions, déjà tant sur la forme que le contenu, mais d'abord sur ce que nous ressentons, sur ce que cette musique nous raconte. Parle-t-elle de l'origine ou de la fin ? De l'espoir ou de la tristesse ? D'un éveil ou d'une chute ? En sommes-nous encore aux menaces ou déjà au temps des ruines ? Très vite, les réponses à toutes ces questions n'importent plus, on plonge dans une sorte d'abandon et il devient grisant de se laisser happer par ce déferlement d'images, de rythmes et de sons. Il ne reste alors qu'à lâcher prise sur tout et ne plus connaître rien d'autre que ce bourdonnement drone sur lequel la voix nous transporte. On ne sait jamais vers où, mais le voyage est chaque fois meilleur, comme une drogue dont chaque nouvelle prise est la première.
Soyez cannibales!
23 octobre 2012
Un prophète
Ne pas être dans les temps est une posture assez logique pour parler d'Helmet et de son Meantime (toujours une bonne excuse). Nous sommes en 1992, la scène rock américaine au sens large est en pleine ébullition, il y a des bons groupes à chaque coin de rue, Nirvana est un phénomène de société médiatique et lourd de sens. Au milieu de tout ça, quatre types de New-York sortent leur deuxième album après un Strap in on sorti sur le génial label Amphetamine Reptile. Ils s'appellent Helmet, ils sont beaux et ils sentent le metal noise et dissonant.
On a déjà parlé de lui ici mais c'est le Grand John Stanier qui est derrière la batterie et ça s'entend. Enfin surtout ça se ressent parce qu'il façonne la structure rythmique de chaque morceau avec son jeu incroyable, unique. Écoutez "Give it" pour vous en convaincre. De mesures bâtardes en contre-temps, de syncopes à l'appel en breaks dévastateurs, le batteur est une des clés du son Helmet. Il n'y a qu'à jeter une oreille aux trois albums post-reformation (Page Hamilton étant le seul membre d'origine) pour s'en rendre facilement compte.
Bien sûr il y a aussi ces riffs de guitares stridents et noise si typiques de Page Hamilton, on sent le réel bagage technique du monsieur. Et forcément cette voix, La voix du metal alternatif estampillé 90's, saturée et hargneuse à souhait mais épousant parfois de superbes lignes mélodiques comme sur "Unsung". Tout cela donne à cet LP un côté monolithique et dense qui en lassera certains, fatigués par les cassures rythmiques et le petit manque de respiration de l'ensemble. Mais c'est aussi ce qui donne son charme à Meantime et qui en fait un classique des New-yorkais.
Après cet opus, le groupe sortira encore deux albums avec ce line-up, Betty et Aftertaste, explorant une vaine plus variée et mélodique sans toutefois perdre de son énergie brute. Ces deux-là sont largement aussi bons voire, selon certains, bien meilleurs que Meantime et Strap It on. Puis en 2004, Page Hamilton remet le navire à flot avec...personne à bord. Le Helmet nouveau sort alors trois albums pas forcément mauvais mais très clairement insipides comparés aux quatre premiers. Il apparait alors clairement, mais était-ce nécessaire de le démontrer, qu'Helmet sans Stanier et Henry Bogdan n'est plus lui-même malgré ce qu'en pense son leader.
John Stanier continue tranquillement, et en toute discrétion, à être un des batteurs les plus géniaux de la planète dans des groupes tous excellents comme Battles (aaah Battles) et Tomahawk (avec le fou-génial Mike Patton). Henry Bogdan joue quand à lui dans différents groupes de jazz.
Il est important de percevoir la place de choix qu'ont les premiers Helmet dans la musique des 90's, car sans Meantime et quelques autres, le bidule parfois bien pourri et quelques fois génial (c'est selon) qu'on appelait le neometal n'aurait pas était le même. Le groupe est, au moins tout autant que Faith no more mais certes avec un retentissement moindre, à la base d'un son qui est encore aujourd'hui bien présent dans l'actualité musicale riche en recyclages.
Écoutez bien tout ça, soyez curieux et cannibales
On a déjà parlé de lui ici mais c'est le Grand John Stanier qui est derrière la batterie et ça s'entend. Enfin surtout ça se ressent parce qu'il façonne la structure rythmique de chaque morceau avec son jeu incroyable, unique. Écoutez "Give it" pour vous en convaincre. De mesures bâtardes en contre-temps, de syncopes à l'appel en breaks dévastateurs, le batteur est une des clés du son Helmet. Il n'y a qu'à jeter une oreille aux trois albums post-reformation (Page Hamilton étant le seul membre d'origine) pour s'en rendre facilement compte.
Bien sûr il y a aussi ces riffs de guitares stridents et noise si typiques de Page Hamilton, on sent le réel bagage technique du monsieur. Et forcément cette voix, La voix du metal alternatif estampillé 90's, saturée et hargneuse à souhait mais épousant parfois de superbes lignes mélodiques comme sur "Unsung". Tout cela donne à cet LP un côté monolithique et dense qui en lassera certains, fatigués par les cassures rythmiques et le petit manque de respiration de l'ensemble. Mais c'est aussi ce qui donne son charme à Meantime et qui en fait un classique des New-yorkais.
Après cet opus, le groupe sortira encore deux albums avec ce line-up, Betty et Aftertaste, explorant une vaine plus variée et mélodique sans toutefois perdre de son énergie brute. Ces deux-là sont largement aussi bons voire, selon certains, bien meilleurs que Meantime et Strap It on. Puis en 2004, Page Hamilton remet le navire à flot avec...personne à bord. Le Helmet nouveau sort alors trois albums pas forcément mauvais mais très clairement insipides comparés aux quatre premiers. Il apparait alors clairement, mais était-ce nécessaire de le démontrer, qu'Helmet sans Stanier et Henry Bogdan n'est plus lui-même malgré ce qu'en pense son leader.
John Stanier continue tranquillement, et en toute discrétion, à être un des batteurs les plus géniaux de la planète dans des groupes tous excellents comme Battles (aaah Battles) et Tomahawk (avec le fou-génial Mike Patton). Henry Bogdan joue quand à lui dans différents groupes de jazz.
Il est important de percevoir la place de choix qu'ont les premiers Helmet dans la musique des 90's, car sans Meantime et quelques autres, le bidule parfois bien pourri et quelques fois génial (c'est selon) qu'on appelait le neometal n'aurait pas était le même. Le groupe est, au moins tout autant que Faith no more mais certes avec un retentissement moindre, à la base d'un son qui est encore aujourd'hui bien présent dans l'actualité musicale riche en recyclages.
Écoutez bien tout ça, soyez curieux et cannibales
13 octobre 2012
Le Patient anglais
J'ai eu quelques difficultés à me mettre d'accord avec moi-même pour ce post. Je voulais faire quelque-chose sur l'intégrale de Blur, parler de chaque album, que ce soit exhaustif, complet. J'ai donc réécouté chaque LP avec attention et je n'ai trouvé des choses à dire que sur The Great Escape. Il est vrai que la période où j'écoutais beaucoup ce groupe est assez loin derrière moi et, à part ce disque, je ne trouve plus véritablement de plaisir à écouter Blur.
Il y a bien quelques titres, disséminés ici ou là, comme "Tender" sur 13 ou "For Tomorrow" sur Modern life is rubbish. Parklife a tout du bon album mais je le trouve assez bordélique, partant dans tous les sens malgré la présence de nombreuses très bonnes chansons. Cela ne me dérange pas de réécouter l’éponyme mais en faisant cela j'ai parfois l'impression d'entendre le disque d'un autre groupe que Blur.
Après avoir dis tout cela, vider mon sac de gentillesses (!) sur tout une discographie comptant tout de même sept disques studios, je peux vous parler l'esprit léger de mon disque préféré du groupe londonien : The Great escape. Quand je dis que c'est mon disque préféré de Blur, c'est un léger euphémisme, j'écoute cette galette avec le même plaisir depuis dix-sept ans. Ah j'avais tout juste dix ans, la vie m'était offerte comme un gros bonbon que je suçais chaque jour avec chaque fois plus d'avidité (hum hum).
C'est simple, sur les seize morceaux que compte l'album, il n'y a rien à jeter, plutôt une collection de tubes imparables. Citons en vrac "Stereotypes", "Country House" et son refrain parfait, "Best Days", "It could be you" et son énergie joyeuse, "He thought of cars" et ses couplets qui dressent mes poils de barbes d'émotion contenue (ah la la)... Je m'arrête là car je pourrai parler de chaque titre, de leurs trouvailles mélodiques à foison, des textes tour à tour acides, drôles ou simplement beaux et mélancoliques. Ce disque est simplement le plus réussi et complet de Blur, certainement même de toute la scène britpop de l'époque. Ouais carrément!
Une chose qui me frappe toujours en écoutant le disque d'une traite, c'est l'ambiance positive qui s'en dégage. Ce disque donne envie de marcher au soleil, de sourire, il donne la patate. Attention ne me faites pas dire ce que je n'ai même pas pensé : Positif ne veut pas dire niais ou naïf, il y a assez de matière dans les textes pour comprendre que ce n'est pas juste une collection de chansons pour boire des cocktails au bord d'une piscine, en flattant la croupe ferme de filles en bikini. Il se dégage juste une impression, comme si le groupe avait décidé de se permettre beaucoup de choses tout en ayant une vision claire de ce que devait être leur album. Les superbes cuivres sur "Fade Away" en sont une jolie preuve, il faut oser ce genre d'arrangements casse-gueules et c'est ici tellement bien fait que, si ça ne choque pas, ça ferait même plutôt vraiment classe.
De classe à classique il n'y a que quelques phonèmes et je franchis le pas sans douter! Je pense que The Great escape est le disque de Blur dont on se souviendra dans 50 ans, quand les ordinateurs eux-mêmes seront dématérialisés et que je militerai pour ma platine vinyle devant mes petits enfants médusés par cette pochette aux couleurs si vives et brillantes. Tout comme le disque qui se cache derrière. Un classique, je vous le dis.
Écoutez de la musique, soyez curieux et cannibales!
Il y a bien quelques titres, disséminés ici ou là, comme "Tender" sur 13 ou "For Tomorrow" sur Modern life is rubbish. Parklife a tout du bon album mais je le trouve assez bordélique, partant dans tous les sens malgré la présence de nombreuses très bonnes chansons. Cela ne me dérange pas de réécouter l’éponyme mais en faisant cela j'ai parfois l'impression d'entendre le disque d'un autre groupe que Blur.
Après avoir dis tout cela, vider mon sac de gentillesses (!) sur tout une discographie comptant tout de même sept disques studios, je peux vous parler l'esprit léger de mon disque préféré du groupe londonien : The Great escape. Quand je dis que c'est mon disque préféré de Blur, c'est un léger euphémisme, j'écoute cette galette avec le même plaisir depuis dix-sept ans. Ah j'avais tout juste dix ans, la vie m'était offerte comme un gros bonbon que je suçais chaque jour avec chaque fois plus d'avidité (hum hum).
C'est simple, sur les seize morceaux que compte l'album, il n'y a rien à jeter, plutôt une collection de tubes imparables. Citons en vrac "Stereotypes", "Country House" et son refrain parfait, "Best Days", "It could be you" et son énergie joyeuse, "He thought of cars" et ses couplets qui dressent mes poils de barbes d'émotion contenue (ah la la)... Je m'arrête là car je pourrai parler de chaque titre, de leurs trouvailles mélodiques à foison, des textes tour à tour acides, drôles ou simplement beaux et mélancoliques. Ce disque est simplement le plus réussi et complet de Blur, certainement même de toute la scène britpop de l'époque. Ouais carrément!
Une chose qui me frappe toujours en écoutant le disque d'une traite, c'est l'ambiance positive qui s'en dégage. Ce disque donne envie de marcher au soleil, de sourire, il donne la patate. Attention ne me faites pas dire ce que je n'ai même pas pensé : Positif ne veut pas dire niais ou naïf, il y a assez de matière dans les textes pour comprendre que ce n'est pas juste une collection de chansons pour boire des cocktails au bord d'une piscine, en flattant la croupe ferme de filles en bikini. Il se dégage juste une impression, comme si le groupe avait décidé de se permettre beaucoup de choses tout en ayant une vision claire de ce que devait être leur album. Les superbes cuivres sur "Fade Away" en sont une jolie preuve, il faut oser ce genre d'arrangements casse-gueules et c'est ici tellement bien fait que, si ça ne choque pas, ça ferait même plutôt vraiment classe.
De classe à classique il n'y a que quelques phonèmes et je franchis le pas sans douter! Je pense que The Great escape est le disque de Blur dont on se souviendra dans 50 ans, quand les ordinateurs eux-mêmes seront dématérialisés et que je militerai pour ma platine vinyle devant mes petits enfants médusés par cette pochette aux couleurs si vives et brillantes. Tout comme le disque qui se cache derrière. Un classique, je vous le dis.
Écoutez de la musique, soyez curieux et cannibales!
4 octobre 2012
Sous le soleil de Satan
Aujourd'hui, je vais montrer mon objectivité et ma mesure à toute épreuve (!) en vous parlant de Mogwai, le groupe de postrock aux guitares telluriques et à la rythmique béton béton. Ne cherchez pas trop de références avec le contenu du film de Pialat, si ce n'est que Mogwai est né sous une bonne étoile noire, éclairant le ciel morne de leur Écosse natale. Je ne parlerai ici que des albums à propos desquels j'ai envie de dire quelque-chose, certains seront oubliés et d'autres auront une place de choix, là où habituellement on ne leur donne aucune chance.
Quand un beau jour de 1997 déboule le titre "Mogwai fear satan" sur l'album Young Team, un tel impact sismique en provenance du Royaume-Uni n'a pas été ressenti dans le monde du rock expérimental depuis My Bloody Valentine. Et il est d'une puissance et d'une précision sans commune mesure avec les pré-cités. Il est étonnant de savoir que, dès ce premier album, Mogwai est un groupe différent, qu'il se démarque des autres formations du genre de l'époque que sont Tortoise et Godspeed you black emperor. Son identité est forte, Mogwai a déjà un son qui lui est propre, Mogwai fait déjà la différence sur scène, c'est déjà un monstre (mais non pas un Gremlin, essayez de suivre un peu!). "Like Herod" et "R U still in 2 it" finissent de convaincre les plus septiques. Il est rare qu'une telle richesse musicale soit développée dès un premier LP.
On fait un grand saut dans le temps pour atterrir en 2006 qui voit la sortie de Mr Beast. Mogwai a grandi, sa musique s'est complexifiée, son champ d'action est de plus en plus varié. Il suffit d'écouter "Glasgow mega-snake" très fort pour comprendre ce que peut être Mogwai, jamais un titre de postrock aussi concis n'a été aussi puissant, aussi dense. La structure de ce morceau, son rendu sonore sont tout simplement incroyables. A partir de là, on peut tout rêver quand à l'avenir de Mogwai, plus rien ne semble impossible et beaucoup seront déçus par la suite.
A hawk is hawling et son aigle peint sur la pochette, cet album n'a pas réussi à contenter tout le monde, le côté electro déplait à certains, d'autres le trouvent trop minimaliste sur quelques morceaux. Mogwai apparait pourtant ici comme un groupe au sommet de son art, chaque titre ici possède une identité propre, on sent le travail énorme réalisé sur les arrangements et les ambiances. C'est sur les titres les plus posés que Mogwai se montre enfin d'une excellence digne de ses grands classiques. écoutez "The sun smells too loud" au casque, il en est l'exemple parfait, ils y réussissent enfin à être aussi évocateurs que sur leurs titres les plus chargés en guitares.
En 2010 sort Hardcore will never die but you will. Je trouve que rien que pour son titre à mourir de rire (surtout quand on sait comment le groupe l'a trouvé), ce disque mérite qu'on s'y attarde, qu'on prenne le temps. Cet album est assez déroutant au début quand on est habitué à trouver certaines choses chez Mogwai, on a même l'impression qu'il est un peu raté. Puis les mois passent et chaque fois qu'on le remet sur une platine, il se découvre petit à petit. Je ne saurai pas en dire beaucoup plus car j'ai (près de deux ans après ça sortie) encore du mal à comprendre ce disque. Il est malgré cela certain que ce LP possède un charme magnétique intense qui fait que l'on revient toujours vers lui, ne serait-ce que pour tenter de l'apprivoiser.
Selon les connaisseurs, il est important de pouvoir avoir la chance de voir Mogwai sur scène où il prend une dimension démultipliée. Vous savez ce qu'il vous reste à faire! Soyez curieux.
Quand un beau jour de 1997 déboule le titre "Mogwai fear satan" sur l'album Young Team, un tel impact sismique en provenance du Royaume-Uni n'a pas été ressenti dans le monde du rock expérimental depuis My Bloody Valentine. Et il est d'une puissance et d'une précision sans commune mesure avec les pré-cités. Il est étonnant de savoir que, dès ce premier album, Mogwai est un groupe différent, qu'il se démarque des autres formations du genre de l'époque que sont Tortoise et Godspeed you black emperor. Son identité est forte, Mogwai a déjà un son qui lui est propre, Mogwai fait déjà la différence sur scène, c'est déjà un monstre (mais non pas un Gremlin, essayez de suivre un peu!). "Like Herod" et "R U still in 2 it" finissent de convaincre les plus septiques. Il est rare qu'une telle richesse musicale soit développée dès un premier LP.
On fait un grand saut dans le temps pour atterrir en 2006 qui voit la sortie de Mr Beast. Mogwai a grandi, sa musique s'est complexifiée, son champ d'action est de plus en plus varié. Il suffit d'écouter "Glasgow mega-snake" très fort pour comprendre ce que peut être Mogwai, jamais un titre de postrock aussi concis n'a été aussi puissant, aussi dense. La structure de ce morceau, son rendu sonore sont tout simplement incroyables. A partir de là, on peut tout rêver quand à l'avenir de Mogwai, plus rien ne semble impossible et beaucoup seront déçus par la suite.
A hawk is hawling et son aigle peint sur la pochette, cet album n'a pas réussi à contenter tout le monde, le côté electro déplait à certains, d'autres le trouvent trop minimaliste sur quelques morceaux. Mogwai apparait pourtant ici comme un groupe au sommet de son art, chaque titre ici possède une identité propre, on sent le travail énorme réalisé sur les arrangements et les ambiances. C'est sur les titres les plus posés que Mogwai se montre enfin d'une excellence digne de ses grands classiques. écoutez "The sun smells too loud" au casque, il en est l'exemple parfait, ils y réussissent enfin à être aussi évocateurs que sur leurs titres les plus chargés en guitares.
En 2010 sort Hardcore will never die but you will. Je trouve que rien que pour son titre à mourir de rire (surtout quand on sait comment le groupe l'a trouvé), ce disque mérite qu'on s'y attarde, qu'on prenne le temps. Cet album est assez déroutant au début quand on est habitué à trouver certaines choses chez Mogwai, on a même l'impression qu'il est un peu raté. Puis les mois passent et chaque fois qu'on le remet sur une platine, il se découvre petit à petit. Je ne saurai pas en dire beaucoup plus car j'ai (près de deux ans après ça sortie) encore du mal à comprendre ce disque. Il est malgré cela certain que ce LP possède un charme magnétique intense qui fait que l'on revient toujours vers lui, ne serait-ce que pour tenter de l'apprivoiser.
Selon les connaisseurs, il est important de pouvoir avoir la chance de voir Mogwai sur scène où il prend une dimension démultipliée. Vous savez ce qu'il vous reste à faire! Soyez curieux.
28 septembre 2012
The Faculty
C'est la rentrée et vous êtes sûr que la plupart de vos profs sont des extraterrestres assoiffés de sang. Ne vous inquiétez pas, il suffit d'avoir un bon accompagnement musicale pour vous donner du courage et réussir à les exterminer. Qu'est-ce que nous apporte la prof principale pour cette rentrée ?
Tout d'abord le nouveau Dinosaur jr, I bet on sky est une petite perle qu'on aime enfiler inlassablement autour de ses oreilles (?). Comme les deux précédents albums post-reformation, on a affaire ici à du grand Dino. C'est mélodique, la guitare de J est toujours aussi volubile même si il y a moins de solos qu'à l’accoutumé. Le plaisir est toujours là et il est plus immédiat que jamais!
Qu'est-ce qu'il y a d'autre au rayon nouveautés ? Ah, le nouveau Bob Mould, Silver age, coupé sur mesure, direct et frontal. Ça faisait longtemps, depuis Sugar en fait, que le monsieur n'avais pas été simplement à l'essentiel, c'est-à-dire des chansons power pop simples et efficaces. Il nous balance tout ça de façon décontracte et on en redemande!
La rentrée nous apporte aussi une nouvelle fournée de NOFX, Self-entitled,pas grand-chose à en dire, la bande de Fat Mike fait ce qu'elle a toujours fait et le fait bien. On aimerai peut-être qu'ils sortent un peu des clous de leur Hardcore mélo super routinier ou qu'ils nous pondent à nouveau des tubes comme "Linoleum" ou plus récemment "Seeing double at the triple rock".
Il y a d'autres choses que je n'ai pas encore pu écouter mais qui s'annoncent très prometteuses. Comme le dernier volet de la trilogie 777 de Blut Aus Nord, Cosmosophy, par exemple. Dernier chapitre d'une œuvre colossale entamée il y a un peu plus d'un an, Blut Aus nord continue de transcender le black metal pour en faire un monstre polycéphales des plus passionnants.
Soyez curieux!!!
Tout d'abord le nouveau Dinosaur jr, I bet on sky est une petite perle qu'on aime enfiler inlassablement autour de ses oreilles (?). Comme les deux précédents albums post-reformation, on a affaire ici à du grand Dino. C'est mélodique, la guitare de J est toujours aussi volubile même si il y a moins de solos qu'à l’accoutumé. Le plaisir est toujours là et il est plus immédiat que jamais!
Qu'est-ce qu'il y a d'autre au rayon nouveautés ? Ah, le nouveau Bob Mould, Silver age, coupé sur mesure, direct et frontal. Ça faisait longtemps, depuis Sugar en fait, que le monsieur n'avais pas été simplement à l'essentiel, c'est-à-dire des chansons power pop simples et efficaces. Il nous balance tout ça de façon décontracte et on en redemande!
La rentrée nous apporte aussi une nouvelle fournée de NOFX, Self-entitled,pas grand-chose à en dire, la bande de Fat Mike fait ce qu'elle a toujours fait et le fait bien. On aimerai peut-être qu'ils sortent un peu des clous de leur Hardcore mélo super routinier ou qu'ils nous pondent à nouveau des tubes comme "Linoleum" ou plus récemment "Seeing double at the triple rock".
Il y a d'autres choses que je n'ai pas encore pu écouter mais qui s'annoncent très prometteuses. Comme le dernier volet de la trilogie 777 de Blut Aus Nord, Cosmosophy, par exemple. Dernier chapitre d'une œuvre colossale entamée il y a un peu plus d'un an, Blut Aus nord continue de transcender le black metal pour en faire un monstre polycéphales des plus passionnants.
Soyez curieux!!!
26 septembre 2012
Un Roi sans divertissement
Cet article s'est un peu fait attendre mais j'ai, pour une fois, une excellente excuse. L'album dont je voulais parler est un de mes préférés, je l'écoute régulièrement depuis des années, c'est une référence absolue pour moi. Il s'agit de Pornography des Cure. Il sont peu nombreux les disques à pouvoir s'inviter aussi souvent sur ma platine, à revêtir tant de significations et à exercer un tel magnétisme sur leurs auditeurs. Car je ne suis pas le seul à porter aux nues ce LP. Loin de là.
Quand on connait les deux albums précédents, Seventeen seconds et Faith, il est étonnant d'observer l'énorme bon en avant accompli par le groupe. Tout est ici extrême, la noirceur des morceaux, le côté martial des rythmes de batteries, la complexité, le désespoir. Certains ont mis ça sur le dos de la drogue, il est vrai qu'à l'époque le groupe se défonçait comme jamais auparavant et s'il est vrai que la surconsommation de produits peut rendre profondément dépressif, ne faut-il pas l'être déjà pour se détruire comme le faisait Robert Smith et les siens en cette sombre année 1982 estampillée Tchatcher et guerre ? Suffit-il surtout d'être défoncé pour accoucher d'une musique si complète, si évocatrice ? Je ne pense pas.
D'après la légende, Smith dormait sous un bureau dans le studio d'enregistrement pendant toute la durée de la production de ce disque. L'immersion totale est déjà une meilleure explication. Rien n'est faux sur ce disque, ce n'est pas du rock dans le sens de divertissement. Rien n'est factice, chaque riff suinte la tristesse, le dégoût, mais les chansons sont belles. Elles portent un espoir lointain, il y a toujours une issue et Smith clame "I need a cure". Expiation, catharsis.
Ce disque n'est, malgré tout cela, pas difficile d'accès, dès la première écoute "Siamese twins" s'impose par sa rythmique mécanique, redondante et par sa mélodie cristalline. On peut aimer ce disque tout de suite après une simple écoute. Mais après, si l'on est sensible à cette musique, c'est un voyage au fond de nous-même chaque fois recommencé, chaque fois nouveau. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais, chaque fois que j'écoute l'album en entier, je le découvre, il me parle chaque fois avec une voix différente et ce que j'en retiens dépend de mon humeur, de mon état d'esprit. C'est un miroir qui montre à quel point beaucoup de choses n'ont pas de sens, sont cruelles, c'est aussi une fenêtre ouverte qui indique qu'il est toujours possible de sublimer le mal-être. D'en faire un des disques les plus importants de ces 30 dernières années, par exemple.
30 ans. Rien n'est daté dans cette musique, dans son message, son intemporalité et l'universalité de son inspiration la rendent immortelle. Je l'écoutais à 20 ans pour certaines raisons, aujourd'hui pour d'autres, j'ai des amis de 50 ans qui l'écoutent toujours avec la même curiosité qu'à sa sortie. Il n'est pas question de nostalgie ici, on ne cherche pas l'ado que l'on a été en posant le diamant sur le vinyle, c'est d'aujourd'hui qu'il s'agit. La musique agit encore, elle nous parlait avant, elle nous parle toujours et jamais The Cure n'aura réussi à renouveler l'exploit par la suite même si Disintegration est un grand disque. Robert Smith est ici un chaman, c'est à notre âme qu'il s'adresse, il dit le froid et la grisaille de la ville, il dit l'échec et la folie. Il dit l'ennui de ne pas pouvoir être autre et les mélodies de guitares si vivantes de "strange day" répondent à la répètitivité maladive de ses parties de batteries.
Dans Un Roi sans divertissement, le terrible livre de Jean Giono, on tue pour chasser l'ennui, pour ressentir enfin quelque chose. Ici, il suffit de monter le son, de s'immerger et les images défilent, chaque fois plus nombreuses et chaque fois plus riches. Et plus le temps passe, plus on aime ce disque comme une drogue dont les effets seraient chaque fois plus intenses.
Il ne faut pas écouter ce disque seulement par curiosité, il faut en avoir besoin. Et vous serez satisfaits. Restez cannibales.
Quand on connait les deux albums précédents, Seventeen seconds et Faith, il est étonnant d'observer l'énorme bon en avant accompli par le groupe. Tout est ici extrême, la noirceur des morceaux, le côté martial des rythmes de batteries, la complexité, le désespoir. Certains ont mis ça sur le dos de la drogue, il est vrai qu'à l'époque le groupe se défonçait comme jamais auparavant et s'il est vrai que la surconsommation de produits peut rendre profondément dépressif, ne faut-il pas l'être déjà pour se détruire comme le faisait Robert Smith et les siens en cette sombre année 1982 estampillée Tchatcher et guerre ? Suffit-il surtout d'être défoncé pour accoucher d'une musique si complète, si évocatrice ? Je ne pense pas.
D'après la légende, Smith dormait sous un bureau dans le studio d'enregistrement pendant toute la durée de la production de ce disque. L'immersion totale est déjà une meilleure explication. Rien n'est faux sur ce disque, ce n'est pas du rock dans le sens de divertissement. Rien n'est factice, chaque riff suinte la tristesse, le dégoût, mais les chansons sont belles. Elles portent un espoir lointain, il y a toujours une issue et Smith clame "I need a cure". Expiation, catharsis.
Ce disque n'est, malgré tout cela, pas difficile d'accès, dès la première écoute "Siamese twins" s'impose par sa rythmique mécanique, redondante et par sa mélodie cristalline. On peut aimer ce disque tout de suite après une simple écoute. Mais après, si l'on est sensible à cette musique, c'est un voyage au fond de nous-même chaque fois recommencé, chaque fois nouveau. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais, chaque fois que j'écoute l'album en entier, je le découvre, il me parle chaque fois avec une voix différente et ce que j'en retiens dépend de mon humeur, de mon état d'esprit. C'est un miroir qui montre à quel point beaucoup de choses n'ont pas de sens, sont cruelles, c'est aussi une fenêtre ouverte qui indique qu'il est toujours possible de sublimer le mal-être. D'en faire un des disques les plus importants de ces 30 dernières années, par exemple.
30 ans. Rien n'est daté dans cette musique, dans son message, son intemporalité et l'universalité de son inspiration la rendent immortelle. Je l'écoutais à 20 ans pour certaines raisons, aujourd'hui pour d'autres, j'ai des amis de 50 ans qui l'écoutent toujours avec la même curiosité qu'à sa sortie. Il n'est pas question de nostalgie ici, on ne cherche pas l'ado que l'on a été en posant le diamant sur le vinyle, c'est d'aujourd'hui qu'il s'agit. La musique agit encore, elle nous parlait avant, elle nous parle toujours et jamais The Cure n'aura réussi à renouveler l'exploit par la suite même si Disintegration est un grand disque. Robert Smith est ici un chaman, c'est à notre âme qu'il s'adresse, il dit le froid et la grisaille de la ville, il dit l'échec et la folie. Il dit l'ennui de ne pas pouvoir être autre et les mélodies de guitares si vivantes de "strange day" répondent à la répètitivité maladive de ses parties de batteries.
Dans Un Roi sans divertissement, le terrible livre de Jean Giono, on tue pour chasser l'ennui, pour ressentir enfin quelque chose. Ici, il suffit de monter le son, de s'immerger et les images défilent, chaque fois plus nombreuses et chaque fois plus riches. Et plus le temps passe, plus on aime ce disque comme une drogue dont les effets seraient chaque fois plus intenses.
Il ne faut pas écouter ce disque seulement par curiosité, il faut en avoir besoin. Et vous serez satisfaits. Restez cannibales.
11 septembre 2012
Funny Games
Quoi de mieux que ce film de Michael Haneke pour illustrer la violence de Naked City, dont la musique a d'ailleurs servi de toile de fond à plusieurs scènes ? Oui aujourd'hui on parle torture et rites sadomaso avec les maitres du Jazz extrême. Naked City est un groupe d'improvisation constitué de cinq membres (avec régulièrement un chanteur en plus) emmenés par le génialement dérangé John Zorn dont nous avons déjà parlé ici.
Je ne parlerai dans ce post que de la réédition du génial Torture Garden, qui à l'occasion de ses vingt bougies a été couplé avec le glauquissime Leng Tch'e. Le premier album est un enchainement de 42 morceaux courts, entre dix secondes et une minute. Des morceaux qui soignent les cervicales en vous enfonçant des bris de verres partout sur le corps. Car oui, Torture Garden est une thérapie, une sorte d'exutoire pour vomir les maux de notre monde et les mélanger dans un grand mixeur pour en faire de petits Haïkus sonores, malsains, drôles et fous. Le groupe superpose les genres : Surf, metal extrême, free jazz, mais ceci à l'intérieur de chaque morceau, à l'aide de cassures rythmiques et de changements de caps aléatoires et brutaux.
On revient difficilement indemne de l'écoute de ces morceaux, cela même lorsqu'on est habitué à écouter de la musique violente. Ici, Naked City vous plaque au sol pour vous chatouiller avec entrain; là, il vous attache pour vous vider des seaux de matières visqueuses et odorantes sur la tête. Mais tout ça se fait dans la bonne humeur, car Naked City c'est quand même un peu pour de rire les amis. Mais nous n'avons pas tous le même sens de l'humour, alors prenez garde car leurs limites ne sont pas forcément celles des autres.
Leng Tch'e est composé d'un seul et même morceau affichant 31 minutes au compteur, pour un résultat diamétralement opposé. Le rythme se ralentit à l'extrême, l'ambiance devient malsaine et le bruit remplace les notes. On étouffe comme sur Torture Garden, mais cette fois ce ne sont plus des blasts qui nous collent aux murs, c'est une ambiance, ça se passe alors dans la tête.
Vous l'aurez compris, ici, on n'est pas là pour se faire peur dans des minis montagnes russes sonores en se jetant des cacahuètes et en poussant des cris de bêtes. Ce n'est plus pour s'amuser, c'est l'autre versant de la torture, la sale, celle qui fait vraiment mal, qui fait peur, qui glace le sang. Celle qui ne fait pas rire mais qui peut vouloir faire mourir. Mais le Leng Tch'e, cette méthode de torture traditionnelle chinoise, se distingue par le fait que, avant de le faire mourir, on donne de l'opium à la victime, d'où le sourire de l'homme sur la magnifique pochette de l'album. Selon les différentes interprétations que l'on trouve sur le Web, on parle d'une sorte d'extase qui serait atteinte par la victime au moment de mourir.
C'est bien cela que voulait atteindre Naked City, devenir, non seulement une B.O d'un film de torture sadomaso, mais être plus que ça, devenir le rite lui-même, que sa musique en soit l'outil. C'est réussi, si on considère que ces deux albums dérangent autant qu'ils fascinent, amusent et font peur.
La curiosité peut devenir un vilain défaut... Alors restez cannibales!
Je ne parlerai dans ce post que de la réédition du génial Torture Garden, qui à l'occasion de ses vingt bougies a été couplé avec le glauquissime Leng Tch'e. Le premier album est un enchainement de 42 morceaux courts, entre dix secondes et une minute. Des morceaux qui soignent les cervicales en vous enfonçant des bris de verres partout sur le corps. Car oui, Torture Garden est une thérapie, une sorte d'exutoire pour vomir les maux de notre monde et les mélanger dans un grand mixeur pour en faire de petits Haïkus sonores, malsains, drôles et fous. Le groupe superpose les genres : Surf, metal extrême, free jazz, mais ceci à l'intérieur de chaque morceau, à l'aide de cassures rythmiques et de changements de caps aléatoires et brutaux.
On revient difficilement indemne de l'écoute de ces morceaux, cela même lorsqu'on est habitué à écouter de la musique violente. Ici, Naked City vous plaque au sol pour vous chatouiller avec entrain; là, il vous attache pour vous vider des seaux de matières visqueuses et odorantes sur la tête. Mais tout ça se fait dans la bonne humeur, car Naked City c'est quand même un peu pour de rire les amis. Mais nous n'avons pas tous le même sens de l'humour, alors prenez garde car leurs limites ne sont pas forcément celles des autres.
Leng Tch'e est composé d'un seul et même morceau affichant 31 minutes au compteur, pour un résultat diamétralement opposé. Le rythme se ralentit à l'extrême, l'ambiance devient malsaine et le bruit remplace les notes. On étouffe comme sur Torture Garden, mais cette fois ce ne sont plus des blasts qui nous collent aux murs, c'est une ambiance, ça se passe alors dans la tête.
Vous l'aurez compris, ici, on n'est pas là pour se faire peur dans des minis montagnes russes sonores en se jetant des cacahuètes et en poussant des cris de bêtes. Ce n'est plus pour s'amuser, c'est l'autre versant de la torture, la sale, celle qui fait vraiment mal, qui fait peur, qui glace le sang. Celle qui ne fait pas rire mais qui peut vouloir faire mourir. Mais le Leng Tch'e, cette méthode de torture traditionnelle chinoise, se distingue par le fait que, avant de le faire mourir, on donne de l'opium à la victime, d'où le sourire de l'homme sur la magnifique pochette de l'album. Selon les différentes interprétations que l'on trouve sur le Web, on parle d'une sorte d'extase qui serait atteinte par la victime au moment de mourir.
C'est bien cela que voulait atteindre Naked City, devenir, non seulement une B.O d'un film de torture sadomaso, mais être plus que ça, devenir le rite lui-même, que sa musique en soit l'outil. C'est réussi, si on considère que ces deux albums dérangent autant qu'ils fascinent, amusent et font peur.
La curiosité peut devenir un vilain défaut... Alors restez cannibales!
6 septembre 2012
La Dame de fer
Si nous parlions un peu de Punk-rock, des années Thatcher et de UK Subs, un des meilleurs groupes de l'époque? Je me demande ce que serait mon affection pour le Punk anglais si je n'avais pas découvert ce groupe, ses morceaux addictifs et crus. Écoutant une compile (blasphème!!) du groupe pendant que j'écris ce post, je ne peux m'empêcher de penser aux scènes d'émeutes du film avec Meryl Streep, leur côté cliché. La façon qu'a l'industrie du cinéma de faire de simples images d'une époque dure et stérile, marquée par la guerre et les conflits sociaux, essayant d'en faire quelque chose de glamour, d'hollywoodien. Mais, de la même façon que je pense à La Dame de fer en écoutant les UK Subs, quand je regarde le film je pense à leur musique et à celle d'autres groupes : G.B.H, The Exploited, Crass. Cela m'aide inconsciemment à savoir où se situe la réalité historique.
Mais parlons de musique. UK Subs est un groupe direct, tapageur dans le bon sens du terme, sa musique donne envie de tout casser mais les mélodies la traversant procurent l'envie de s'assoir en haut d'une colline pour mieux contempler l'émeute, en sachant bien que rien ne changera. Ils sont loin d'être le groupe le plus extrême de l'époque, ils passaient même à Top of the pops, mais ils sont typiques de l'ambivalence de ce temps où la musique punk et son message avaient le droit de citer à la télé anglaise. Pour le meilleur et pour le pire.
Je ne sais pas si il reste à Londres d'autre chose que des Hipsters en manque de révolte sucrée, je ne pense pas que la jeunesse anglaise garde le souvenir de la guerre des malouines ou qu'elle porte le poids des fermetures de mines. Il reste malgré tout ce témoignage à vif, cette musique porteuse du chant d'une jeunesse qui, si elle n'a pas changé le cour des choses, a au moins montré son désaccord de la plus belle des façons : en hurlant dans un micro entourée de quelques potes martyrisant des guitares. C'est déjà beaucoup.
Ecoutez les groupes de cette époque, quand le punk avait un sens et une justification, mais savoir si il les a perdu serait un autre débat. Soyez toujours curieux et le cannibalisme sauvera peut-être le monde. Ou pas.
30 août 2012
Videodrome
Vous allez sûrement vous demander quel groupe j'ai associé à ce superbe film de David Cronenberg qu'est Videodrome ? La réponse est loin de tomber sous le sens puisque aujourd'hui je parlerai du groupe de pop indé Pinback. Pinback est beau, Pinback est sensible autant que Videodrome est dérangeant et fou.
Oui, mais voilà, pour ceux qui ne connaissent pas le film, videodrome est une tumeur qui rend les gens fous, dépendants à une série de vidéos. Dès le premier visionnage d'une vidéo du programme, des symptômes apparaissent : hallucinations, addictions. Il en va de même avec Pinback. J'ai écouté ce groupe pour la première fois il y a moins d'un mois, rien que le clip d'un titre issu de Autumn of the seraphs. Depuis j'ai acheté ce dernier, téléchargé d'autres albums parce que je ne pouvais pas attendre pour en écouter plus. Il a suffit de ce premier clip pour que je devienne fou de ce groupe, que j'en parle à mes amis, à mon chat (?).
Pinback c'est une idée toute simple mais poussée dans ses limites : de la mélodie, encore de la mélodie. C'est le groupe par excellence dont on peut aimer la musique dès les premières secondes d'écoute. Le plus terrible dans tout ça, c'est que ça marche avec tous leurs titres. Pire, à chaque écoute renouvelée, l'effet de surprise passé, chaque titre possède encore ce côté attractif. Je crois tenir le groupe dont je peux écouter chaque chanson cinquante fois d'affilées, avec un plaisir toujours renouvelé.
Le secret ? Deux voix qui se répondent, s'entremêlent, belles mais jamais sirupeuses, chaudes. Surtout, dans chaque morceau, il y a des gimmicks mélodiques dans tous les coins, chaque écoute apporte une découverte. Cette musique est directe, elle touche au but simplement mais, comme si chaque morceau était fait de plusieurs, on la découvre encore et encore, c'est chaque fois nouveau et chaque fois meilleur parce qu'on retrouve ce que l'on aime, couplé à ce que l'on découvre. Et je pense que ça n'a pas de fin. On ne finit pas de découvrir une chanson de Pinback, ce sont des magiciens, des orfèvres, que voulez-vous.
Sans aucune exagération (vous me connaissez...), ce groupe change mon quotidien. Pour commencer, ça donne de l'espoir de voir la tête du guitariste, il est gros, il est poilu et il s'habille comme moi le dimanche quand je reste devant mon ordi à comater. Lorsque je marche dans la rue, écoutant Summer in abaddon, il m'arrive de sourire bêtement, de trouver les gens beaux. Pinback déplace de telles montagnes mélodiques, le fait avec tant de grâce, de finesse, que tout parait possible.
C'est drôle car je connaissais le groupe de nom depuis dix ans, et je n'avais jamais eu la curiosité d'écouter. Je pensais que c'était un groupe de pop indé parmi d'autres. Finalement c'est LE groupe de pop intelligente. Je suis content de m'être réservé cette surprise musicale sans le savoir. Quand je pense que cela ne fait qu'un mois que j'écoute ce groupe, j'ai déjà oublié ce que c'était que d'écouter de la musique sans connaitre Pinback. Étais-je heureux avant cela? Certainement, mais je crois que j'attendais ce groupe sans en avoir conscience.
Je sais maintenant pourquoi je suis cannibale, pour ne pas passer à côté de groupe comme Pinback. C'est la rentrée alors, entre deux courses pour acheter des cahiers, un nouveau sac à main, un costard ou que sais-je encore, arrêtez vous trois petites minutes, écoutez n'importe quelle chanson de Pinback et soyez content d'être là. Le nouvel album s'appelle Information retrieved et sort le 16 octobre prochain, je vous en parlerai forcément. En attendant soyez curieux, cannibales et aimez le mange-disque sur Facebook.
Oui, mais voilà, pour ceux qui ne connaissent pas le film, videodrome est une tumeur qui rend les gens fous, dépendants à une série de vidéos. Dès le premier visionnage d'une vidéo du programme, des symptômes apparaissent : hallucinations, addictions. Il en va de même avec Pinback. J'ai écouté ce groupe pour la première fois il y a moins d'un mois, rien que le clip d'un titre issu de Autumn of the seraphs. Depuis j'ai acheté ce dernier, téléchargé d'autres albums parce que je ne pouvais pas attendre pour en écouter plus. Il a suffit de ce premier clip pour que je devienne fou de ce groupe, que j'en parle à mes amis, à mon chat (?).
Pinback c'est une idée toute simple mais poussée dans ses limites : de la mélodie, encore de la mélodie. C'est le groupe par excellence dont on peut aimer la musique dès les premières secondes d'écoute. Le plus terrible dans tout ça, c'est que ça marche avec tous leurs titres. Pire, à chaque écoute renouvelée, l'effet de surprise passé, chaque titre possède encore ce côté attractif. Je crois tenir le groupe dont je peux écouter chaque chanson cinquante fois d'affilées, avec un plaisir toujours renouvelé.
Le secret ? Deux voix qui se répondent, s'entremêlent, belles mais jamais sirupeuses, chaudes. Surtout, dans chaque morceau, il y a des gimmicks mélodiques dans tous les coins, chaque écoute apporte une découverte. Cette musique est directe, elle touche au but simplement mais, comme si chaque morceau était fait de plusieurs, on la découvre encore et encore, c'est chaque fois nouveau et chaque fois meilleur parce qu'on retrouve ce que l'on aime, couplé à ce que l'on découvre. Et je pense que ça n'a pas de fin. On ne finit pas de découvrir une chanson de Pinback, ce sont des magiciens, des orfèvres, que voulez-vous.
Sans aucune exagération (vous me connaissez...), ce groupe change mon quotidien. Pour commencer, ça donne de l'espoir de voir la tête du guitariste, il est gros, il est poilu et il s'habille comme moi le dimanche quand je reste devant mon ordi à comater. Lorsque je marche dans la rue, écoutant Summer in abaddon, il m'arrive de sourire bêtement, de trouver les gens beaux. Pinback déplace de telles montagnes mélodiques, le fait avec tant de grâce, de finesse, que tout parait possible.
C'est drôle car je connaissais le groupe de nom depuis dix ans, et je n'avais jamais eu la curiosité d'écouter. Je pensais que c'était un groupe de pop indé parmi d'autres. Finalement c'est LE groupe de pop intelligente. Je suis content de m'être réservé cette surprise musicale sans le savoir. Quand je pense que cela ne fait qu'un mois que j'écoute ce groupe, j'ai déjà oublié ce que c'était que d'écouter de la musique sans connaitre Pinback. Étais-je heureux avant cela? Certainement, mais je crois que j'attendais ce groupe sans en avoir conscience.
Je sais maintenant pourquoi je suis cannibale, pour ne pas passer à côté de groupe comme Pinback. C'est la rentrée alors, entre deux courses pour acheter des cahiers, un nouveau sac à main, un costard ou que sais-je encore, arrêtez vous trois petites minutes, écoutez n'importe quelle chanson de Pinback et soyez content d'être là. Le nouvel album s'appelle Information retrieved et sort le 16 octobre prochain, je vous en parlerai forcément. En attendant soyez curieux, cannibales et aimez le mange-disque sur Facebook.
22 août 2012
Les Mathématiques expliquées à mes filles
Vous savez mes enfants que les maths ce n'est pas toujours ce que l'on croit ? Il est temps, maintenant que vous êtes grandes que je vous révèle les secrets sur la matière que vous détestez à l'école. La matière que tout le monde déteste et qui pourtant est la seule chose sur terre qui arrive à me faire danser...
Je me souviens que ça a commencé en 2011, votre père m'a fait écouter le premier disque de Battles, Mirrored, juste avant que le groupe ne sorte Gloss Drop. Quand ce dernier est enfin arrivé dans notre boite aux lettres par un matin de mai et qu'on a pu le mettre dans la platine, des équations fluo ont commencé à danser sur les murs. J'avais envie de porter des grosses lunettes et de me mettre à lire des bouquins de vulgarisations algébriques. Je voyais la liberté dans des additions de chiffres et de symboles. Ce n'était pas nouveau pourtant le Mathrock, mais pour la premier fois c'était fun, dansant, coloré.
Rien que le line-up du groupe me faisait rêver, Ian Williams, ancien de chez Don Caballero et puis surtout John Stanier, batteur sur tous les meilleurs albums d'Helmet et dans les géniaux Tomahawk. Pour la première fois, voir des vidéos live d'un groupe était toujours excitant, alors les voir sur scène, vous imaginez! Quand Ian Williams danse sur scène entre ses synthés, ses pieds dessinent des représentations de fractales...
Le groupe réussissait l'exploit de mélanger l'héritage du rock indé ricain des 90's avec de l'afrobeat, de l'electro, une touche de musique expérimentale. Et le tout n'était jamais pompeux, au contraire, c'était une musique complexe, très travaillée mais elle était directe, rock. Quand vous écoutez le deuxième album pour la première fois, chaque morceau, dès les premières notes, vous donnent le sourire. Et ça sera toujours comme cela par la suite, à chaque écoute, même après l'avoir usé pendant un an. Parfois vous aurez envie de saisir la trame mathématique, les arythmies, de comprendre tout ce que fait chaque instrument. Vous vous perdrez, vous vous rendrez compte que cette musique est aussi dansante que progressive, aussi fun que complexe. Comme si on tenez enfin le groupe pouvant réconcilier les fans de Rush et ceux de l'IDM la plus dancefloor.
Voilà, vous connaissez maintenant le secret des mathématiques. Elles peuvent être un pont entre le geek à grosses lunettes et le fluo kid le plus remuant. Tout cela par la grâce de trois alchimistes hyper inventifs. C'est comme ça que cela s'est passé, du jour au lendemain j'ai trouvé les maths sexy. Incroyable non?
Alors soyez cannibales et, qui sait, un jour, la physique quantique fera peut-être planer des gamins dans des clubs moites...
11 août 2012
Escape from New York
Une Question pour commencer. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que vous aimeriez écouter comme musique si vous étiez un des personnages prisonniers de la ville-prison dans Escape from NY de Carpenter ? Ah ce que j'aimerai être une sorte de hors-la-loi demi-cyberpunk sans moyen vivant sans entrave parmi les restes de la grosse pomme... Pas vous? Et ça serait pas mal de s'écouter le dernier A Place to bury strangers au casque en marchant à travers les débris de la civilisation... Le rêve!
Déjà, j'ai découvert les albums précédents il n'y a que quelques mois, parce qu'avant j'étais perdu dans un visionnage en boucle de la filmographie de Carpenter. Et aussi parce que je partais avec un à priori qu'on a parfois, celui de penser qu'on n'a même pas besoin d'écouter un groupe pour savoir que l'on ne va pas aimer ce qu'il fait. Il suffit qu'on n'aime pas sa gueule, son nom, les gens qui en parlent ou autre et paf, on passe à côté de son groupe préféré. Parce que oui, depuis que j'ai découvert Exploding head (2009), APTBS est mon nouveau groupe fétiche, celui dont j'aime parler avec mes amis ou avec mon chat (?), celui qui me donne envie de remonter un groupe. Et ça, c'est une bonne surprise pour un groupe dont j'avais même pas envie d'écouter la musique. Con que j'étais.
Puis, en juin arriva leur dernier bébé, Worship, venant confirmer tout le bien que je commençais à penser d'eux. J'avoue ne pas m'être pris une aussi grosse claque qu'avec le précédent, la faute à l'effet de surprise passé, à un album moins frontal. Mais attention, n'allait pas croire que j'en dis du mal, worship est juste différent, autre, plus calculé, plus travaillé. C'est un album qu'on peut écouter de nombreuses fois avant de tout cerner, avant de s'y reconnaitre complètement.
Il faut dire que la première fois qu'on entend cette musique et que c'est assez loin de ce qu'on écoute habituellement, c'est déroutant. Déroutant mais terriblement attractif. Pour ma part je me souviens avoir écouté un morceau comme ça pour voir et m'être dit "ouais c'est bizarre mais intéressant". Le truc, c'est que le lendemain j'ai écouté tout Exploding head en boucle pendant toute une soirée et depuis c'est un peu comme ma maison. Ou plutôt comme mon squat quelque part dans un New York de cauchemar, dans lequel Kurt Russell viendrait vider des bouteilles d'alcools de contrebande assis sur des barriques en acier...
"Mais sinon tout ça c'est bien" me direz-vous, "mais ça sonne comment ?" Alors c'est une sorte de savant mélange de cold wave, d'indus, de shoegaze avec peut-être un peu d'EBM mais tout ça garanti sans synthé mais avec l'apport de pédales d'effets maisons (le guitariste-chanteur a une boutique de pédales que toutes les stars s'arrachent). C'est noise, le son apparait comme dilué et en même temps comme si tout était poussé au maximum, avec par dessus tout ça une voix vaporeuse, grave et profonde. Il faut vraiment écouter et prendre le temps pour vraiment pouvoir trouver ça jouissif et ne plus être capable de s'en défaire.
Je ne vous parlerai pas de chaque morceau en particulier même si "Alone", "Mind control", "Fear", "dissolved", "Revenge" et "And I'm up" sont ceux qui ressortent en premier ayant chacun un truc en plus qui saute aux oreilles. La dernière citée est d'ailleurs la plus grosse réussite de cet album, un titre vraiment parfait, direct et évident, beau.
Je ne sais pas si j'ai réussi à vous donner envie de découvrir ce groupe, mais si vous ne le connaissez pas encore, foncez! Vous ne serez pas déçu! Parole de cannibale!
Déjà, j'ai découvert les albums précédents il n'y a que quelques mois, parce qu'avant j'étais perdu dans un visionnage en boucle de la filmographie de Carpenter. Et aussi parce que je partais avec un à priori qu'on a parfois, celui de penser qu'on n'a même pas besoin d'écouter un groupe pour savoir que l'on ne va pas aimer ce qu'il fait. Il suffit qu'on n'aime pas sa gueule, son nom, les gens qui en parlent ou autre et paf, on passe à côté de son groupe préféré. Parce que oui, depuis que j'ai découvert Exploding head (2009), APTBS est mon nouveau groupe fétiche, celui dont j'aime parler avec mes amis ou avec mon chat (?), celui qui me donne envie de remonter un groupe. Et ça, c'est une bonne surprise pour un groupe dont j'avais même pas envie d'écouter la musique. Con que j'étais.
Puis, en juin arriva leur dernier bébé, Worship, venant confirmer tout le bien que je commençais à penser d'eux. J'avoue ne pas m'être pris une aussi grosse claque qu'avec le précédent, la faute à l'effet de surprise passé, à un album moins frontal. Mais attention, n'allait pas croire que j'en dis du mal, worship est juste différent, autre, plus calculé, plus travaillé. C'est un album qu'on peut écouter de nombreuses fois avant de tout cerner, avant de s'y reconnaitre complètement.
Il faut dire que la première fois qu'on entend cette musique et que c'est assez loin de ce qu'on écoute habituellement, c'est déroutant. Déroutant mais terriblement attractif. Pour ma part je me souviens avoir écouté un morceau comme ça pour voir et m'être dit "ouais c'est bizarre mais intéressant". Le truc, c'est que le lendemain j'ai écouté tout Exploding head en boucle pendant toute une soirée et depuis c'est un peu comme ma maison. Ou plutôt comme mon squat quelque part dans un New York de cauchemar, dans lequel Kurt Russell viendrait vider des bouteilles d'alcools de contrebande assis sur des barriques en acier...
"Mais sinon tout ça c'est bien" me direz-vous, "mais ça sonne comment ?" Alors c'est une sorte de savant mélange de cold wave, d'indus, de shoegaze avec peut-être un peu d'EBM mais tout ça garanti sans synthé mais avec l'apport de pédales d'effets maisons (le guitariste-chanteur a une boutique de pédales que toutes les stars s'arrachent). C'est noise, le son apparait comme dilué et en même temps comme si tout était poussé au maximum, avec par dessus tout ça une voix vaporeuse, grave et profonde. Il faut vraiment écouter et prendre le temps pour vraiment pouvoir trouver ça jouissif et ne plus être capable de s'en défaire.
Je ne vous parlerai pas de chaque morceau en particulier même si "Alone", "Mind control", "Fear", "dissolved", "Revenge" et "And I'm up" sont ceux qui ressortent en premier ayant chacun un truc en plus qui saute aux oreilles. La dernière citée est d'ailleurs la plus grosse réussite de cet album, un titre vraiment parfait, direct et évident, beau.
Je ne sais pas si j'ai réussi à vous donner envie de découvrir ce groupe, mais si vous ne le connaissez pas encore, foncez! Vous ne serez pas déçu! Parole de cannibale!
9 août 2012
Le bruit et la fureur
Salut! Je deviens de plus en plus régulier sur ce blog et j'ai surtout de plus en plus d'idées d'articles. Une fois n'est pas coutume, le titre de ce post m'est venu avant de savoir de quoi j'allai parler. Enfin, comme souvent, j'avais quand même envie de vous parler de bruit et puis, si je le pouvais, je ne donnerai que des titres de bouquins de Faulkner à chacun de mes posts. Mais bon faut pas rêver non plus, ça ne marcherai pas. Le but de cet article est de parler de plusieurs groupes Noise qui font l'actu en générale ou simplement celle de ma platine en particulier. Et à part une petite exception américaines, tous les groupes cités sont français. C'est cool de savoir qu'il se passe de si bonnes choses sur la scène indé de notre petit pays pas super rock 'n' roll.
On commence donc par Hawks, super groupe d'Atlanta, donc le dernier disque, pushover, est distribué en Europe par Rejuvenation. Une sorte de condensé du meilleur de la Noise ricaine des 90's mais en plus fou, en plus gras, en plus malade. Ils seront en tournée en France début septembre en compagnie de Café Flesh.
Sans transition... Café Flesh. Lions will no longer be kings, le dernier disque de ce groupe de Jarnac sorti sur Head records est une petite tuerie insidueuse, à base de saxo pour charmer les cochons que nous sommes tous. La tournée commune avec Hawks est également l'occasion de la sortie d'une split sous la forme d'un double 7".
Quelques mots sur Choochooshoeshoot. Leur petit dernier, Playland, est sorti grâce aux efforts conjoints de Rejuvenation et de Kythibong, le label nantais vraiment super cool et à qui l'ont doit beaucoup des meilleurs disques français sortis ces 3 dernières années. Chez Choochooshoeshoot, le propos est punk et rêche, cela est notamment dû à la voix de la chanteuse, habitée, remuante et toujours captivante. J'ai dû prendre le temps de plusieurs écoutes avant de pouvoir me laisser séduire par le côté insidieux des morceaux. Maintenant je suis en passe de devenir dépendant et j'ai peur (héhé).
Encore sur Kythibong, le dernier Fordamage, Volta Desviada, est un de mes préférés de cette petite liste et ce alors même que je ne commence qu'à découvrir ce disque. Je ne connais pas du tout les albums précédents et lorsque j'ai entendu celui-ci pour la première fois, c'est simple, tout m'a séduit, le son de grattes, les alternances entre les voix (les quatre membres chantent), le côté mathy, etc. Je ne peux pas vraiment en dire plus après quelques petites écoutes, mais ce groupe va devenir un de mes préférés. Ce n'est pas tous les jours que ça arrive. Enjoy!
Une nouvelle fois sur Kythibong (eh oui!) et même si ce disque est sorti il y a près de deux ans, Room 204 (avec des mecs de Papaye et Papier tigre) est un groupe qui squatte encore régulièrement ma platine et qui m'étonne toujours. Pourtant ce n'est qu'un duo Guitare-batterie comme il y en a tant. Mais il y a ici des choses en plus, une science du morceau parfait, attractif et déroutant. Il y a certains breaks que j'aimerai pouvoir écouter en boucle pour ne plus jamais les oublier. Ce n'est encore une fois pas tous les jours que l'on tombe sur un groupe aussi riche.
La liste ici présentée est loin d'être un tour d'horizon exhaustif de tous les bons groupes Noise et assimilés en France. Penchez une oreille attentive sur Marvin, Pneu, Komandant cobra, Passe-montagne. Restez curieux, supportez la scène locale et bouffez de la musique, un bon remède contre la monotonie. Cannibalism is the way!
24 juillet 2012
Le Cri
Youpi me revoilou!!
Il n'y a pas si longtemps, je vous avais parlé de Daïtro, groupe emblématique du Screamo à la française. En me replongeant dans d'autres disques proches de ce style, je me suis dit que ça pourrait être bien de faire une sorte de panorama de cette scène, sans être exhaustif (par obligation) ou objectif (par mauvaise fois). Il y a donc des groupes emblématiques dont je ne parlerai pas et d'autres bien moins connus mais dont je vous dirai qu'ils ont sauvé le monde. Oui, oui, et je pèse mes mots.
Déjà, rassurez-vous je ne parle pas ici de musique à mèche pour ados attardés qui s'éclairent à la bougie mais bien d'une musique découlant du HardCore et véhiculant ses idéaux et ses valeurs. Lesquels sont bien éloignés de l'auto-apitoiement pleurnichard et de la prostitution de masse auprès des grosses maisons de disques.
Commençons d'ailleurs par Orchid, ce groupe du Massachusetts sans concession n'a pas plus à voir des mécheux qu'avec Dick Rivers. Leur discours et leur musique sont un affront, un cri de résistance. Ils n'ont sorti que trois albums mais ils sont tous devenus des références, tous publiés par l'excellent Ebullition records. Leur guitariste a par la suite rejoint Ampere, groupe toujours en activité et dont la grosse discographie comporte, outre un seul LP, une quantité de splits avec la fine fleur mondiale de la scène Emo/Screamo (on y retrouve Daïtro). Cela va en énerver certains, mais ce sera tout pour les USA même si j'aimerai dire tout le bien que je pense de Jerome's Dream dont on n'entend jamais parlé et qui pourtant est une comète (1997-2001) dont le passage aura laissé beaucoup de traces. Il existe une disco complète sur deux CD vendue pour rien chez le très bon MusicFearSatan.
Partons maintenant pour l'Europe et plus précisément l'Italie pour parler du grand Raein. Il faut, quand on s'intéresse de près ou de loin à cette scène, écouter avec attention leur excellentissimo Il n'y a pas d'orchestre. Je le dis souvent dans ces pages mais il n'y a pas de mot pour décrire la large palette d'émotions abordées dans ce disque. Il est arrivé à surprendre en étant super bien construit et riche et, dans le même temps, il est empli d'une énergie juvénile simple et direct. Un classique! Un mot rapide sur La Quiete que j’apprécie un peu moins mais qui est un des principaux groupes italiens. On fini avec The Death of Anna Karina, dont la particularité est d'intégrer des sons de claviers et de synthés. Je vous recommande leur premier LP éponyme.
Transition toute trouvée vers la France et The Flying Worker puisqu'ils ont partagé un split 7'' avec The Death of Anna Karina. Le témoignage du groupe rennais est bref, 10 titres en tout, mais au combien intense. Je suis de parti pris mais il me semble bien que c'est un des groupes les plus originaux, avec un son bien à eux et beaucoup de travail sur les ambiances. On ne peut pas omettre de parler d'Amanda Woodward, avec là aussi une originalité dans les sons développés, emprunts de dub et de post-rock. Les textes du groupe de Caen sont aussi très très bien foutus, réfléchis et facilement reconnaissables. Un groupe pas super connu, qui n'a sorti qu'une démo et un 9'', Kiss the Bottle. Il est d'ailleurs, entre autre, constitué d'anciens Flying Worker et Amanda Woodward. C'est un de mes préférés avec des sons bruts de décoffrage et des plans super bien foutus à la batterie.
On part vers le Japon et là ceux qui connaissent au moins un groupe de Screamo connaissent forcément... Envy! Même si depuis quelques années leur son se diversifie vers quelque chose de beaucoup plus post-rock, le chant hurlé est toujours là et toujours aussi reconnaissable. Le groupe est réputé pour ses magnifiques ambiances, pour les cassures superbement amenées entre passages violents et accalmies et les passages de spoken word en japonais. Un groupe qu'il faut voir sur scène, tant ceci est une véritable expérience introspective, quelque chose qui transcende et ce malgré la barrière de la langue. Le groupe existe depuis vingt ans et a déjà sorti cinq LP et une dizaine d'EP et de split, dont un avec les franco-suisses d'Iscariote.
C'est fini pour aujourd'hui. N'hésitez pas à venir m'engueuler en commentaire si votre groupe fétiche manque à l'appel! Stay cannibal and positive...
Il n'y a pas si longtemps, je vous avais parlé de Daïtro, groupe emblématique du Screamo à la française. En me replongeant dans d'autres disques proches de ce style, je me suis dit que ça pourrait être bien de faire une sorte de panorama de cette scène, sans être exhaustif (par obligation) ou objectif (par mauvaise fois). Il y a donc des groupes emblématiques dont je ne parlerai pas et d'autres bien moins connus mais dont je vous dirai qu'ils ont sauvé le monde. Oui, oui, et je pèse mes mots.
Déjà, rassurez-vous je ne parle pas ici de musique à mèche pour ados attardés qui s'éclairent à la bougie mais bien d'une musique découlant du HardCore et véhiculant ses idéaux et ses valeurs. Lesquels sont bien éloignés de l'auto-apitoiement pleurnichard et de la prostitution de masse auprès des grosses maisons de disques.
Commençons d'ailleurs par Orchid, ce groupe du Massachusetts sans concession n'a pas plus à voir des mécheux qu'avec Dick Rivers. Leur discours et leur musique sont un affront, un cri de résistance. Ils n'ont sorti que trois albums mais ils sont tous devenus des références, tous publiés par l'excellent Ebullition records. Leur guitariste a par la suite rejoint Ampere, groupe toujours en activité et dont la grosse discographie comporte, outre un seul LP, une quantité de splits avec la fine fleur mondiale de la scène Emo/Screamo (on y retrouve Daïtro). Cela va en énerver certains, mais ce sera tout pour les USA même si j'aimerai dire tout le bien que je pense de Jerome's Dream dont on n'entend jamais parlé et qui pourtant est une comète (1997-2001) dont le passage aura laissé beaucoup de traces. Il existe une disco complète sur deux CD vendue pour rien chez le très bon MusicFearSatan.
Partons maintenant pour l'Europe et plus précisément l'Italie pour parler du grand Raein. Il faut, quand on s'intéresse de près ou de loin à cette scène, écouter avec attention leur excellentissimo Il n'y a pas d'orchestre. Je le dis souvent dans ces pages mais il n'y a pas de mot pour décrire la large palette d'émotions abordées dans ce disque. Il est arrivé à surprendre en étant super bien construit et riche et, dans le même temps, il est empli d'une énergie juvénile simple et direct. Un classique! Un mot rapide sur La Quiete que j’apprécie un peu moins mais qui est un des principaux groupes italiens. On fini avec The Death of Anna Karina, dont la particularité est d'intégrer des sons de claviers et de synthés. Je vous recommande leur premier LP éponyme.
Transition toute trouvée vers la France et The Flying Worker puisqu'ils ont partagé un split 7'' avec The Death of Anna Karina. Le témoignage du groupe rennais est bref, 10 titres en tout, mais au combien intense. Je suis de parti pris mais il me semble bien que c'est un des groupes les plus originaux, avec un son bien à eux et beaucoup de travail sur les ambiances. On ne peut pas omettre de parler d'Amanda Woodward, avec là aussi une originalité dans les sons développés, emprunts de dub et de post-rock. Les textes du groupe de Caen sont aussi très très bien foutus, réfléchis et facilement reconnaissables. Un groupe pas super connu, qui n'a sorti qu'une démo et un 9'', Kiss the Bottle. Il est d'ailleurs, entre autre, constitué d'anciens Flying Worker et Amanda Woodward. C'est un de mes préférés avec des sons bruts de décoffrage et des plans super bien foutus à la batterie.
On part vers le Japon et là ceux qui connaissent au moins un groupe de Screamo connaissent forcément... Envy! Même si depuis quelques années leur son se diversifie vers quelque chose de beaucoup plus post-rock, le chant hurlé est toujours là et toujours aussi reconnaissable. Le groupe est réputé pour ses magnifiques ambiances, pour les cassures superbement amenées entre passages violents et accalmies et les passages de spoken word en japonais. Un groupe qu'il faut voir sur scène, tant ceci est une véritable expérience introspective, quelque chose qui transcende et ce malgré la barrière de la langue. Le groupe existe depuis vingt ans et a déjà sorti cinq LP et une dizaine d'EP et de split, dont un avec les franco-suisses d'Iscariote.
C'est fini pour aujourd'hui. N'hésitez pas à venir m'engueuler en commentaire si votre groupe fétiche manque à l'appel! Stay cannibal and positive...
10 juillet 2012
Les 120 journées de Sodom part 1
Aujourd'hui, je m'attaque à un résumé, forcément incomplet, de la discographie de Mike Patton. "Mais pourquoi une référence à Sade?" me direz vous, et bien cela me semble assez expressif quand on parle de l'homme qui enfanta un nombre incalculable de groupes, de projets et de collaborations. En résumé, Mike Patton est un libertin artistique, un touche à tout. Il est partout, parfois là où on ne l'attend pas et souvent pour le meilleur. La liste des gens avec qui il a collaboré depuis 20 ou 30 ans donne le vertige, quelques noms : John Zorn, Merzbow, Dub Trio, Sepultura, The Melvins, Dan the automator, Amon Tobin, Norah Jones, Kid Koala, The Young gods, The X-Ecutioners, Trevor Dunn, Trey Spruance, Dave Lombardo, John Stanier, Dillinger Escape plan, Kaada, etc. N'en jetez plus!
Il fait ou a fait parti de : Mr. Bungle, Faith No More, Fantomas, Peeping Tom, Tomahawk. Il a participé à une vingtaine de disques avec John Zorn ( à différents niveaux, de la simple apparition vocale au réel projet de groupe). Il a également sorti trois albums solo et composé quatre B.O.F.
Dans cette première partie, je ne parlerai que de ses principaux groupes, en faisant l'impasse sur Tomahawk que je n'ai pas eu le temps d'assez écouter et sur Faith No More que je n'aime pas trop.
Nous commencerons donc par Mr. Bungle dont je ne possède que l’éponyme et California, mais je pressens que, dès que j'aurai mis la main sur Disco Volante, il faudra que je vous en parle. Entre le premier et California mon cœur balance, ces deux albums sont vraiment différents l'un de l'autre tant sur le plan des ambiances que du contenu musical. Qui est ? Un mélange détonnant de ska, de metal, de funk, de disco, de surf music et de Klezmer sur l'éponyme, mais tout ça un peu façon copier-coller. Sur California, le mélange est arrivé à maturation, tous ces genres sont noyés pour ne former qu'une musique, celle de Mr. Bungle. Cela peut être difficile de mettre des étiquettes, tant sur cet album la musique ne ressemble qu'à du Mr. Bungle. Et c'est jouissif ! Il se dégage de ce disque une ambiance de FreakShow mélancolique par un soir de pleine lune (si si). A écouter avec curiosité.
Et maintenant Fantomas!!!! Je ne possède que The Director's Cut et Suspended Animation mais j'ai jeté une oreille attentive aux deux autres albums que je n'apprécie pas plus que ça.
The Director's Cut est un ensemble de réinterprétations de B.O cultes (Le Parrain, Rosemary's Baby, etc) à la sauce Fantomas. C'est barré, complexe mais toujours très inspiré et bien foutu. Il y a quelques passages magnifiques comme sur le thème du Parrain et de Rosemary's baby. C'est l'album le plus accessible du groupe, tout simplement parce qu'on connait déjà la plupart des B.O qui servent de bases à la musique. Alors que sur les autres albums, on n'a aucun repère. Comme sur Suspended animation dont les titres sont vraiment très très complexes et touffus bien que ne dépassants que rarement les 1 minutes 30. Il faut apprécier les cassures rythmiques, les changements brusques d'ambiances et le côté bruitiste qui se dégage de la musique, mais pour ceux qui apprécient tout cela ce groupe est une véritable référence. Pour les autres, il y a le côté bourrin et métallique de la musique et, bien sûr et principalement, le fun et la drôlerie du côté cartoon de tout ça. A tout cela, il faut ajouter la performance vocale de Mike Patton. Je n'en ai pas parlé depuis le début de cet article mais c'est un chanteur hors pair, dans quelque registre où il décide de se lancer, comme ici où il utilise sa voix comme un instrument à part entière.
De l'organe du gominé Patton nous aurons grandement l'occasion de reparler dans le chapitre 2 de cet article consacré à ces différentes collaborations. D'ici là, devenez ou restez cannibales!
Il fait ou a fait parti de : Mr. Bungle, Faith No More, Fantomas, Peeping Tom, Tomahawk. Il a participé à une vingtaine de disques avec John Zorn ( à différents niveaux, de la simple apparition vocale au réel projet de groupe). Il a également sorti trois albums solo et composé quatre B.O.F.
Dans cette première partie, je ne parlerai que de ses principaux groupes, en faisant l'impasse sur Tomahawk que je n'ai pas eu le temps d'assez écouter et sur Faith No More que je n'aime pas trop.
Nous commencerons donc par Mr. Bungle dont je ne possède que l’éponyme et California, mais je pressens que, dès que j'aurai mis la main sur Disco Volante, il faudra que je vous en parle. Entre le premier et California mon cœur balance, ces deux albums sont vraiment différents l'un de l'autre tant sur le plan des ambiances que du contenu musical. Qui est ? Un mélange détonnant de ska, de metal, de funk, de disco, de surf music et de Klezmer sur l'éponyme, mais tout ça un peu façon copier-coller. Sur California, le mélange est arrivé à maturation, tous ces genres sont noyés pour ne former qu'une musique, celle de Mr. Bungle. Cela peut être difficile de mettre des étiquettes, tant sur cet album la musique ne ressemble qu'à du Mr. Bungle. Et c'est jouissif ! Il se dégage de ce disque une ambiance de FreakShow mélancolique par un soir de pleine lune (si si). A écouter avec curiosité.
Et maintenant Fantomas!!!! Je ne possède que The Director's Cut et Suspended Animation mais j'ai jeté une oreille attentive aux deux autres albums que je n'apprécie pas plus que ça.
The Director's Cut est un ensemble de réinterprétations de B.O cultes (Le Parrain, Rosemary's Baby, etc) à la sauce Fantomas. C'est barré, complexe mais toujours très inspiré et bien foutu. Il y a quelques passages magnifiques comme sur le thème du Parrain et de Rosemary's baby. C'est l'album le plus accessible du groupe, tout simplement parce qu'on connait déjà la plupart des B.O qui servent de bases à la musique. Alors que sur les autres albums, on n'a aucun repère. Comme sur Suspended animation dont les titres sont vraiment très très complexes et touffus bien que ne dépassants que rarement les 1 minutes 30. Il faut apprécier les cassures rythmiques, les changements brusques d'ambiances et le côté bruitiste qui se dégage de la musique, mais pour ceux qui apprécient tout cela ce groupe est une véritable référence. Pour les autres, il y a le côté bourrin et métallique de la musique et, bien sûr et principalement, le fun et la drôlerie du côté cartoon de tout ça. A tout cela, il faut ajouter la performance vocale de Mike Patton. Je n'en ai pas parlé depuis le début de cet article mais c'est un chanteur hors pair, dans quelque registre où il décide de se lancer, comme ici où il utilise sa voix comme un instrument à part entière.
De l'organe du gominé Patton nous aurons grandement l'occasion de reparler dans le chapitre 2 de cet article consacré à ces différentes collaborations. D'ici là, devenez ou restez cannibales!
24 juin 2012
Les Rois du désert
Bon, j'avais promis que je reviendrai vite, que je publierai plus souvent... Promesse d'ivrogne? En réalité pas vraiment, la nouveauté étant que j'ai beaucoup d'idées d'articles et que je passe du temps à choisir de quel groupe je souhaite parler en premier (la bonne excuse).
Cela fait un moment que j'ai envie d'écrire un truc sur les différents groupes de Josh Homme, que je n'ose pas, parce qu'il y a beaucoup de groupes, beaucoup d'albums et que je n'ai pas encore pu tout écouter. En vrac : Kyuss, Queens of The stone age, Eagles of death metal, la série des Desert Sessions, Them Crooked vultures.
Commençons par le commencement. Josh Homme n'a que 14 ans (!) quand ce qui deviendra Kyuss voit le jour en 1987. Ce premier groupe est bien plus marqué par le metal, par Black Sabbath notamment, que ne le seront les futurs projets du grand Roux. Le groupe a sorti 4 albums et quelques splits et Ep. Je ne connais que Blues For the red sun et Welcome To sky Valley. J'ai une grosse préférence pour ce dernier, concentré de groove, lourd et gras, un album où le psychédélisme sonique toujours très présent ne déborde jamais sur la cohésion des morceaux, cela grâce à des riffs magiques et à Scott Reeder, le bassiste qui faisait ici son entrée dans le groupe. Je me trouve bien embarrassé pour parler de ce groupe et encore plus de cet album tant il est important d'écouter, de se plonger dans les brumes et les vapeurs que dégagent ces morceaux, de se laisser happer par leur côté hypnotique. Une sorte de trip au soleil, avec ses potes.
Quand le groupe se sépare, Homme crée (la femme, ahahah. Pardon) Queens of The stone age. Faut-il en dire plus? C'est bien sûr son projet le plus connu, celui qui a eu le plus de succès, qui a aussi été le plus décrié. Le groupe a aujourd'hui sorti 5 albums, tous bons mais jamais pour les mêmes raisons. En effet, beaucoup de choses ont changé entre le premier album éponyme et Era Vulgaris, pour certains pas forcément en bien mais ce qui est certain, c'est que le groupe construit de façon toujours plus fine un son qui lui est propre, un peu moins stoner, un peu plus pop, plus facile. Personnellement, et même si cela n'est pas très original, mes deux favoris sont Rated R et Songs for the deaf. Le souci est que je serai incapable d'en choisir un plutôt que l'autre, le premier pour le côté sulfureux dans les ambiances et plus rentre-dedans musicalement et peut-être aussi pour la richesse des arrangements, le fait qu'il demande qu'on se plonge dedans avant de le saisir, alors que Songs for the deaf est l'archétype de l'album culte, remplit de tubes, facile d'accès, celui qu'on aime dès les premières écoutes et dont on ne peut plus se défaire. Tout le monde connait les refrains de "No one knows" et de "Go with the flow", l'album est direct, sans artifice, pop dans la noblesse du terme. Puis un jour, le roux rencontre un moustachu.
Les aigles du metal de la mort. Yeah baby! Je ne serai pas objectif, j'adore ce groupe, j'adore les voir sur scène même si Josh Homme ne joue que rarement avec eux, ils sont beaux, ils sont drôles et je veux être leur batteur quand je serai grand. Le groupe a pour le moment sorti 3 LP, je ne connais pas le premier parce que je suis faignant. Aussi, encore par fainéantise, et même si j'adore Death by sexy, je ne vous parlerez que de Heart on. Mais attention, j'ai des choses à dire! J'ai découvert le groupe par cet album parce qu'avant j'habitais sur une autre planète, du coup il a une saveur particulière pour moi, il est lié à mon arrivé dans la capitale et à une période cool de ma vie. Le plus simple pour parler de ce disque? Je l'aime tant qu'il me rend tout chose quand je l'écoute. Dès le premier morceau, je pense déjà à la fin du disque et à "Solo flights" et ses paroles explicites dont je conseille la traduction à mes lectrices. J'évite de mettre ce disque pendant des soirées trop arrosées car j'ai un souvenir brumeux d'avoir fait un strip-tease interminable sur ce morceau. Shoking! Mais essayez de l'écouter à plein volume et peut-être qu'à vous aussi il vous prendra l'envie de vous dévêtir.
Entre 97 et 2003, Josh Homme s'enferme régulièrement en studio avec ses potes (la liste vous ferez rêver) pour enregistrer des jams, des reprises et quelques versions alternatives de futurs titres utilisés dans ses autres groupes. De ces sessions seront publiés dix vinyles 10' sous le nom de Desert Sessions, plus tard réédités sur 5 CD, lesquels sont pour la plupart aujourd'hui assez durs à trouver. Je ne connais que le dernier disque, celui qui rassemble les sessions 9 et 10. Il se dégage de ces enregistrements une sensation vraiment très cool, celle de potes qui se retrouvent pour faire la fête et jouer de la musique sans prise de tête, juste pour le plaisir de faire sonner quelques accords. Du coup, le disque est empli d'un côté direct et groove et transpire le plaisir! Les fans pleurent pour qu'il y ait encore d'autres sessions de ce genre, affaire à suivre...
Pour finir, quelques mots sur Them Crooked vultures. Parlons d'abord du rêve, celui que certains ont peut-être fait : voir Josh Homme et Dave Grohl rejouer ensemble et, tiens pourquoi pas accompagner du bassiste de... Led Zeppelin! Rien que ça, LE allstar band par excellence. Une fois la joie passée de savoir qu'on écoute trois bête de l'histoire du rock qui jouent ensemble, que ce passe-t-il? Et bien, il y a cette collection de morceaux rouleaux-compresseurs, aux structures riches et variées (normal quand on a Dave Grohl à la batterie) et on s'en prend plein les oreilles. Notons la présence dans l'ombre d'un certains alain johannes, orfèvre des arrangements et présents sur presque toutes les production de Josh Homme depuis Rated R.
Ce tour d'horizon des projets de Josh Homme ne serait pas complet sans parler de ses participations aux albums de Mondo Generator, Foo Fighters, PJ Harvey, Fatso Jetson, Mark Lanegan Band, Trent Reznor, Masters of Reality, U.N.K.L.E, A Perfect Circle, Mastodon, The Strokes ou son travail de producteur pour les Arctic Monkeys. On peut dire qu'il ne chôme pas et qu'il fait (généralement) preuve de bon goût.
Comme toujours je vous promets de revenir vite! Soyez curieux, ayez envie de musique et restez cannibales!!
Cela fait un moment que j'ai envie d'écrire un truc sur les différents groupes de Josh Homme, que je n'ose pas, parce qu'il y a beaucoup de groupes, beaucoup d'albums et que je n'ai pas encore pu tout écouter. En vrac : Kyuss, Queens of The stone age, Eagles of death metal, la série des Desert Sessions, Them Crooked vultures.
Commençons par le commencement. Josh Homme n'a que 14 ans (!) quand ce qui deviendra Kyuss voit le jour en 1987. Ce premier groupe est bien plus marqué par le metal, par Black Sabbath notamment, que ne le seront les futurs projets du grand Roux. Le groupe a sorti 4 albums et quelques splits et Ep. Je ne connais que Blues For the red sun et Welcome To sky Valley. J'ai une grosse préférence pour ce dernier, concentré de groove, lourd et gras, un album où le psychédélisme sonique toujours très présent ne déborde jamais sur la cohésion des morceaux, cela grâce à des riffs magiques et à Scott Reeder, le bassiste qui faisait ici son entrée dans le groupe. Je me trouve bien embarrassé pour parler de ce groupe et encore plus de cet album tant il est important d'écouter, de se plonger dans les brumes et les vapeurs que dégagent ces morceaux, de se laisser happer par leur côté hypnotique. Une sorte de trip au soleil, avec ses potes.
Quand le groupe se sépare, Homme crée (la femme, ahahah. Pardon) Queens of The stone age. Faut-il en dire plus? C'est bien sûr son projet le plus connu, celui qui a eu le plus de succès, qui a aussi été le plus décrié. Le groupe a aujourd'hui sorti 5 albums, tous bons mais jamais pour les mêmes raisons. En effet, beaucoup de choses ont changé entre le premier album éponyme et Era Vulgaris, pour certains pas forcément en bien mais ce qui est certain, c'est que le groupe construit de façon toujours plus fine un son qui lui est propre, un peu moins stoner, un peu plus pop, plus facile. Personnellement, et même si cela n'est pas très original, mes deux favoris sont Rated R et Songs for the deaf. Le souci est que je serai incapable d'en choisir un plutôt que l'autre, le premier pour le côté sulfureux dans les ambiances et plus rentre-dedans musicalement et peut-être aussi pour la richesse des arrangements, le fait qu'il demande qu'on se plonge dedans avant de le saisir, alors que Songs for the deaf est l'archétype de l'album culte, remplit de tubes, facile d'accès, celui qu'on aime dès les premières écoutes et dont on ne peut plus se défaire. Tout le monde connait les refrains de "No one knows" et de "Go with the flow", l'album est direct, sans artifice, pop dans la noblesse du terme. Puis un jour, le roux rencontre un moustachu.
Les aigles du metal de la mort. Yeah baby! Je ne serai pas objectif, j'adore ce groupe, j'adore les voir sur scène même si Josh Homme ne joue que rarement avec eux, ils sont beaux, ils sont drôles et je veux être leur batteur quand je serai grand. Le groupe a pour le moment sorti 3 LP, je ne connais pas le premier parce que je suis faignant. Aussi, encore par fainéantise, et même si j'adore Death by sexy, je ne vous parlerez que de Heart on. Mais attention, j'ai des choses à dire! J'ai découvert le groupe par cet album parce qu'avant j'habitais sur une autre planète, du coup il a une saveur particulière pour moi, il est lié à mon arrivé dans la capitale et à une période cool de ma vie. Le plus simple pour parler de ce disque? Je l'aime tant qu'il me rend tout chose quand je l'écoute. Dès le premier morceau, je pense déjà à la fin du disque et à "Solo flights" et ses paroles explicites dont je conseille la traduction à mes lectrices. J'évite de mettre ce disque pendant des soirées trop arrosées car j'ai un souvenir brumeux d'avoir fait un strip-tease interminable sur ce morceau. Shoking! Mais essayez de l'écouter à plein volume et peut-être qu'à vous aussi il vous prendra l'envie de vous dévêtir.
Entre 97 et 2003, Josh Homme s'enferme régulièrement en studio avec ses potes (la liste vous ferez rêver) pour enregistrer des jams, des reprises et quelques versions alternatives de futurs titres utilisés dans ses autres groupes. De ces sessions seront publiés dix vinyles 10' sous le nom de Desert Sessions, plus tard réédités sur 5 CD, lesquels sont pour la plupart aujourd'hui assez durs à trouver. Je ne connais que le dernier disque, celui qui rassemble les sessions 9 et 10. Il se dégage de ces enregistrements une sensation vraiment très cool, celle de potes qui se retrouvent pour faire la fête et jouer de la musique sans prise de tête, juste pour le plaisir de faire sonner quelques accords. Du coup, le disque est empli d'un côté direct et groove et transpire le plaisir! Les fans pleurent pour qu'il y ait encore d'autres sessions de ce genre, affaire à suivre...
Pour finir, quelques mots sur Them Crooked vultures. Parlons d'abord du rêve, celui que certains ont peut-être fait : voir Josh Homme et Dave Grohl rejouer ensemble et, tiens pourquoi pas accompagner du bassiste de... Led Zeppelin! Rien que ça, LE allstar band par excellence. Une fois la joie passée de savoir qu'on écoute trois bête de l'histoire du rock qui jouent ensemble, que ce passe-t-il? Et bien, il y a cette collection de morceaux rouleaux-compresseurs, aux structures riches et variées (normal quand on a Dave Grohl à la batterie) et on s'en prend plein les oreilles. Notons la présence dans l'ombre d'un certains alain johannes, orfèvre des arrangements et présents sur presque toutes les production de Josh Homme depuis Rated R.
Ce tour d'horizon des projets de Josh Homme ne serait pas complet sans parler de ses participations aux albums de Mondo Generator, Foo Fighters, PJ Harvey, Fatso Jetson, Mark Lanegan Band, Trent Reznor, Masters of Reality, U.N.K.L.E, A Perfect Circle, Mastodon, The Strokes ou son travail de producteur pour les Arctic Monkeys. On peut dire qu'il ne chôme pas et qu'il fait (généralement) preuve de bon goût.
Comme toujours je vous promets de revenir vite! Soyez curieux, ayez envie de musique et restez cannibales!!
30 mai 2012
echoes from the sonic youth
Je n'avais pas spécialement prévu cela mais je tiens aujourd'hui à vous parler d'un groupe que j'apprécie particulièrement pour différentes raisons, parfois extra musicales : Daïtro. Le groupe se forme à Lyon autour de 1999 et se sépare en 2009, bien qu'il donne encore quelques concerts de façon ponctuelle comme cela est le cas cette année. Sur cette période de 10 ans, Daïtro sort deux 7'', un EP, quatre splits et deux albums, vous pouvez en trouver le détail sur Discogs.
Je vais me concentrer ici sur les deux LP, en commençant par Laissez vivre les squelettes. Cet album, sorti en 2005 est aujourd'hui un classique du screamo puisque c'est bien de ce style musical qu'il s'agit ici. Mais Daïtro sait y mettre ce qu'il faut de personnalité et d'émotion pour échapper aux clichés, nombreux, relatifs au genre. La musique et les thématiques du disque sont assez sombres, en témoigne le titre "Trois murs pour la salle de torture " qui est une mise en musique d'un poème d'un prisonnier palestinien. Mais malgré certains thèmes difficiles abordés de manière frontale, il se dégage de la musique du groupe une sorte d'espoir, comme la conscience d'une lumière au bout du tunnel. Le fait que chaque émotion soit retranscrite de manière extrême, à fleur de peau, fait ressortir de l'écoute de ce disque avec la sensation d'être vivant, d'avoir goûter à quelque-chose d'humainement puissant. Car ici la violence n'est jamais gratuite ou démonstrative mais bien au service de sensations, d'impressions et de messages même si ces derniers restent assez opaques. Un album au premier abord pas simple à apprécier mais qui, au fil des écoutes, se révèle riche en ambiances, en mélodies et déclencheur de réflexions sur des sujets susceptibles de tous nous toucher à divers degrés.
Passons maintenant au dernier LP, Y. Ce disque a une place importante pour moi car c'est avec cet album que j'ai découvert Daïtro et que j'ai commencé à m'intéresser plus profondément à la scène screamo et emo-hardcore. Il est aussi intimement lié à une période importante de ma vie mais cela tout le monde s'en fout et heureusement (Le Mange-disque cannibale n'ayant pas vocation à être un blog narcissique pour raconter ma vie mais juste à parler de musique). Je pense que ceci est malgré tout important à dire car cet album a une dimension émotionnelle, autant dans les textes que dans la musique, qui frappe l'auditeur et le marque durablement. Les textes sont tout à la fois brutes et porteurs d'une sorte de poésie de l'instant, ils arrivent à être engagés tout en étant intimes et beaucoup plus lumineux que sur les précédentes productions du groupe. Musicalement, la richesse mélodique et rythmique au service des ambiances et du propos de l'album crée un ensemble de morceaux peu vu dans ce style musicale. D'ailleurs, peut-on encore ici parler de screamo ou d'emo sans être terriblement réducteur voire même passer à côté du contenu? Chaque titre développe tour à tour des ambiance math-rock (magnifique pont sur le 7e morceau), noise ou punk sans que cela n'entame la cohésion très forte de l'album. Les références, comme celle au groupe La Rumeur, qui surgissent tout au long des textes sont aussi au service d'un propos riche et construit dans lequel Daïtro nourrit son identité propre. Je pourrai parler des heures de chaque texte, de leur échos philosophiques et de la dimension contemplative de certaines mélodies mais je vous laisse les découvrir par vous-même. En espérant vous avoir donné l'envie de vous pencher sur ce groupe vraiment passionnant.
Le groupe étant splitté, ses membres sont actifs dans plusieurs formations cools comme Bâton Rouge, 12XU ou encore Ancre. jetez une oreille curieuse à tout cela et restez cannibales!
Je vais me concentrer ici sur les deux LP, en commençant par Laissez vivre les squelettes. Cet album, sorti en 2005 est aujourd'hui un classique du screamo puisque c'est bien de ce style musical qu'il s'agit ici. Mais Daïtro sait y mettre ce qu'il faut de personnalité et d'émotion pour échapper aux clichés, nombreux, relatifs au genre. La musique et les thématiques du disque sont assez sombres, en témoigne le titre "Trois murs pour la salle de torture " qui est une mise en musique d'un poème d'un prisonnier palestinien. Mais malgré certains thèmes difficiles abordés de manière frontale, il se dégage de la musique du groupe une sorte d'espoir, comme la conscience d'une lumière au bout du tunnel. Le fait que chaque émotion soit retranscrite de manière extrême, à fleur de peau, fait ressortir de l'écoute de ce disque avec la sensation d'être vivant, d'avoir goûter à quelque-chose d'humainement puissant. Car ici la violence n'est jamais gratuite ou démonstrative mais bien au service de sensations, d'impressions et de messages même si ces derniers restent assez opaques. Un album au premier abord pas simple à apprécier mais qui, au fil des écoutes, se révèle riche en ambiances, en mélodies et déclencheur de réflexions sur des sujets susceptibles de tous nous toucher à divers degrés.
Passons maintenant au dernier LP, Y. Ce disque a une place importante pour moi car c'est avec cet album que j'ai découvert Daïtro et que j'ai commencé à m'intéresser plus profondément à la scène screamo et emo-hardcore. Il est aussi intimement lié à une période importante de ma vie mais cela tout le monde s'en fout et heureusement (Le Mange-disque cannibale n'ayant pas vocation à être un blog narcissique pour raconter ma vie mais juste à parler de musique). Je pense que ceci est malgré tout important à dire car cet album a une dimension émotionnelle, autant dans les textes que dans la musique, qui frappe l'auditeur et le marque durablement. Les textes sont tout à la fois brutes et porteurs d'une sorte de poésie de l'instant, ils arrivent à être engagés tout en étant intimes et beaucoup plus lumineux que sur les précédentes productions du groupe. Musicalement, la richesse mélodique et rythmique au service des ambiances et du propos de l'album crée un ensemble de morceaux peu vu dans ce style musicale. D'ailleurs, peut-on encore ici parler de screamo ou d'emo sans être terriblement réducteur voire même passer à côté du contenu? Chaque titre développe tour à tour des ambiance math-rock (magnifique pont sur le 7e morceau), noise ou punk sans que cela n'entame la cohésion très forte de l'album. Les références, comme celle au groupe La Rumeur, qui surgissent tout au long des textes sont aussi au service d'un propos riche et construit dans lequel Daïtro nourrit son identité propre. Je pourrai parler des heures de chaque texte, de leur échos philosophiques et de la dimension contemplative de certaines mélodies mais je vous laisse les découvrir par vous-même. En espérant vous avoir donné l'envie de vous pencher sur ce groupe vraiment passionnant.
Le groupe étant splitté, ses membres sont actifs dans plusieurs formations cools comme Bâton Rouge, 12XU ou encore Ancre. jetez une oreille curieuse à tout cela et restez cannibales!
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